Le harcèlement des femmes, dans l’espace public, est systématique dans la plupart du globe. Nombreuses sont les femmes et jeunes filles qui osent témoigner verbalement de ces agressions, mais peu sont les personnes qui les croient. Résultat, elles ne comptent plus se laisser faire et publient désormais leurs agressions en vidéo sur TikTok. Une solution parmi tant d’autres pour contrer l’effet d’incrédulité des femmes, et faire comprendre aux hommes l’ampleur du phénomène. Décryptage
Le harcèlement dans les transports touche 100 % des femmes
Au sujet du harcèlement dans les transports en commun, les chiffres sont assez parlants : 100 % des femmes ont déjà été victimes d’une agression physique ou verbale. C’est ce qu’a démontré cette étude du Haut Conseil de l’Égalité en 2020. Le harcèlement envers les femmes dans l’espace public englobe plusieurs agressions verbales et physiques. Il peut s’agir d’appels répétitifs, d’insultes, de regards insistants, de menaces, d’attouchements, de « frottements », de masturbations et d’exhibitions en public, le tout sans le consentement de la personne agressée. Et ce, quels que soient ses vêtements, son âge ou son apparence physique.
Aujourd’hui encore, lorsqu’une femme dénonce ces agressions subies, le grand public (et principalement les hommes) réagit systématiquement par une minimisation des faits. Ces violences sexistes et sexuelles passent alors pour de la « simple drague », qui devrait même faire plaisir et flatter les femmes violentées. On dit à la victime de harcèlement qu’elle « exagère » ou « dramatise » les évènements vécus. En cause ? Des siècles de sexisme, qui ont rendu la parole d’une femme simplement pas très crédible.
Prendre le risque de filmer pour être entendues
La dernière échappatoire de ces victimes pour faire entendre la réalité du problème du harcèlement est alors les réseaux sociaux. De plus en plus de femmes ont ainsi décidé de filmer en direct avec leur smartphone les agressions dont elles sont victimes au quotidien. Une technique qui permet d’illustrer un phénomène que seules celles qui l’ont vécu peuvent connaître. Leur plateforme de choix pour diffuser les vidéos est surtout TikTok, le réseau social chinois préféré de la génération Z.
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Des vidéos accablantes de violences
Les regards répétés, insistants, peuvent être également extrêmement pesants lors d’un trajet, d’autant plus s’ils proviennent d’un groupe d’hommes. Cette jeune Française (dans la vidéo ci-dessus) en a justement été témoin dans le métro de Paris et l’a filmé. On voit dans la vidéo trois garçons assis en face d’elle qui ne cessent de la regarder elle et ses jambes, se lançant entre eux des regards entendus et complices. Elle les interpelle : « Il y a un problème ? », et provoque la surprise chez eux. Ils ne disent rien. « Bon et bien s’il y a un problème vous regardez ailleurs », conclut la jeune fille. Sa vidéo a été visionnée plus de 2,7 millions de fois sur TikTok.
Il y aussi le cas d’Ariane, qui attendait seule à un arrêt de bus. Harcelée dans la rue, elle a réussi à filmer la scène, au cas où ça tournerait mal, mais aussi pour avoir « une preuve de ce que les femmes vivent au quotidien », comme elle l’explique. On l’entend réagir dans la vidéo, mais elle a toutefois confié à Konbini ne pas s’être montrée trop agressive par peur. Elle a ensuite partagé la vidéo sur son compte TikTok où elle aurait été également vue plus de deux millions de fois.
« On ne sait jamais comment le mec va réagir, s’il va sortir un couteau ou nous mettre une gifle », explique Ariane.
Le son et les conversations sont accablants, et en disent beaucoup sur ce que vivent les femmes au quotidien dans les lieux publics. Malheureusement et tristement, il s’agit de scènes assez banales pour une femme ou une personne issue d’un groupe minoritaire.
Harcèlement dans l’espace public dès le plus jeune âge
Un autre exemple inquiétant est le cas de la tiktokeuse Kiarra Jobe (@maassassin_). Le 30 avril dernier, alors qu’elle était en train d’enregistrer une vidéo pour sa communauté de plus de 30 000 abonn.é.e.s, un homme inconnu d’une trentaine d’années l’aborde dans un hall d’hôtel.
Elle a pu enregistrer une vidéo dans laquelle il l’alpague en prétextant lui demander une chaise, et s’installe à ses côtés alors qu’elle lui dit qu’elle ne voulait pas. Il continue à lui poser des questions personnelles, avant de l’inviter à le suivre en lui tendant la main. « La nuit la plus effrayante de ma vie jusqu’à présent », inscrit Kiarra en légende de la vidéo.
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Le harcèlement dans l’espace public débute en effet souvent très tôt. Selon les derniers chiffres disponibles, fournis par l’association Hollaback après une enquête de 2014, 65 % de femmes auraient vécu du harcèlement de rue avant leurs 15 ans, et 14 % d’entre elles avant leurs 10 ans. Des chiffres aussi aberrants qu’affligeants…
Pensez-vous que ces vidéos peuvent aider à lutter contre le harcèlement de rue ? Venez en discuter sur le forum de The Body Optimist !