Allaitement et cancer du sein : est-ce que les deux sont compatibles ?

Si l’allaitement est parfois avancé comme un moyen de prévention pour limiter les risques de cancer du sein, une fois la maladie actée, cette tétée naturelle se présage différemment. Le sein, attaqué par la tumeur, est fortement fragilisé. Cet organe qui transporte ordinairement un lait fructueux se retrouve alors sérieusement menacé. Pourtant, malgré les embûches, certaines femmes se demandent si en aval de la maladie, leur sein pourra toujours tenir ses fonctions nourricières. Le sein, trait d’union qui lie la mère à son enfant, sera-t-il encore opérationnel après des traitements agressifs et plusieurs passages sous des instruments chirurgicaux ? Selon les cas, allaitement et cancer du sein peuvent tout à fait se conjuguer.

Allaitement et cancer du sein : quand le diagnostic tombe pendant la grossesse

Alors que le mois d’octobre rose insuffle de nouveaux espoirs et une belle sororité dans le quotidien des femmes assiégées par le cancer du sein, il braque aussi les projecteurs sur des « raretés » médicales. Si, chaque année en France, plus de 50 000 femmes sont touchées par la maladie, entre 300 et 500 d’entre elles encaissent le rude diagnostic pendant leur grossesse. Tandis que la vie s’épanouit dans leur ventre, un intrus virulent s’accroche à leur poitrine sans crier gare. Même si ce scénario relève plutôt de l’exception, il n’est pas à écarter.

D’ailleurs, la « miss météo » de BFMTV Virgilia Hess a elle-même navigué à travers cette situation délicate où l’inquiétude balaye l’euphorie d’être mère. Pour la femme active, le couperet est tombé au 5e mois de grossesse. Pendant cette période féconde, les seins se métamorphosent automatiquement et subissent plusieurs changements. Ils sont plus réactifs, les veines qui les chevauchent ressortent davantage et les mamelons sont susceptibles de lâcher un liquide, proche du lait. C’est toute leur physiologie qui évolue. Difficile donc de différencier les modifications « naturelles » d’une anomalie plus redoutable.

Des symptômes plus difficiles à identifier

Les symptômes typiques du cancer du sein se confondent alors insidieusement avec les bouleversements corporels subis par les femmes enceintes. En outre, la densité des tissus mammaires et cet effet de « masse » brouillent les pistes. Toutefois, même si le diagnostic est plus complexe, les chances de guérison n’en sont pas plus faibles. Cependant, pour préserver ce petit être en devenir, le champ des traitements est assez restreint.

La chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie peuvent être envisagées, mais leur faisabilité dépendra de la période de grossesse et des risques potentiels pour le fœtus. L’équation allaitement et cancer du sein repose essentiellement sur le traitement choisi et les « ressources » physiques de la maman.

Allaitement et cancer du sein : le type de traitement compte

Selon la brutalité et le stade du cancer du sein, les traitements varient du simple au double. Concilier allaitement et cancer du sein n’est donc pas toujours envisageable, notamment à cause de la composition de certains soins. La chimiothérapie, traitement le plus plébiscité, mais aussi le plus carabiné, répand des substances antitumorales très nocives. Même si leur impact sur le lait maternel n’a pas encore été confirmé par la classe médicale, elles sont susceptibles d’agir sur la santé de l’enfant. Dans le doute, l’allaitement est interdit pendant tout le processus de chimiothérapie.

Même constat dans le cadre d’une hormonothérapie, qui bouleverse le système hormonal et perturbe son fonctionnement. Le risque d’intoxication de l’enfant est forcément plus élevé. À l’inverse, avec une radiothérapie « externe » qui n’induit pas de traitements oraux parallèles, l’allaitement peut coexister avec le cancer du sein. Toutefois, comme les autres armes médicales, elle affaiblit le corps à 360°. Le lait qui jaillit du sein aura donc probablement moins de débit qu’en temps normal. Ce qui pourrait créer des frustrations chez le bébé.

