Victim blaming : une inversion de culpabilité dangereuse

« Je suis désolée de ce qui t’est arrivé. Mais pourquoi tu as mis une jupe si courte aussi ?« . Le victim blaming, c’est ça. C’est lorsque la victime d’une agression devient la méchante. Lorsque, sous la forme d’un message de soutien, on pointe finalement du doigt la victime d’un acte criminel ou d’un accident comme étant responsable de ce qui lui est arrivé. Il y a quelques jours, nous avons été touché par le court-métrage d’Emeric Gallego, un de nos lecteurs. Ce mini film nous a fait froid dans le dos, tant le phénomène de « victim blaming » est exposé de façon criante. On vous le fait découvrir.

« Personne ne devrait culpabiliser d’être victime d’une agression »

Cela fait un moment que l’idée le titille. Et le confinement devient finalement la période idéale pour permettre à Emeric d’exprimer ses idées. Ayant déjà subi le victim blaming, il décide de créer un scénario. Il s’inspire de ce qui est arrivé à une proche, tout en changeant le prénom, la date et le contexte. Rebecca se fait agresser le soir du Nouvel An en rentrant chez elle après une soirée clandestine.

Tout comme la personne qu’il connaît, Rebecca reçoit une vidéo de soutien de la part de ses proches alors qu’elle se trouve à l’hôpital. Au lieu de s’insurger et d’apporter pleinement leur soutien à leur amie, les protagonistes de la vidéo versent peu à peu dans l’accusation et la culpabilisation de l’agressée. On assiste, effaré·e·s, à un discours où Rebecca passe de victime à bourreau :

« Les discours d’accusation doivent cesser. Et avec ce film, je voulais absolument dénoncer ce procédé qui s’est complètement banalisé. J’avais besoin de le montrer de la manière la plus simple et réaliste. C’est pour cela que le spectateur est Rebecca, pour qu’il comprenne l’horreur de propos qui se croient gentils. Le victim blaming est encore bien trop présent. Personne ne devrait culpabiliser d’être victime d’une agression, d’une mauvaise rencontre ou pire. »

Sans plus attendre, on vous laisse découvrir le court-métrage poignant « Bon rétablissement Rebecca », réalisé par Emeric Gallego avec un téléphone portable et la collaboration de plusieurs ami·e·s comédien·ne·s :

« Quand vous blamez la victime, vous vous rangez du côté de l’agresseur·se »

Le victim blaming peut ainsi prendre divers formes. On peut dire à la victime que c’est sa faute à cause de sa tenue (jupe courte, décolleté plongeant). On peut lui dire qu’elle avait bu ou pris de la drogue ce soir-là et qu’elle l’a donc cherché. On peut lui dire qu’elle flirtait avec la personne qui l’a agressée. Ou encore on peut lui dire que ce n’est pas si grave ce qui s’est passé, que c’était « juste des attouchements/caresses/baisers ».

NON ! Une mini jupe ne justifie pas une agression. Rentrer chez soi en pleine nuit ne justifie pas une agression. Un décolleté voyant ne justifie pas une agression. Le fait de rentrer seule ne justifie pas une agression ! Un regard ne justifie pas une agression. RIEN ne justifie une agression verbale ou physique ! Il est très important de communiquer là-dessus car cela participe à la culture du viol.

On la dénonce ouvertement, on en parle énormément, surtout ces derniers temps, et malgré tout, certaines personnes persistent à dire que cette culture du viol n’existe pas. Or cette façon de penser peut peser lourdement sur la victime. Alors si vous connaissez une personne en proie au victim blaming, surtout, rassurez-là. Dites-lui que ce terme existe bel et bien et montrez-lui cet article, ce court-métrage, au besoin.

Le victim blaming, il faut que ça cesse !

Dites-lui de cesser de culpabiliser et que la honte ne doit surtout pas changer de camps ! Si ses proches la culpabilise, ce sont eux qui ont un problème et non pas l’inverse. On voit encore beaucoup trop de jeunes, notamment des filles, dire ouvertement que « finalement, tout ceci est peut-être de ma faute« .

Et si vous êtes tenté·e·s de dire à un·e proche victime que c’est « peut-être de sa faute« , réfléchissez-y à deux fois. Aimeriez-vous que l’on vous serve la même chose si vous aviez été victime d’un tabassage en règle ou d’un viol ? Pensez-vous réellement qu’un vêtement, du maquillage, ou le fait de rentrer seul·e justifie que l’on se fasse insulter, frapper voire agresser sexuellement ? Oseriez-vous dire à votre propre enfant, à votre soeur, à votre frère, ou à votre meilleur·e ami·e que c’est sa faute si il·elle a subi une agression ? On espère pour vous que la réponse est non…

Il est bien temps de dire stop au victim blaming ! À cette inversion de culpabilité dangereuse !

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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