Esport : seulement 15 % de femmes dans les compétitions

Elles représentent quasiment la moitié des joueurs de jeux vidéo dans le monde. Et pourtant, les femmes ne sont que 15 % à tenter les compétitions de esport. Pourquoi sont-elles si sous-représentées parmi les professionnels et semi-professionnels du sport en ligne ? Pourquoi, malgré une mixité affichée, les femmes sont-elles encore victimes de sexisme dans le monde du jeu vidéo professionnel ? C’est le dossier de la rédaction.

Esport : une hygiène de sportif.ve de haut niveau

La pandémie et les multiples confinements que nous venons de vivre ont démultiplié le nombre de joueur.euse.s confirmé.e.s de jeux vidéo. Selon Lefigaro.fr, les ventes ont même atteint le montant de 10 milliards de dollars pour le mois de mars 2020. Soit environ 9,6 milliards d’euros. Un record absolu. Parmi tou.te.s ces joueur.euse.s, on dénombre quasiment la moitié de femmes.

Face à l’engouement pour le jeu vidéo, celui-ci s’est transformé en véritable pratique professionnelle. Tous comme les sportifs de haut niveau, ceux.celles qu’on appelle les gamer.euse.s ont une hygiène de vie très stricte. Il.elle.s s’entraînent plusieurs heures par semaine, font attention à leur alimentation et pratiquent une activité physique régulière. Il.elle.s ont même des sponsors, des clubs, des mentors.

Comme dans toute compétition, des championnats ont lieu. On pense par exemple à la dixième édition des « Worlds », qui aura lieu en Chine du 25 septembre au 31 octobre 2021. On y verra s’affronter, entre autres, des expert.e.s du célèbre jeu en ligne « League of Legends ». Et force est de constater que les femmes se compteront sur les doigts d’une main. Même constat pour des compétitions un peu moins « haut de gamme ». Elles ne représentent que 5 % des participant.e.s dans les compétitions en réseau local par exemple.

Le jeu vidéo marketé pour les garçons

Tous réseaux confondus, on ne compterait ainsi que 12 % de esportives en France. Car même lorsqu’elles parviennent à se faire une place dans ce milieu historiquement masculin, elles sont victimes de sexisme. Railleries, remarques sur leur capacité à être aussi douée qu’un joueur, insultes… on en passe et des meilleures. La joueuse est sans cesse comparée au joueur. Étrange puisqu’on a bien compris qu’en esport, les différences physiologiques n’ont pas voix au chapitre, contrairement au sport traditionnel.

Selon Nicolas Besombes, vice-président de France Esports et docteur en science du sport, la première barrière est sociétale et s’ancre encore et toujours dans les stéréotypes :

« Historiquement, la jeu vidéo a été marketé par les garçons et pour les garçons. Dans les années 1990, la première génération de joueurs était majoritairement masculine.  Aujourd’hui encore, les joueuses sont promises aux rôles que certains s’imaginent être plus « féminins », de type « support ». Le nom donné à ces personnages qui se fondent dans le collectif et jouent avant tout pour l’équipe. Ces rôles sont souvent plus éloignés des combats. Ils aident leurs coéquipiers en les soignant ou en les assistant. Mais surtout en faisant en sorte que l’équipe fonctionne bien. »

Oui oui, le syndrome de l’infirmière jusque dans les jeux vidéo. À ceci près que cette fois-ci, on l’impose aux gameuses.

Femmes dans le esport : un faire-valoir et un outil de communication ?

Étant donné le peu d’importance entre la physionomie masculine et féminine dans l’univers du esport, la mixité est de plus en plus promue. Notamment à travers certaines associations comme Women in game France, créée en septembre 2017. Servane Fischer, ancienne joueuse professionnelle, et désormais au service juridique esport chez Ubisoft, explique :

« Il ne faut pas que la femme ne soit qu’un faire-valoir, un outil de communication. Notre travail est de longue haleine : nous prenons chaque avancée comme elle vient. La plus grande victoire serait de voir des spectateurs qui soient fans de femmes qui jouent. Et qui ne s’intéressent qu’au niveau ou au charisme d’un.e joueur.euse, indépendamment de son sexe ».

Globalement, elle se souvient d’un milieu machiste qui s’évertue à trouver des prétextes pour ne pas donner leur chance aux gameuses. À l’époque, l’esport n’en est qu’à ses balbutiements. Mais 10 ans plus tard, les marques sont toujours frileuses lorsqu’il s’agit de sponsoriser une joueuse professionnelle de jeux vidéo. Si on commence à voir quelques publicités intégrant des femmes, le marketing du jeu vidéo a encore de sacrés progrès à faire :

« Il y a une certaine méfiance à l’idée d’y intégrer des femmes. Comme si cela présentait « un risque » quelconque pour les développeurs ou les organisateurs d’événements. »

Vous le constatez, que ce soit dans l’univers du travail, du sport et même du esport, il reste encore beaucoup de travail pour éradiquer le sexisme. Souhaitons à toutes les gameuses professionnelles de la réussite pour qu’enfin, leur talent soit reconnu à leur juste valeur. Et pas proportionnellement à leurs attributs de genre ou de sexe.

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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