Ces 7 femmes qui ont risqué leur vie pour défendre leurs droits

L’Histoire telle que nous la connaissons est principalement écrite et racontée par des voix masculines. Dans ces récits de diverses conquêtes et avancées, les femmes sont les grandes absentes. En réponse à cela, des activistes anglophones réfléchissent à une « Herstory » – signifiant littéralement « son Histoire, à elle » – plutôt qu’une « History ». Une Histoire dans laquelle ces 7 femmes qui ont risqué leur vie pour défendre leurs droits trouvent enfin leur place.

Olympe de Gouges et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

Considérée comme l’une des premières féministes françaises, Olympe de Gouges retrouve progressivement, mais sûrement la notoriété qui lui est due. À la suite de la publication de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, elle rédige en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Dedans, elle y prône l’émancipation féminine et y mentionne la liberté sexuelle et l’égalité des sexes.

Personnage important, elle prêche en faveur de la démocratie. Humaniste dans l’âme, elle s’oppose à la peine de mort et condamne l’esclavage. Ses idées politiques anticonformistes en font une cible choisie et elle connaîtra la guillotine en 1793, laissant derrière elle les prémices du mouvement féministe.

Harriett Tubman, visage des Underground Railroads

Surnommée la « Moïse Noire », Harriett Tubman naît esclave aux États-Unis aux alentours de 1822, en pleine ségrégation raciale. Elle risque sa vie pour ses droits et réussit à s’enfuir en 1849. Une fois arrivée en Pennsylvanie, libre, elle formule l’ambition de créer des chemins menant vers la liberté. On les nommera les Underground Railroads, chemins secrets reliant le Sud au Nord. Avec 13 allers-retours, elle aurait participé à la libération de pas moins de 70 personnes en direction des États du Nord et du Canada.

Révolutionnaire, Harriett Tubman soutiendra plus tard le droit de vote pour les femmes. Aujourd’hui, elle est la seule personne noire dont le visage figure sur les dollars étasuniens.

Claudette Colvin et la lutte contre la ségrégation

Quelques mois avant Rosa Parks, il y a eu Claudette Colvin. C’est à Montgomery, en Alabama, que la jeune fille de 15 ans refuse de céder sa place à une femme blanche. À l’époque, les lois racistes Jim Crow donnent l’ascendant aux personnes blanches et somment les personnes noires de s’asseoir au fond du bus.

Suite à son mouvement de rébellion, elle est emprisonnée un temps. Malheureusement, elle n’est pas aidée par la NAAPC, l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur. En effet, elle est enceinte et cela ne plaît pas à l’association. Son histoire sera éclipsée neuf mois plus tard par celle de Rosa Parks. Cette dernière refuse également de céder sa place dans un bus. Mais Claudette Colvin n’a pas été totalement oubliée et sa révolte servira de levier au moment du procès de 1956 rendant la ségrégation dans les bus inconstitutionnelle.

Nonhle Mbuthuma, activiste pour les droits humains

En Afrique du Sud, Nonhle Mbuthuma lutte depuis plusieurs années contre une société minière australienne. Cette dernière convoite des terres de la région du Pondoland sur lesquelles quelques 5 000 personnes vivent et prospèrent. En 2007, elle est à l’initiative de la création du Comité de crise Amadiba pour élever les voix contre la compagnie en question. Sans relâche, elle sollicite médias, associations, ONG et avocats.

Son engagement lui a valu une véritable vague de harcèlement ponctuée par des menaces de mort. À la suite d’une tentative d’assassinat, elle déclarait : « Nous vivons dans une calme et superbe région où nous partageons tout – nourriture, terre et amour. Les élites ont découvert ce que nous possédons et veulent nous le prendre. Certain.e·s de mes collègues ont été tué.e.s, je sais que je pourrais également l’être. Mais je n’ai pas peur ». Nohle Mbuthuma est résolument prête à risquer sa vie pour défendre ses droits.

Vitalina Koval, figure du soutien LGBTI en Ukraine

Le 8 mars 2018, Vitalina Koval participait à une manifestation pacifiste en faveur des droits de femmes et des personnes LBGTI en Ukraine. Malgré l’engagement de la police à assurer la protection des militant.e.s, un groupe d’extrême droite s’en prend à elleux. La projection de peinture rouge par les détracteurs atteint Vitalina au visage et lui brûle chimiquement les yeux. Ses agresseurs ne seront retenus que quelques heures au poste de police.

Jusqu’ici, la militante connaissait la peur partagée par les personnes LGBTI en Ukraine et espérait que la menace ne soit pas si réelle. Elle ajoute cependant : « Quand j’organisais des événements artistiques et culturels, je ne pensais jamais penser à la sécurité. Maintenant, je suis obligée. C’est en train de me tuer ».

Azza Soliman, défenseuse des droits des minorités en Égypte

Azza Soliman est la co-fondatrice du Centre d’assistance juridique aux Égyptiennes et de la Lawyers for Justice and Peace. Avec ses deux organisations, elle participe activement à la défense des victimes de violences domestiques et de viol. Elle vise à faciliter l’aide juridique pour les femmes égyptiennes et l’accès à l’alphabétisation pour celles d’entre elles en situation de pauvreté.

Ses initiatives ont fait d’elle une ennemie de l’État qui l’a considérée comme une espionne et donc comme une menace pour la sécurité nationale. Après un interrogatoire en 2016, elle continue d’être la cible de nombreuses accusations. Aujourd’hui, elle ne peut quitter le territoire et une menace d’emprisonnement plane sur elle.

Malala Yousafzai et l’accès à l’éducation pour tous.tes

Figure parmi les figures, la Pakistanaise Malala Yousafzai est la plus jeune lauréate du Prix Nobel de la paix. Il lui est remis en 2014 « pour son combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation ». Elle a alors 18 ans.

Malala Yousafzai s’oppose fermement à l’interdiction pour les filles d’aller à l’école. Les talibans la prennent pour cible en 2012. Gravement touchée à la tête, elle frôle la mort avant de s’en sortir et de rejoindre le Royaume-Uni. Son histoire et son combat connaîtront un retentissement mondial en 2013 avec la publication de son autobiographie Moi, Malala. « Il n’y a pas plus grande arme que la connaissance ni de plus grande source de connaissance que l’écrit », dit-elle dans une interview.

Cette liste non-exhaustive pourrait et devrait recenser bien plus de noms. Toutes ont participé à l’élaboration d’un monde plus juste où racisme et misogynie ne peuvent prospérer. Ces femmes qui ont risqué leur vie pour défendre leurs droits ont ouvert la voie à de nouvelles générations de militantes prêtes à changer le monde.

Faustine Moulin
Faustine Moulin
Formée en radio, j'ai fait mes classes à base de chroniques et interviews concernant la scène musicale et autres sujets plus niches les uns que les autres. Rédactrice passionnée et extravertie qui aime rentrer chez elle à la fin de la journée, je cherche l'intérêt dans tous les sujets.
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