« J’allais le faire, mais j’ai été interrompu », « Ce n’est pas de ma faute », « Il y a eu un imprévu »… nous connaissons tous quelqu’un qui semble toujours avoir une bonne raison pour justifier ses retards, ses oublis ou ses erreurs. Et parfois, si l’on est honnête avec soi-même, ce quelqu’un, c’est nous. Ce réflexe est bien plus courant – et compréhensible – qu’on ne le pense.
Se défausser : un sport mental très répandu
Faut-il être un maître de la mauvaise foi pour constamment esquiver la faute ? Pas du tout. Trouver une excuse n’est pas forcément le signe d’une personnalité malintentionnée. C’est souvent une tentative (maladroite, mais humaine) de protéger son équilibre intérieur.
Le cerveau humain, ce fidèle gardien de votre sérénité, déteste en effet l’idée d’avoir échoué, blessé, déçu. Alors parfois, il s’empresse de sortir le parapluie des excuses. Cela vous permet d’éviter un ressenti inconfortable : la honte, la culpabilité, la peur d’être jugé.
Ce comportement, loin d’être une tare, est une stratégie de défense. Pas forcément élégante, mais utile à sa manière. Le hic ? Elle vous protège à court terme… en vous freinant à long terme. Car à force d’esquiver la faute, on finit par éviter aussi les apprentissages qui en découlent.
Derrière l’excuse, une peur bien réelle
Pour certaines personnes, reconnaître une erreur, même minime, c’est comme ouvrir une trappe vers l’enfer de l’auto-sabotage. « Si je reconnais cette faute, alors on pensera que je suis incompétent, paresseux, stupide… », vous voyez l’idée.
Et si ce n’était pas une question d’arrogance, mais de fragilité ? De peur d’être perçu comme imparfait dans un monde qui valorise sans cesse la performance, la perfection, la productivité ? Dans ce contexte, l’excuse devient un bouclier. On se protège du regard des autres, mais aussi du sien.
Paradoxalement, cela peut concerner des personnes brillantes, exigeantes, ambitieuses. Celles qui veulent tant bien faire qu’elles préfèrent se protéger du moindre faux pas. Vous voyez ? Ce n’est pas un manque de sérieux. C’est un excès d’attente envers soi-même.
Un réflexe qui prend racine dans l’enfance
Remontez le fil. Peut-être avez-vous grandi dans un environnement où l’erreur n’était pas tolérée. Où chaque faux pas entraînait une punition, un jugement, une moquerie. Il n’en faut pas plus, enfant, pour apprendre à se couvrir. « Ce n’est pas moi », devient alors un mécanisme de survie émotionnelle. Et même adulte, ce réflexe peut persister, bien que le contexte ait changé.
Résultat ? Même dans un cadre sécurisant, vous continuez à activer ce mode défense. Comme un logiciel ancien qui tourne en arrière-plan sans qu’on le remarque. Bonne nouvelle : on peut le mettre à jour.
Reprendre les commandes sans se juger
Comment sortir de ce schéma sans se flageller au passage ? En y allant doucement, avec curiosité plutôt qu’avec culpabilité. Il ne s’agit pas de devenir le champion de l’auto-flagellation, mais d’apprendre à assumer avec honnêteté.
1. S’observer avec bienveillance
Commencez par repérer vos excuses types. Sont-elles liées à des tâches précises ? À certaines personnes ? À certains contextes ? Le but n’est pas de se condamner, mais de se comprendre.
2. Oser dire « c’est moi » sans se rabaisser
Essayez, la prochaine fois, de reconnaître une petite erreur sans ajouter de justification. Vous verrez : personne ne vous mangera. Bien souvent, cela renforce votre crédibilité. L’authenticité est puissante.
3. Cultiver une image de soi réaliste
Vous n’êtes pas parfait, et c’est tant mieux. La perfection est un costume rigide dans lequel on ne respire pas. Accepter ses « imperfections », c’est se donner la liberté d’apprendre, d’évoluer, de s’épanouir.
4. Se libérer du regard des autres
Plus facile à dire qu’à faire, certes. Mais rappelez-vous : ce que les autres pensent de vous leur appartient. Vous ne pouvez pas contrôler cela. Vous pouvez en revanche cultiver un regard plus doux sur vous-même.
Les personnes les plus inspirantes ne sont pas celles qui ne se trompent jamais. Ce sont celles qui savent dire « oui, j’ai fait une erreur, et j’ai appris ». Elles ne cherchent pas à fuir la faute, elles l’embrassent comme une étape naturelle du parcours. Apprendre à reconnaître ses torts sans s’écrouler, c’est une force. Une qui se cultive dans la durée, avec courage, avec authenticité.