Elle pousse de la fonte dans des ensembles de sport à la pointe de la mode. Elle se hisse derrière les machines avec des leggings et des shorty effet seconde peau et révèle son dos blindé sous des brassières qui rivalisent toutes de style. Pourtant, les tenues de cette fitgirl ne sont pas au goût des autres, qui préféreraient certainement qu’elle s’en tienne au jogging extra large et au sweat encombrant.
« Tu vas à la salle, pas à un défilé », elle répond avec brio
C’est une situation que les fitgirls connaissent trop bien. Beaucoup d’entre elles ajoutent un t-shirt loose par-dessus leur legging et portent un short ample sur leur shorty moulant. Elles redoublent de prudence avec leur tenue, comme s’il y avait un dress code imposé entre les murs de ces temples de la muscu. Pourtant, de l’autre côté de la salle, dans le coin où la testostérone suinte, les hommes arborent des marcel qui ne couvrent rien et s’entraînent torse nu, laissant leur sueur sur les machines comme un animal marque son territoire.
Lorsque les fitgirls viennent enrichir leur muscle et solidifier leur silhouette en legging moulant et en brassière cintrée, elles sont tout de suite accusées de provoquer, comme si elles s’habillaient pour draguer. Il faudrait qu’elles s’enferment dans des hauts zippés jusqu’au cou et qu’elles camouflent les muscles qu’elles ont façonnés à la sueur de leur front juste pour des hommes qui voient des signes là où il n’y en a pas. Les hommes ont le droit de rouler des mécaniques dans des t-shirts au bord de l’implosion tandis que les femmes, elles, doivent faire preuve de discrétion avec leur tissu.
Ève, fidèle à la salle de sport, a bien l’intention de « se détruire les fibres dans des tenues mignonnes ». Elle le clame fièrement dans une vidéo où elle s’arme de ses plus beaux ensembles en stretch. Top blanc croisé à l’avant, brassière dos nu qui laisse entrevoir sa charpente, short néon en osmose avec ses courbes d’acier ou legging esthétique qui suit ses jambes affûtées. Ève concilie féminité et puissance.
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Les femmes disposent de leurs corps comme elles veulent
Si les femmes arborent des vêtements moulants à la salle de sport, ce n’est pas pour attirer le regard ou frimer, mais pour voir les efforts prendre racine sur leur corps. Elles n’ont d’ailleurs pas à se justifier de porter des pièces qui leur collent à la peau. Leur corps leur appartient, le débat s’arrête là.
Pas question de porter un t-shirt avec trois tailles de plus au risque d’emmêler le tissu dans la machine. Ni de se calfeutrer dans un pantalon semblable à un bas de pyjama peu compatible avec les va-et-vient de la presse. Ce serait bien dommage de cacher tous ces muscles qu’elles se sont bâties au fil des séances sous des habits modestes. Ève, qui soulève des poids lourds en fantaisie, invite toutes les fitgirls à s’habiller sans compromis et à rentabiliser cette silhouette mise à rude épreuve.
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Les tenues des femmes, inlassablement jugées
Un décolleté plongeant ? C’est trop vulgaire. Une jupe courte ? C’est aguicheur. Une robe moulante ? C’est trop suggestif. Un cropped top ? Ça déstabilise les jeunes hommes. Il faut croire que les vêtements, lorsqu’ils se posent sur les silhouettes féminines, sont chargés de sous-entendus. Quoi qu’elles portent, les femmes sont sans cesse critiquées ou cataloguées en « diable tentateur ». Pour qu’elles gagnent le respect de la société, il faudrait qu’elles se cloîtrent dans des jupes mi-mollet, des hauts glamours, mais pas trop et des robes modérément découvertes.
Dernièrement, une jeune femme s’est vue refuser l’entrer dans un bus de ville à cause de sa jupe, visiblement pas à la bonne longueur pour le chauffeur. Un scandale parmi d’autres. À travers sa vidéo, Ève, livre un message fort : les tenues que les femmes portent sur le banc de traction ou sur bitume ne sont en aucun cas un « appel ». Ce sont ceux qui interprètent ces étoffes comme des avances qui doivent changer leur façon de penser et non pas aux femmes de transformer leur dressing.
À la salle de musculation ou dans la rue, les femmes ne devraient jamais sacrifier leur envie de coquetterie ou s’habiller en anticipant les « on dit ». Les vêtements, qu’ils soient souples ou près du corps, sont censées nous révéler, pas nous effacer. Et pour ceux qui en doutent encore : oui on peut prendre de la masse avec une manucure toute neuve et des faux cils.