Connaissez-vous le « syndrome de la Schtroumpfette » ?

Mal représentées, sous-représentées ou pire, pas du tout représentées… la place des femmes dans les contenus fictionnels est aussi effacée par la dominance masculine. On parle du « syndrome de la Schtroumpfette ». Éclairage sur un sexisme intériorisé et généralisé dans notre société. 

Qu’est-ce que le « syndrome de la Schtroumpfette » ?

Bien que le nom sonne « sweet », ce syndrome n’a rien de joli. Vous connaissez certainement les Schtroumpfs, ces créatures bleues, qui ont tous des caractéristiques spécifiques : Schtroumpf à lunettes, le Schtroumpf paresseux, le Schtroumpf grognon… Bref, côté masculin on est bien servi. Mais, qu’en est-il des femmes ? La réponse : une seule, la Schtrompfette, créée par Gargamel (le sorcier) pour semer la zizanie dans ce pays d’hommes. Elle n’a pas de surnom et n’existe que par et pour les hommes. Tous les Schtroumpfs sont fous d’elle et elle est volontiers leur épouse, leur assistante, leur demoiselle en détresse…

Vous l’aurez compris, le syndrome de la Schtroumpfette désigne la tendance des œuvres de fiction à ne représenter qu’un seul personnage féminin face à de multiples protagonistes masculins, avec qui plus est, des stéréotypes sexistes.

@_.louisette._

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Cette expression a été inventée par Katha Pollit, féministe et essayiste américaine en 1991. C’est dans une tribune dans le New York Times qu’elle conceptualise cette réflexion. Elle dénonce le fait que la Schtroumpfette soit la seule incarnation du féminin dans un univers 100% masculin. 

« (…) Les séries télévisées récentes ont souvent seulement des personnages masculins, comme Garfield, ou sont organisées selon ce que j’appelle le syndrome de la Schtroumpfette : un groupe de copains, accompagnés d’une seule femme, en général définie de manière stéréotypée… Le message est clair. (…) Les garçons sont des individus alors que les filles sont des stéréotypes », écrit-elle dans sa tribune

Aujourd’hui cette expression s’étend également aux groupes discriminés (les personnes racisées, handicapées ou de la communauté LGBTQIA+) qui sont aussi souvent minoritaires et anecdotiques dans les fictions et films.

Le résultat d’un patriarcat enraciné

Malheureusement, les fictions sont le reflet de notre société, ici celle de la domination masculine. Il est impossible de ne pas réaliser à quel point ce syndrome est présent dans l’audiovisuel. Nous pensons directement, à Blanche-Neige, Bianca Castafiore dans les Aventures de Tintin, Penny dans The Big Bang Theory, Leia dans Star Wars…. Et bien d’autres.

Encore et toujours banalisé, le maintien de ces mauvaises représentations façonne chez les plus jeunes, une vision du monde sexiste et misogyne. Résultat : des hommes et des femmes stéréotypé.e.s, même encore en 2022.

« Tout ça vient aussi fortement des représentations culturelles, qui sont celles du cinéma, des séries, des dessins animés. Tout ce qui est média vient exprimer et mettre en image ce qui est une femme et ce qui est un homme selon la société. Les enfants grandissent en voyant ça et cela finit par nous imprégner. Donc effectivement, quand une majorité d’oeuvres de fiction montre une majorité d’hommes et que les femmes sont réduites à certains rôles (mère, amoureuse…) à l’image de prototypes, non seulement on a moins de modèles, mais nos modèles sont moins variés et plus stéréotypés », explique Jeanne Boisselier, docteure en psychologie sociale à Terrafemina

Le « female gaze » pour en finir avec ce syndrome

Fort heureusement, ce phénomène est de plus en plus dénoncé et le changement, bien que lent, poursuit son chemin, notamment dans le milieu des films. Le CNC a révélé en 2019 que 40 % des premiers films produits ont été réalisés ou co-produit par des femmes. Une très bonne nouvelle. Un progrès, dont résulte un « female gaze », bienveillant et inclusif.

À l’opposé du « male gaze », il vise à représenter les femmes sous toutes leurs complexités et propose un nouveau regard sur les corps, les expériences, la sexualité et l’histoire des protagonistes. Tel est le cas de Pénélope Bagieu, autrice et dessinatrice des « Culottéees ». Elle dresse, au travers d’une BD, des portraits de femmes combattantes et hors normes ayant bravé les interdits ou des normes sociales relevant du sexisme ou du patriarcat.

Des initiatives encourageantes pour mettre fin au « syndrome de la Schtroumpfette » ! Et pour soutenir encore plus les femmes et leurs combats, voici 10 livres écrits par des femmes à (re)lire.

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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