Kaia Gerber, mannequin et actrice américaine et fille de Cindy Crawford, a vu son apparence devenir le sujet central d’un déferlement de critiques après un récent défilé. Entre moqueries et remarques humiliantes, la mannequin a été prise pour cible pour son physique jugé « trop maigre », dans un épisode symptomatique d’un problème persistant : le skinny shaming. L’affaire relance une fois encore la question du regard social porté sur les corps des femmes, quel que soit leur apparence.
Une pluie de commentaires humiliants
Quelques heures à peine après son apparition sur le podium, une avalanche de messages s’est abattue sur les réseaux sociaux. Les internautes y commentaient son corps, la qualifiant de « squelette » ou de « sac d’os » et lui conseillant de « manger un hamburger ». Derrière ces mots se cache une violence ordinaire, celle du jugement constant porté sur les femmes. Sous couvert d’inquiétude ou d’humour, ces propos traduisent un sexisme latent. Ils rappellent que même les silhouettes idéalisées par l’industrie – ici celle de Kaia Gerber – ne sont pas à l’abri des injonctions et des railleries.
Maigrophobie : une violence sous-estimée
Le phénomène dont Kaia Gerber a été victime porte un nom : la maigrophobie. Cette forme de discrimination vise les personnes jugées « trop minces » selon des standards arbitraires. Elle découle de la même logique que la grossophobie : vouloir contrôler les corps, les évaluer et les commenter à l’infini. Ses effets dépassent la sphère médiatique. En associant minceur et fragilité, la maigrophobie alimente la honte et la culpabilité. Plusieurs spécialistes en psychologie rappellent qu’elle peut accentuer des troubles alimentaires ou entretenir un lien malsain au corps et à la nourriture.
Une industrie de la mode sous surveillance
Malgré des efforts récents pour promouvoir davantage de diversité, l’univers de la mode continue de manier un double discours. Kaia Gerber se retrouve victime du système qui l’a propulsée : encouragée à respecter certains critères esthétiques tout en étant critiquée lorsqu’elle les incarne. Cette incohérence illustre à quel point les mannequins évoluent dans un espace paradoxal, tiraillés entre performance artistique et pression sociale. La polémique autour de Kaia Gerber rappelle enfin qu’aucun corps n’échappe à la surveillance collective, encore moins celui des femmes exposées médiatiquement.
Entre admiration et rejet : le double standard permanent
Devenir la cible de commentaires sur son poids, qu’il soit jugé « trop haut » ou « trop bas », relève du même mécanisme de domination. En rabaissant Kaia Gerber, les internautes participent à ce cycle de contrôle du corps des femmes. Plutôt que d’être célébrée pour son travail et son talent, la jeune mannequin se voit réduite à une silhouette. Un rappel brutal que dans la mode comme ailleurs, les femmes demeurent prisonnières d’un double standard, éternellement observées, rarement respectées.
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L’affaire Kaia Gerber met une fois de plus en lumière la difficulté, pour les femmes, d’exister en dehors du prisme du corps. Qu’elles soient jugées « trop grosses » ou « trop maigres », elles demeurent la cible d’un regard social intrusif qui se nourrit du contrôle et du commentaire permanent. Derrière le simple « avis » ou la « blague », se cachent des injonctions profondément ancrées dans notre culture, qui perpétuent la hiérarchisation des corps. Il est temps de déplacer le regard : plutôt que de scruter les silhouettes, valorisons les parcours, les voix et les talents.
