Charge mentale des femmes qui explose à Noël : comment la réduire ?

Ah Noël, ce doux moment de communion où toute la famille se réunit gaiement autour d’un bon repas. Chacun.e ravi.e d’ouvrir ses cadeaux, au pied d’un beau sapin joliment décoré. Le décor est féerique… sauf que la charge mentale des femmes n’y est pas pour rien (merci le patriarcat). Il n’y a pas que de la magie en cette fin d’année.

40 % des femmes déclarent être angoissées par les Fêtes de fin d’année

S’il peut paraître étrange que quelqu’un ne soit pas touché par la féerie de Noël, pire encore, qu’il existe des personnes anxieuses à l’approche de Noël, c’est pourtant bien le cas. Et ce sont majoritairement des femmes. En effet, une étude IPSOS pour Qare nous apprend que 40 % des femmes se sentent angoissées à l’arrivée des Fêtes de fin d’année.

Parmi elles, 53 % sont des mères de famille de 35 à 54 ans. Cela n’est pas tant surprenant que ça puisque Noël ne fait que mettre en exergue la charge mentale qui repose habituellement sur les femmes. Si les hommes peuvent aussi être sujets à cette charge, ce n’est que dans une moindre mesure en comparaison.

Reprenons en effet ensemble les bases. La charge mentale revient au fait de devoir penser simultanément à des choses venant d’espaces différents (travail, santé, famille, maison, émotions, etc.). Les hommes sont aussi sujets à cette charge, mais généralement, elle ne touche que le travail. Alors évidemment, Noël n’arrange rien. Les femmes se retrouvent acculées sous le poids de l’organisation : le repas, les cadeaux, la maison, etc. Cela prend la forme d’une évidence parce que dans l’inconscient collectif modulé par la société, l’espace domestique appartient aux femmes. Aurélia Schneider l’illustre parfaitement dans son ouvrage « La charge mentale des femmes, et celle des hommes« .

Devoir s’occuper de tous les cadeaux

Pour les cadeaux, c’est facile, si vous êtes une femme : il y a 95 % de chances que cela vous incombe (selon une étude réalisée par Le Journal des femmes et CCM Benchmark Institut). Vous devez penser aux cadeaux que vous offrirez aux enfants, à votre famille et votre belle-famille. Attention aussi à noter quelques idées pour que ces dernières sachent quoi offrir à vos enfants.

Moralité, il faut se creuser les méninges pour trouver LE cadeau parfait, pas question de décevoir. À l’évidence, vous devrez aussi vous charger des achats, de l’emballage et de la cachette.

Être l’hôte, le comble de la charge mentale

Si Noël se déroule chez vous cette année, vous allez devoir probablement répéter les mêmes tâches domestiques habituelles, mais elles seront décuplées. Avant la soirée, il vous faudra tout nettoyer et ranger de fond en comble. Il faudra aussi s’assurer que chacun.e ait un couvert et une chaise.

Et puis le lendemain, vous ferez machine arrière. Tout remettre à sa place, ranger, nettoyer, trier les déchets et les restes. Rien que d’y penser, nous avons le tournis !

Mettre les petits plats dans les grands à Noël ?

Un sondage réalisé pour La Boulangère en 2017 révèle que 88 % des femmes se sentent responsables de l’élaboration des repas contre 62 % des hommes. Alors, une nouvelle tâche s’ajoute à la liste des nombreuses déjà présentes. Il faut cette fois-ci penser au menu, en prenant en compte les préférences alimentaires de tout le monde.

Puis, il faut se réserver du temps pour acheter les ingrédients et cuisiner. Enfin, vous devez en tant que femme répartir le champagne, le fromage et le dessert entre vos convives, et bien sûr, le leur rappeler la veille.

Une soirée (presque) magique

Maintenant que vous avez tout géré d’une main de maître, la maison est propre, le plat mijote tranquillement sur la cuisinière, la table est mise et les cadeaux sont emballés, place à la soirée. Enfin pas vraiment pour vous, puisque ce sera une soirée sans répit… Vous commencerez par débarrasser vos invité.e.s, leur servir à boire, installer l’apéritif dans un vrai bal incessant.

Ce sera évidemment la même rengaine pour le repas. Débarrasser les assiettes sales, remettre le couvert, apporter les plats et boissons, tout servir, bien sûr. Et cette valse entre la salle à manger et la cuisine ne cessera qu’au départ des invité.e.s. Enfin, si nous faisons fi du grand ménage qui vous attend ensuite.

Comment réduire sa charge mentale à Noël ?

Vous l’aurez compris, la période des Fêtes est loin d’être réjouissante pour tout le monde puisqu’elle amplifie la charge mentale que les femmes subissent déjà.

Apprendre à déléguer

Cela peut paraitre facile à dire, mais ça n’est pourtant pas moins juste. En déléguant, vous faites le choix de ne plus penser à une tâche dans son entièreté. Et même si subsiste le risque que ce ne soit pas parfaitement réalisé, le jeu en vaut la chandelle.

En questionnant vos priorités, vous pouvez déterminer quelles tâches vous plaisent plus ou moins et passer le relais à quelqu’un d’autre. Il n’y a pas de raison pour que vous fassiez tout ce qui vous déplaît. Attention à ne pas confondre avec le fait de demander de l’aide, car dans ce cas, vous restez investi.e dans la tâche.

Tirer au sort

Qu’il s’agisse des cadeaux ou du repas, vous pouvez mettre en place un tirage au sort. Au sujet des cadeaux, vous n’aurez plus à réfléchir à un cadeau par personne. Et pour le repas, vous pouvez communément décider que la personne qui accueille le repas ne cuisine pas et que ce sont les invité.e.s qui apportent chacun.e une partie du repas de Noël.

Faire la grève de Noël

On lit de plus en plus ces témoignages sur les réseaux sociaux. Des femmes qui ont simplement décidé de faire la grève de Noël. Cela peut aller du choix de ne pas s’occuper des cadeaux de la belle-famille à celui de ne rien gérer du tout. Ces femmes racontent que si elles sont souvent jugées par leur proche, cela les décharge d’un grand poids.

Sur Instagram, Léonie, du compte @roger_la_ptite_soeur explique par exemple qu’elle fait la grève lors des Noëls avec sa belle-famille (mais aussi pour les anniversaires, rendez-vous médicaux, lessives, papiers, etc.). La première année, elle est donc arrivée sans présents pour sa belle-famille.

« J’avais déjà fait la grève l’an dernier. Personne n’avait eu de cadeaux. On était arrivés au réveillon les mains vides alors que chacun.e avait participé au repas. Oui, j’avais été mal à l’aise. Oui je suis sûre que tout le monde s’est demandé pourquoi JE n’avais pas fait de cadeaux, pourquoi JE n’avais rien cuisiné. »

Alors que les célébrations de fin d’année sont empreintes de joie et de traditions, il est essentiel de reconnaître la charge mentale qui pèse d’autant plus sur les épaules des femmes pendant cette période. La magie des Fêtes de fin d’année ne doit pas reposer que sur les femmes !

Charlotte Vrignaud
Charlotte Vrignaud
En tant que journaliste spécialisée dans les médias et la culture, mon quotidien est une aventure passionnante au cœur de l'évolution culturelle et médiatique de notre époque. Mon rôle consiste à décrypter et à partager les tendances émergentes, les innovations et les récits captivants qui façonnent notre société.
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