On dirait une blague… mais ces parasols tétons pourraient sauver des vies

Sur le sable chaud, des parasols de tous les imprimés et de tous les formats se côtoient. Mais ce modèle à l’effigie d’une poitrine dénote au milieu des rayures bleutées et des motifs rétro. S’il prête à sourire ou à rougir, ce parasol a aussi une vocation militante. Au-delà de protéger les têtes avec humour, il fait de la prévention douce au plus fort de l’été.

Des parasols insolites en forme de poitrine

Pendant la saison estivale, les parasols s’ancrent dans le sable fin et recouvrent des plages entières. Ils ajoutent de la couleur aux paysages iodés et gardent les corps à l’ombre des UV. Ils s’inscrivent dans les indispensables de farniente et font partie du starter pack de l’été. En bordure de mer, il n’y a pas un parasol qui se ressemble.

Cette ombrelle géante, qui sert de point de repère au retour de nage et qui doit afficher sa singularité de loin, se décline à l’infini dans des versions plus ou moins fantaisies. Certains optent pour le charme du vintage en plantant des parasols à frange dans ce décor balnéaire tandis que d’autres préfèrent la sobriété des modèles en paille. Cependant, cette année, ce sont des parasols d’un autre genre qui attirent les regards. Des parasols qui relèvent du “jamais vu” sous les serviettes mouillées.

De près ils s’apparentent à de simples modèles bicolores, tout en nuances. Mais avec un peu de recul, une poitrine se dessine très nettement à l’horizon. Une pointe plus foncée que les bords et un pic qui mime un téton dressé : son design laisse peu de place à l’imaginaire. Ce parasol en trompe l’œil a pris racine en toile de fond de Saint-Tropez, lieu de villégiature de l’iconique BB. Le nom de la cité varoise a d’ailleurs été détourné en “Seins-Tropez” pour illustrer ce design audacieux qui défie le soleil mais aussi la pudeur.

Derrière l’humour, la symbolique des parasols

Ces parasols qui repoussent les limites de l’originalité et qui donnent des sueurs froides à certains et des coups de chaud à d’autres, n’ont pas seulement été créés pour amuser les touristes de passage. Ces parasols tétons de 1,8 m de diamètre exposent en grand une partie du corps féminin que la société censure depuis la nuit des temps. Ils « sont pensés comme un manifeste esthétique et politique pour une féminité libre, joyeuse et militante » expliquent la directrice artistique Ekhi Busquet et le designer Matthieu Vergote, qui ont uni leurs esprits pour faire naître ce parasol couleur chair.

Alors que les poitrines se rangent soigneusement derrière les coutures et restent à l’abri des regards, ces parasols les révèlent à la lumière du jour. Ils se déplient sur le sable chaud pour rafraîchir les mentalités et braver ces clichés salés qui collent au décolleté des femmes. Ces parasols tétons au parti-pris provocateur font aussi déferler une vague rose sur les plages de la jet set. Parce que la lutte contre le cancer du sein s’étend bien au-delà du mois d’octobre et perdure toute l’année. Ces parasols, qui protègent de l’insolation et des tabous, s’engagent ainsi à reverser 10 euros à chaque pièce vendue au profit de la lutte contre le cancer du sein. Ils prouvent que le design peut parfois dire bien plus que des mots.

Un objet de plage brillant qui s’attire aussi les foudres

Dans les années 70, sur les plages du golf, les poitrines se délestaient volontiers de ce bout de tissu nommé bikini. Les femmes déambulaient dans l’écume les seins dévêtus et se jetaient à l’eau le buste libre. Elles étaient torse nu comme leurs homologues et ça ne faisait ni chaud ni froid à la population environnante. À cette époque où le topless était presque la norme, personne ne trouvait la poitrine indécente. Pourtant aujourd’hui, dès qu’un sein déborde un peu trop du maillot ou qu’un téton s’échappe dans le courant d’une vague, ça devient presque une affaire d’état. Comme si montrer sa poitrine ou la suggérer était un délit. Même imprimée sur un parasol, la poitrine dérange et enflamme les avis.

La maire de la ville, Sylvie Siri, est allée à contre-courant des acclamations et a fait part de son mécontentement dans les colonnes de Var Matin. « C’est tout ce que l’on déteste ici : commercialiser Saint-Tropez sous toutes ses formes ! C’est ridicule et déplorable d’utiliser un jeu de mots comme celui-ci, car il touche à notre honneur ». La co-créatrice de ces parasols tétons, elle, rappelle ce temps où les femmes pouvaient disposer de leur corps comme elles voulaient, sans se voir attribuer les adjectifs les plus vulgaires de la langue française. Cette époque dorée où leur poitrine était un terrain neutre et pas une source de fantasmes.

Ces parasols tétons pensés pour lever le voile et le malaise sur le corps féminin, sont aussi efficaces que les affiches préventives hissées dans les abribus.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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