L’Italie est sans conteste l’un des pays les plus appréciés au monde pour sa gastronomie. Pâtes al dente, sauces mijotées, huile d’olive parfumée… chaque plat semble raconter une histoire. Pourtant, dans les trattorias de Rome, Naples ou Florence, un geste simple commis par de nombreux touristes fait souvent grimacer les locaux .
Couper ses spaghettis : une hérésie pour les Italiens
Dans de nombreux pays, l’idée de couper les spaghettis pour mieux les manger semble logique, surtout pour éviter les éclaboussures ou faciliter la dégustation. En Italie, les spaghettis ne se coupent JAMAIS. Ce type de pâte longue a été pensé pour être enroulé autour de la fourchette – avec parfois l’aide d’une cuillère, selon les régions, même si cela fait débat.
Utiliser un couteau pour les découper est perçu comme un manque de respect envers la culture culinaire italienne. Pour les Italiens, les spaghettis doivent conserver leur longueur, leur mouvement, leur « danse » dans l’assiette. Les couper, c’est briser cette harmonie – et par extension, ignorer l’art de la pasta dans ce qu’il a de plus fondamental.
Pourquoi cette règle existe ?
Au-delà du symbole, le geste de couper les spaghettis va à l’encontre de leur texture et de leur fonction. Les spaghettis sont faits pour être souples, élastiques, capables de se mélanger délicatement à la sauce. Les couper, c’est risquer d’en faire une pâte molle et informe.
De plus, l’Italie accorde une immense importance aux traditions régionales. Chaque type de pâte est associé à une sauce spécifique et à une manière précise de la manger. Les spaghettis, par exemple, accompagnent souvent des sauces fines (comme la carbonara, l’amatriciana ou l’aglio e olio) qui se fixent bien autour des brins. Les couper, c’est perdre cette logique d’association.
Ce que cela révèle : manger en respectant le geste
En Italie, manger est un acte culturel autant qu’un plaisir. Il ne s’agit pas seulement de consommer un plat, mais d’honorer un savoir-faire, une mémoire collective, une transmission familiale. Le geste de rouler les spaghettis avec la fourchette, souvent pratiqué avec dextérité dès l’enfance, fait partie de ce patrimoine invisible.
Couper les spaghettis est donc vu comme une maladresse révélatrice : elle montre qu’on ne connaît pas les codes, qu’on traite la cuisine italienne comme un simple plat de pâtes, alors qu’elle est une véritable institution.
Les autres erreurs fréquentes des touristes à table
Couper les spaghettis n’est pas la seule erreur que les Italiens remarquent chez les touristes. Voici d’autres maladresses souvent commises dans les restaurants italiens :
- Commander un cappuccino après un repas : en Italie, le cappuccino est réservé au petit-déjeuner. Après un déjeuner ou un dîner, c’est espresso ou rien.
- Demander du parmesan sur tous les plats : certains plats, comme les fruits de mer, ne doivent jamais être accompagnés de fromage.
- Commander des pâtes et des pizzas en même temps : dans un repas italien traditionnel, on ne mélange pas les types de plats. Les pâtes sont un primo, les pizzas un plat unique.
- Refuser le pain : il n’est pas toujours servi pour être mangé seul, mais pour « faire la scarpetta », c’est-à-dire saucer l’assiette proprement.
Une question de respect, pas de snobisme
Ces règles peuvent sembler strictes, voire élitistes, mais en Italie, elles sont vécues comme une forme de respect envers la cuisine, les ingrédients, les chefs, et les générations qui ont transmis ces savoirs. Il ne s’agit pas d’exclure ou de juger, mais d’inviter chaque personne à entrer dans une tradition en acceptant ses codes.
Les Italiens ne se vexent pas pour une erreur, surtout si elle est commise sans intention. Toutefois, ils remarquent tout et apprécient sincèrement les efforts des touristes qui cherchent à comprendre, à apprendre, à s’intégrer.
Couper ses spaghettis peut ainsi sembler anodin, mais c’est en réalité une erreur culturelle révélatrice. En Italie, on ne mange pas simplement pour se nourrir, mais pour vivre un moment, partager une histoire, respecter un art. En adoptant les bons gestes – même les plus simples, comme enrouler sa fourchette avec élégance – on ne fait pas que « bien manger » : on honore une culture millénaire avec sensibilité et intelligence.