C’est un réflexe quasi automatique : attraper un caddie à l’entrée du supermarché. Et si ce simple panier devenait un cri d’alerte, un miroir de notre société, un symbole puissant de l’invisible précarité ? C’est le pari audacieux de la banque alimentaire Moisson Montréal et de l’agence LG2.
Et si le manque devenait visible ?
La pauvreté, l’insécurité alimentaire… ce sont des réalités souvent évoquées dans les chiffres, rarement incarnées dans le vécu. Et surtout, presque invisibles. Qui, en faisant ses courses, pense aux sacrifices que d’autres doivent faire pour remplir leur frigo ? Cette campagne de la banque alimentaire Moisson Montréal et de l’agence LG2 casse le silence, sans fard, sans filtre.
À première vue, « Le panier de l’insécurité » ressemble à une blague. Un minuscule caddie, tellement petit qu’on y case à peine une boîte de conserve et une pomme. Sauf que dans un supermarché réel, face à des consommateurs réels, cet objet dérange, questionne. Derrière son apparente absurdité se cache en effet une vérité glaçante : pour 239 000 personnes à Montréal, ce petit panier est une métaphore bien réelle de leur quotidien.
La banque alimentaire Moisson Montréal explique avoir répondu à près d’un million de demandes d’aide alimentaire par mois en 2023. Un chiffre vertigineux, qui en dit long sur l’urgence. Et pourtant, il reste difficile à traduire en réalité tangible. C’est là que la magie (et la douleur) du petit panier opère : il nous force à imaginer, ne serait-ce qu’un instant, ce que cela signifie de devoir choisir entre des couches pour bébé ou du lait. Entre le chauffage chez soi ou un sachet de pâtes.
Un caddie, des choix… trop peu de place pour la dignité
Imaginez-vous dans les allées du supermarché. Devant vous, une montagne d’options : céréales, légumes, produits d’hygiène, pain… Et dans vos mains, un panier minuscule. Impossible à remplir. Vous devez faire des choix. Non pas parce que vous êtes pressée ni parce que vous avez décidé de faire un « petit repas léger ». Non. Parce que c’est tout ce que vous pouvez vous permettre. Parce que votre budget ne peut pas suivre. Voilà ce que vivent chaque jour des milliers de personnes.
Et ce n’est pas qu’une réalité québécoise. En France aussi, les files s’allongent devant les associations. Les banques alimentaires tirent la sonnette d’alarme. Et pendant que certaines personnes choisissent entre sushi et pizza, d’autres se demandent si elles pourront se permettre de manger ce soir.
Une campagne qui donne à voir, à ressentir, et à agir
Le choc visuel est fort, mais la campagne ne s’arrête pas là. Elle appelle à l’action. La banque alimentaire Moisson Montréal ne veut pas simplement susciter l’indignation passagère. Elle veut créer une mobilisation durable. En ligne, dans les rues, sur les réseaux sociaux, la campagne « Le panier de l’insécurité » circule, interpelle, rassemble. L’invitation est claire : si vous pouvez remplir votre panier sans y penser, pourquoi ne pas aider quelqu’un à en faire autant ?
Cette campagne ne pointe pas du doigt, elle tend la main. Elle nous rappelle, avec audace mais bienveillance, que notre confort n’est pas une garantie universelle.
Ce que cette campagne réussit à merveille, c’est ainsi de transformer un objet banal – le caddie – en objet politique, en symbole fort. Elle nous force à ralentir, à regarder différemment. Et surtout, elle ouvre la porte à une nouvelle façon de voir l’entraide. Un petit don, un partage… chaque geste compte. Car derrière chaque panier vide, il y a une personne digne, courageuse, forte, qui a besoin de soutien. Et que cela arrive à Montréal, Marseille, ou ailleurs, c’est un combat commun.