Pourquoi certaines personnes n’aiment pas Noël et les fêtes de fin d’année ?

Pendant que la planète entière chante à tue-tête l’hymne pop de Noël « All I want for Christmas », certaines personnes seraient prêtes à hiberner tout le mois de décembre juste pour passer la saga boules écarlates et repas à rallonge en accéléré. Si à l’approche des fêtes de fin d’année, le ton est à la joie, pour une poignée d’irréductibles cette période est plus un supplice qu’autre chose. Les personnes imperméables à l’esprit des fêtes (qui feraient volontiers du Vaudou sur le père Noël) sont aussi connues sous le nom de natalophobes.

Entre querelle de bac à sable en famille, pression financière et charge mentale aussi pesante qu’un sapin de 5 mètres, les fêtes ont de quoi perdre de leur éclat. Les personnes qui n’aiment pas Noël et les fêtes de fin d’année sont loin d’être des « illuminées », au contraire. 

Natalophobie : quand Noël devient un cauchemar en velours rouge

Lorsque les fêtes de fin d’année se préparent, la moitié du globe frise l’euphorie maladive. Les Christmas addicts ressortent les playlists full « Michaël Bublé » avec un enthousiasme intact. Les fans invétéré.e.s de l’homme en rouge exaltent à la moindre odeur de chocolat chaud ou de pain d’épices et respectent le culte du pull moche de Noël à la lettre comme s’il s’agissait d’une véritable institution.

Tandis que les groupies du petit papa Noël patientent entre un téléfilm kitsch, un plaid cocooning bariolé de rennes et quelques sucres d’orge, d’autres prient pour que ces fêtes traditionnelles soient expéditives. Les personnes qui n’aiment pas Noël et les fêtes de fin d’année, perçues à tort comme des OVNIS, ont le spleen collé aux bottes. Dès que les illuminations rhabillent les rues et que les foies gras réinvestissent les rayons, ça sent le sapin pour les natalophobes.

Les rebelles du « jingle bells » éprouvent une peur quasi pathologique de Noël. Contrairement à ce que l’on pense dans notre société, les natalophobes sont bien plus qu’un gang de marginaux. Selon un sondage Qare, un.e Français.e sur trois et près d’un parent sur deux se disent angoissés par les fêtes de fin d’année.

La natalophobie n’a rien à voir avec la lubie passagère. C’est un trouble anxieux à part entière. Un tintement de carillons, une odeur de vin chaud, une boule en porcelaine et les natalophobes frôlent la syncope. Parce que oui, cette peur panique des fêtes se cristallise aussi dans ces symboles qui inondent le paysage de décembre. Pour les natalophobes, Noël est une énorme tempête émotionnelle, quasi impossible à contrer. C’est un cadeau empoisonné qui peut, dans le pire des cas, conduire à la détresse psychologique.

Anciens traumas, pression financière… : les causes de la natalophobie

Ces personnes, caricatures vivantes du Grinch, ont de bonnes raisons d’en vouloir à barbe blanche. En effet, cette période où se mêlent chasse aux cadeaux, festins « imposés » et retrouvailles épicées est un poids lourd pour la charge mentale. L’envers du décor est beaucoup moins glorieux. Et cette fois, les enluminures en papier crépon n’y changent rien.

Si l’heure est d’ailleurs plus au « Christmas blues » qu’au « shine bright like a diamond » dans certaines chaumières, cela s’explique par plusieurs raisons. Chez les natalophobes, Noël ravive d’anciens souvenirs restés en travers de la gorge : disputes, remarques déplacées, relations éclatées. Mais ce n’est pas tout. La natalophobie peut aussi découler :

  • D’une pression financière inhabituelle. Les personnes qui ont le compte en banque gelé se retrouvent dans l’impasse au moment de la course aux cadeaux. Rappelons que le budget moyen des fêtes est de 568 € cette année, une entorse au budget qui pousse à l’hypervigilance.
  • D’un sentiment de solitude immense. Pendant les fêtes de fin d’années, les photos de famille prises entre deux parts de bûches pullulent. Les personnes isolées à Noël ont donc tendance à ruminer plus que d’habitude.
  • D’une pression familiale. Les repas de Noël prennent des airs de « redressement disciplinaire ». Tonton, mamie et belle-maman servent des parts de critiques à la chaîne. Remarques sur le poids, sur la vie sentimentale ou sur les enfants… tout y passe. Ces retrouvailles qui sentent les injonctions à plein nez sont pires qu’un entretien d’embauche et provoquent des pics de stress importants.
  • De traumatismes hérités du passé. La perte d’un être cher, une rupture amoureuse, la mort soudaine d’un animal de compagnie, un licenciement, une fausse-couche… Noël fait parfois remonter en surface des souvenirs amers qui s’agitent comme dans une de ces boules à neige. Cette période peut donc être particulièrement douloureuse.

À ce cocktail explosif s’ajoutent les fidèles angoisses des longs trajets en voiture, de la prise de poids et des déceptions face aux cadeaux. D’après les chiffres d’un sondage Opinionway par Amaguiz publié en 2016, plus d’un tiers des Français.es décrivent Noël comme « une obligation qu’iels redoutent ».

Comment appréhender les fêtes sereinement quand on est natalophobe ?

Les natalophobes subissent une double peine. En plus de l’overdose de l’Avent, iels se prêtent bien souvent au jeu des faux-semblants. Impossible pour ces personnes d’exprimer leur hantise des fêtes, au risque de passer pour le.a « rabajois » de service. La faute à cette fichue injonction qui pousse la terre entière dans les bras des mugs « rennes de Noël » et des chapeaux à pompons.

« L’imaginaire collectif qui entoure Noël et que nourrissent abondamment les médias fait par ailleurs de cette fête un idéal de convivialité et de reconnaissance mutuelle difficilement atteignable », rappelle le psychologue Sébastien Dupont

Pour survivre au milieu de ces troupes qui se dopent aux paillettes, les natalophobes ne doivent surtout pas se forcer. Quoi de pire que de se retrouver à chanter des hymnes de Noël en yaourt. Nul besoin de se creuser les méninges pour trouver des excuses en béton, vous avez le droit de dire simplement « je n’ai pas le coeur à la fête”. Il n’y a absolument aucune honte à avoir.

Si Mariah Carey vous fait saigner les tympans ou si le père Noël vous sort par les yeux, osez l’affirmer. Passez outre les leçons de morale « Noël, c’est sacré, tu ne peux pas détester cette fête ». En bref, envoyez valser les normes au pôle Nord. Surtout, rassurez-vous, vous pouvez très bien apprécier les fêtes en solo, coupette à la main, pop corn dans l’autre. Pour rappel, 23 % des Français.es n’aiment pas Noël, alors vous êtes loin d’être un cas isolé.

La saga téléfilms « gnangnans » et mugs kitsch touchera bientôt à sa fin. Mais le plus « gros » n’est pas encore passé. Alors pour éviter de passer vos nerfs sur la bûche à la ganache, la rédaction vous fournit quelques conseils SOS « santé mentale en détresse »

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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