Allaiter après une mastectomie : est-ce envisageable ?

Lorsque la tumeur est trop invasive, la mastectomie peut être une piste de « dernier recours ». Mais cette ablation ne concerne pas forcément les deux seins. Elle peut être unilatérale et ciblée. Selon l’étendue et les exigences de la mastectomie, l’allaitement a plus ou moins de chances de coïncider avec le cancer du sein. Dans la perspective d’une mastectomie totale, c’est-à-dire le retrait des deux seins, le lait maternel n’a plus aucune « porte de sortie », ce qui rend l’allaitement impossible.

Mais si un des deux seins a été préservé, l’allaitement peut être rempli avec un seul sein. Et loin de là les idées reçues qui laissent entendre que le lait sortira en quantité « réduite ». Les experts s’accordent pour dire qu’à mesure de la succion et du tirage, le lait parviendra à combler les besoins primaires de l’enfant sans encombre. Ce qui importe c’est que le mamelon, tétine vivante qui achemine ce breuvage vital, soit resté intact.

Qu’en est-il pour la chirurgie conservatrice ?

La chirurgie conservatrice, aussi appelée mastectomie partielle, consiste à enlever la tumeur avec une « marge » de sécurité. Ce qui signifie que le sein opéré garde son apparence « initiale », ou du moins s’en rapproche. L’incision est plus précise et se concentre sur une partie minime du sein. Elle concerne une zone de tissu qui se situe autour de la lésion maligne. Avec cette approche, l’allaitement post cancer du sein est plutôt favorable, à certaines conditions.

Si l’entaille a été faite proche de l’aréole, des substances « essentielles » pour la production et le transport du lait ont pu s’appauvrir. C’est le cas des canaux lactifères et de plusieurs nerfs qui jouent un rôle crucial dans l’acheminement du lait. Si les glandes mammaires ont aussi été « épurées », le lait peut s’exprimer très difficilement. Ce qui peut générer des douleurs vives lors de la succion. À contrario, si l’incision a été réalisée sur le pourtour du sein, à une bonne distance de l’aréole, les tissus sont censés être encore « utiles ».

Enfin, la reconstruction mammaire, qui remodèle un sein à partir de méthodes diverses et variées, est assez peu conciliable avec l’allaitement. Du moins, elle le rend moins confortable. Le sein n’a plus la même « structure ». Il mime simplement l’apparence d’une poitrine, sans chercher à reproduire toute son architecture intérieure. Certaines techniques de reconstruction, comme l’utilisation de prothèses ou de tissus de reconstruction, peuvent interférer avec la capacité de produire du lait.

Allaitement et cancer du sein : y a-t-il des dangers ?

L’allaitement est un choix du cœur que le cancer du sein ne devrait pas retenir. Même si selon les spécificités, cet acte maternel est parfois entravé, dans les cas les plus prometteurs, il ne présente aucun danger. Il procure des bienfaits similaires à un allaitement « classique », sans maladie. Cependant, les médecins peuvent imposer une période de sevrage ou proscrire l’allaitement s’il y a un fort risque de récidive.

Selon une étude relayée par la prestigieuse revue médicale The Lancet, l’allaitement prolongé aurait même un pouvoir « protecteur ». Elle émet deux hypothèses sur ces « vertus » préventives : la sécrétion de prolactine et le déclin « provisoire » d’hormones féminines durant l’allaitement. Toutefois, elle ne prend pas en compte les prédispositions génétiques, l’âge ou encore l’hygiène de vie des femmes.

De l’extérieur, allaitement et cancer du sein semblent plutôt contradictoires. Pourtant, même si la maladie est une périlleuse épopée, elle ne brise pas toujours ce privilège maternel. Cet enfant, qui tient dans un bras, devient également un nouveau moteur pour sortir de la maladie. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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