Demander à des parents de débourser plus de 1 000 euros pour récupérer les dessins crayonnés par leurs propres enfants ? Oui, vous avez bien lu. C’est ce qu’a osé une crèche australienne, le tout, sous prétexte d’une « collecte de fonds ». L’affaire, révélée en France par Le Parisien, a fait l’effet d’une bombe. Et pour cause : derrière les gribouillis pleins de tendresse, c’est tout un système de garde d’enfants en crise qui se révèle.
Des dessins… à prix d’or
Imaginez la scène : des parents qui viennent chercher les œuvres de leur bambin, fiers de ramener à la maison ces petits trésors de papier. Sauf qu’à la place, on leur annonce que le chef-d’œuvre de Timéo ou de Chloé ne sera remis qu’après un paiement de 2 200 dollars australiens (environ 1 200 euros). Oui, c’est bien le prix d’un week-end à la mer…
Le centre d’accueil, affilié à la Creche and Kindergarten Association (C&K), a justifié l’opération par « un besoin urgent d’argent ». Les portfolios vendus devaient, selon la direction, permettre « de rembourser des dettes et de payer des salaires en retard ». Chaque portfolio comprenait une sélection d’œuvres, quelques photos d’enfants en pleine création, et beaucoup de promesses d’émotion. Bref, un mélange de souvenirs et de génie artistique en format A4. Sauf que la magie n’a pas pris. Les familles ont rapidement crié au scandale, dénonçant une forme de « chantage affectif ».
Une gestion contestée
Pour ajouter à la confusion, la crèche a récemment changé de direction. Le comité bénévole qui gérait les lieux – composé de parents et de membres de la communauté – a été dissous. À sa place, une équipe nouvellement installée a pris les commandes, décidant de licencier tout le personnel existant pour le remplacer par des travailleurs précaires. Autant dire que l’ambiance n’était déjà pas au beau fixe. L’affaire des dessins n’a fait qu’enflammer les tensions.
Une mère, ulcérée, a même tenté de récupérer le portfolio de son fils sans participer à la vente. La direction a aussitôt signalé l’incident à la police. Oui, la police ! Pour un dessin d’enfant. De quoi donner l’impression que les œuvres d’art de ces petits Picasso valaient de l’or. « C’est ridicule, absolument ridicule », a-t-elle déclaré à la télévision australienne.
Quand la polémique prend de l’ampleur
Et comme dans tout bon feuilleton, un nouveau rebondissement n’a pas tardé : la police du Queensland a confirmé avoir reçu un signalement pour une prétendue effraction dans la crèche. De là à imaginer un parent désespéré en mission de sauvetage nocturne pour libérer les dessins de son enfant, il n’y a qu’un pas que certains internautes se sont empressés de franchir.
Devant le tollé, le ministère de l’Éducation du Queensland et la Creche and Kindergarten Association ont fini par intervenir. Ils ont par la suite annoncé avoir récupéré l’ensemble des œuvres pour les restituer gratuitement aux familles. Fin de l’épisode ? Pas tout à fait. Car si les parents ont retrouvé les précieux dessins, la confiance, elle, a été sérieusement ébranlée.
Derrière les dessins, un problème plus profond
Au-delà de la polémique, cette histoire révèle une réalité plus profonde : celle d’un secteur de la petite enfance à bout de souffle. Des crèches qui ferment, des éducateurs sous-payés, des directions dépassées. Quand les crayons de couleur deviennent monnaie d’échange, c’est qu’il y a un problème bien plus grand que quelques taches de gouache sur une feuille…
En définitive, dans un monde où tout semble avoir un coût, il est réconfortant de se rappeler que les plus belles choses – un sourire, un dessin, une tache de peinture sur une petite main – valent bien plus que 1 200 euros. Et qu’aucune crèche, aussi désespérée soit-elle, ne devrait jamais oublier cela.