Selon une Ă©tude menĂ©e de front par la CALM (organisation anglaise luttant en faveur de la prĂ©vention du suicide) et le rĂ©seau social Instagram, les hommes britanniques ont une bien mauvaise vision d’eux-mĂȘmes. Pire, 48 % des hommes ĂągĂ©s de 16 Ă 28 ans affirment que cette mauvaise image a affectĂ© leur santĂ© mentale. Des chiffres que nous pourrions malheureusement transposer Ă la France.
21 % des hommes mal Ă l’aise Ă l’idĂ©e de parler de leur image de soi
Sur les 2 000 hommes interrogĂ©s lors de cette recherche, 48 % dĂ©clarent que la pandĂ©mie a eu un impact nĂ©gatif sur la vision de leur propre corps. Seuls 26 % se disent satisfaits de leur apparence. Et 21 % affirment ĂȘtre trĂšs mal Ă l’aise Ă l’idĂ©e de parler de ce sujet avec qui que ce soit.
C’est la BBC qui nous apprend les rĂ©sultats de cette Ă©tude. Elle cite, entre autres, le tĂ©moignage de Spencer Cooper, 22 ans, qui fait partie des 48 % :
« Pendant le confinement, j’ai vu que tout le monde faisait des entraĂźnements Ă domicile sur Instagram Live et sur Facebook. Je me suis dit : « bon, d’accord, je vais essayer ça ». J’en ai fait en couple, mais ce n’Ă©tait pas pour moi. Je ne pouvais pas le faire. Et je pense que je me suis senti coupable pour ça. Tout le monde sur les rĂ©seaux sociaux semblait ĂȘtre en meilleure forme, en meilleure santĂ© . Et moi, je semblais faire le contraire. »
Pour lui, les rĂ©sultats de l’Ă©tude sont tout sauf une surprise :
« Quand vos vĂȘtements commencent Ă ne plus vous aller et les magasins ne sont pas ouverts… Tout d’un coup, vous ne vous sentez pas bien. Vous ĂȘtes trĂšs malheureux dans votre image corporelle. Quand vous ne vous sentiez dĂ©jĂ pas bien au dĂ©part Ă cause de la pandĂ©mie et de ne pas voir d’ami·e·s, cela vous frappe assez fort. »
Et quand on lui parle des 21 % des hommes qui se sentent trĂšs mal Ă l’aise sur le sujet, Spencer invoque tout simplement le culte de la virilitĂ©. Et surtout, ce conditionnement à « ne pas ĂȘtre programmĂ©s pour se plaindre Ă ce propos ».
Un fossé entre les hommes et les femmes
L’organisme CALM et Instagram ont dĂ©cidĂ© de lancer une nouvelle web-sĂ©rie nommĂ©e « CALM Body Talks » afin d’aborder plus en profondeur le sujet, sans tabou ni jugement. Stevie Blaine, l’un des militants impliquĂ©s dans la web-sĂ©rie, raconte Ă la BBC :
« En grandissant, j’ai rapidement pris conscience que mon corps Ă©tait diffĂ©rent de ceux qui m’entouraient ».
Ayant longtemps luttĂ© contre son surpoids durant son adolescence et plus tard, il a commencĂ© Ă perdre ses cheveux dĂšs l’Ăąge de 20 ans. S’en sont suivis 10 ans de haine de soi. De son cĂŽtĂ©, Jamie Laing, un autre militant, se confie Ă la BBC sur le fossĂ© qui sĂ©pare les hommes et les femmes :
« Les femmes sont Ă©galement confrontĂ©es Ă ces problĂšmes tous les jours. Et c’est pourquoi il est si formidable d’assister Ă la montĂ©e du mouvement body positif au cours des derniĂšres annĂ©es. On voit dĂ©filer des hashtags comme #bodypositivity et #selflove sur Instagram. »
Et d’ajouter :
« On voit tellement de femmes partager des expĂ©riences de changements corporels pendant le confinement. Elles partagent aussi des conseils pour prendre soin de soi et des messages de motivation pour soutenir leur communautĂ©. Il est difficile d’ignorer le fait qu’il y a un fossĂ© entre les sexes. Et que les hommes sont souvent absents de la conversation. »
Instagram : le réseau social qui ravage la confiance en soi des hommes ?
Spencer l’affirme, l’avalanche de photos retouchĂ©es sur son flux social a clairement perturbĂ© son estime de soi :
« Je pense qu’il y a cette Ă©norme attente d’ĂȘtre et d’agir d’une certaine maniĂšre. L’image qui me vient Ă l’esprit, ce sont ces hommes musclĂ©s qui publient souvent leur corps sur les rĂ©seaux sociaux. Les mĂ©dias sociaux sont toujours dominĂ©s par ces images auxquelles vous devriez ressembler pour ĂȘtre un « vrai » homme. »
Lors du premier confinement en 2020, l’organisme CALM dĂ©clare avoir constatĂ© une augmentation de 40 % des appels Ă sa ligne d’assistance ainsi que des visites sur son site pour les 16-24 ans. Le PDG, Simon Gunning, explique qu’Instagram fait clairement partie du problĂšme d’image corporelle ressenti par tous ces hommes :
« Incontestablement, Instagram a fait en sorte que la pression exercĂ©e sur les adolescents soit grande et musclĂ©e. C’est malsain et inaccessible. Notre derniĂšre campagne aborde le problĂšme Ă sa base : l’image corporelle sur Instagram. Les problĂšmes d’image corporelle sont massivement rĂ©pandus chez les femmes et les filles. Les mĂȘmes pressions s’appliquent aux hommes. Mais nous n’en discutons pas de la mĂȘme maniĂšre. La façon dont nous reprĂ©sentons l’image corporelle des hommes a des dĂ©cennies de retard. Il n’y a pas de dĂ©bat pour les hommes Ă ce sujet. »
De notre cÎté, on vous fait justement découvrir « Les garçons bleus », une série dessinée qui valorise le corps des hommes. On vous fait aussi découvrir les photos de ce shooting 100 % masculin qui déboulonne le culte de la virilité. Et enfin, découvrez les portraits touchants de ces hommes qui dénoncent les diktats de beauté en photos.