Faire son coming out : pourquoi est-ce une étape intime et libératrice ?

Le coming out, coutume redoutée mais émancipatrice, est un passage quasi obligé chez les personnes de la communauté LGBTQIA+. Dans une société toujours conditionnée par les relations « hétéro-normées », sortir du placard reste encore nécessaire. Entre appréhension et excitation, cette grande révélation est une expérience personnelle unique en son genre. De nombreuses personnalités à l’instar de Kristen Stewart ou Sam Smith n’hésitent plus à afficher ouvertement leur sexualité. Et c’est encourageant. Précoce ou tardif, le coming out est une affirmation de soi à part entière. Explications, à l’occasion de la Journée Internationale du coming out ce jour.

Le coming out, c’est quoi exactement ?

« Bonjour les ami.e.s, je voulais vous annoncer que je suis trans, mes pronoms sont ‘il/ils’, et je m’appelle Elliot. Je me sens chanceux d’écrire cela. D’être ici. D’être arrivé à cette étape de ma vie”. C’est derrière ces mots empreints d’humilité qu’Elliott Page, l’acteur emblématique d’Umbrella Academy, a fait son coming out trans en décembre 2020. Cette annonce bouleversante de la star, à coeur ouvert, a glané plus d’un million de likes.

Aujourd’hui en 2023, de plus en plus de célébrités brisent la glace du « confidentiel » en portant haut les couleurs LGBT+. Miley Cyrus, Angèle, Lambert Wilson, Lil Nas X… les peoples claquent la porte du placard, avec une fermeté encourageante. Si cet acte salvateur semble à la portée de tou.te.s, il n’en reste pas moins difficile. Le coming out est en quelque sorte cette voie d’accès royale pour aller vers une vie épanouie.

Selon SOS Homophobie, le coming out désigne l’annonce volontaire d’une orientation sexuelle ou d’une identité de genre à son entourage (ami.e.s, famille ou dans certains cas collègues). La métaphore du placard, endroit exigu et étouffant, est on ne peut plus explicite. Le coming out, sorti de l’ombre redoutée, est un événement symbolique qui marque un point de bascule important.

D’après un sondage IFOP, 94 % des personnes homosexuelles déclarent qu’au moins un de leurs proches connaît leur orientation sexuelle, le chiffre chute à 59 % seulement pour les bisexuels. Même s’il s’est largement démocratisé, le coming out n’est pas encore un « non-sujet ». Si la société se détache doucement du carcan « hétérosexuel », les clichés sur la communauté LGBT+ font de la résistance. D’où la nécessité de clamer son identité « sexuelle » haut et fort.

Derrière le coming out, le désir d’être soi

Le coming out, c’est une étape intime qui se conjugue à la première personne du singulier. Après de longues années de silence, de mensonges, à se façonner un visage social superficiel, le besoin d’honnêteté devient brûlant. Cette urgence d’être vraie est presque vitale.

En effet, garder cette vérité pour soi présente de réels dangers pour la santé mentale. Pire encore, c’est une entrave au bonheur. Toujours user de la « retenue », reléguer ses attirances au rang de l’interdit, rentrer dans une case, sans jamais s’y sentir à sa place… le coming out permet de retirer ce masque, sculpté par « sécurité ».

C’est aussi un pas supplémentaire dans la quête de soi. « Le coming out est libérateur parce qu’il permet d’avancer dans sa tête, de débloquer une authenticité dans sa relation avec ses proches, précise Paul Parent, auteur de « J’ose mon coming out » à Allodocteurs. Contrairement à ce que le commun des mortels imagine, ces mots largués comme des bombes ont une portée thérapeutique avérée.

Une question de bien-être

Revendiquer clairement son « identité sexuelle ou de genre » est un soulagement total et la science le confirme. Selon le compte-rendu des travaux du Centre d’étude sur le stress humain de l’Hôpital Louis H. Lafontaine (Canada), cet acte réduirait drastiquement les risques de dépression et la sécrétion d’hormones de stress. Le coming out n’est pas un détail à prendre à la légère. D’ailleurs, zapper ce rite peut coûter cher.

« Notre orientation sexuelle ne nous définit pas, mais elle fait partie de nous. La cacher entraîne des difficultés, un isolement, une perte d’estime de soi et parfois un suicide », étaye Antony Debard, représentant de l’association nationale Contact à Allodocteurs.fr

Si l’on en croit les chiffres, le coming out est appréhendé avec beaucoup plus de facilité, notamment chez les jeunes. Selon l’étude IFOP évoquée plus haut, 8 personnes homosexuelles sur 10 l’ont déjà dit à leur père ou à leur mère. Pourtant, il existe encore des lieux où le coming out peine à se frayer un chemin : le travail.

Quid du coming out au travail ?

Le coming out a-t-il ses limites ? En tout cas, dans la sphère professionnelle, il se fait encore discret. Pour cause, 36 % des Français.es perçoivent dans le coming out une forme de handicap pouvant porter préjudice à leur progression de carrière. À contrario, seuls 8 % des Français.es LGBTQIA+ le voient comme un avantage pour leur bien-être en milieu professionnel.

Beaucoup prennent donc le parti de rester discret.e.s sur leur vie privée. Pourtant, être out au boulot encourage l’inclusivité, denrée rare en entreprise. Rejet, atmosphère pesante, blagues graveleuses, mais aussi insultes et même agressions physiques… l’hostilité envers la communauté LGBT+ se faufile régulièrement entre les bureaux. Au total, 30 % des salarié.e.s LGBT questionné.e.s par l’IFOP pour l’Autre Cercle ont déjà été victimes d’au moins une agression LGBTphobe. Pour combattre cette attitude discriminante, la Suisse a d’ailleurs créé un « Label LGBT+ » à destination des entreprises exemplaires.

Le coming out est un acte personnel et transporte avec lui une connotation militante. Ce n’est pas une science exacte. Mais une chose est sûre : il apporte de la visibilité aux minorités de genre. Même nos dessins animés d’enfance le mettent en avant. Vera, détective de Scooby-Doo, a par exemple fait son coming out. Une annonce qui n’a surpris personne.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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