Allaitement au travail : guide pratique pour les mamans

Pour les mères nourricières qui ont fait le choix de rassasier bébé par le sein, le retour au travail sonne souvent le glas de cette tétée quotidienne. Un déchirement tant pour la maman que pour le nourrisson, alors privé de son biberon naturel. Si l’allaitement semble difficilement compatible avec le cadre strict du travail, il peut pourtant s’y faire une place. Certes, il faudra peut-être troquer votre pause café contre le rituel du tire-lait et vous trimbaler avec une valisette au lieu d’un sac à main, mais l’expérience n’en sera que plus belle. Du matériel à l’organisation en passant par vos droits, voici un petit mode d’emploi pour devenir incollable sur l’allaitement au travail. 

Allaitement au travail : que dit la loi ?

Si dans l’espace public, l’allaitement peine encore à se faire accepter, le milieu professionnel, lui, est plus clément (généralement). Sauf que bien souvent, les mères allaitantes ignorent totalement leurs droits et préfèrent sevrer bébé prématurément pour ne pas mettre en péril leur réputation ou leur carrière. Pourtant, la loi du travail est assez claire à ce sujet. Elle se range même du côté des mères qui souhaitent entretenir ce lien primitif avec leur enfant. Ainsi toutes les salariées allaitantes ont le droit de prendre deux pauses de trente minutes par jour sur leur temps de travail pour se consacrer à cette mission. Elles y sont autorisées jusqu’au premier anniversaire de l’enfant.

Mais pas question de récolter ce précieux nectar devant les yeux à moitié éberlués des collègues. Dans l’idéal, l’entreprise est censée offrir un local « dédié », avec des conditions d’hygiène irréprochables, un point d’eau à disposition et des sièges suffisamment confortables. C’est même une obligation dans les firmes qui comptent plus de 100 salarié.e.s. À noter que si votre supérieur.e ne respecte pas vos droits, iel risque des sanctions pénales, notamment des contraventions de 1000 et 3000 euros en cas de récidive.

Jusqu’en 1975, l’allaitement au travail était encore mieux traité puisqu’il existait un congé spécifique. Toutefois, certaines conventions collectives le maintiennent toujours. C’est le cas dans le milieu de l’audiovisuel. Il prévaut également si vous avez eu des pathologies postnatales. Enfin, dernier point, le temps accordé à l’allaitement au travail n’est pas rémunéré. Il est plus considéré comme une « faveur ».

Les différents types d’allaitements possibles au travail

Lorsqu’il s’agit d’allaiter au travail, il existe plusieurs approches que les mamans peuvent adopter en fonction de leurs besoins, de leur emploi du temps et de leurs préférences personnelles. Certaines souhaitent que leur enfant se nourrisse directement à la source tandis que d’autres se sentent plus à l’aise avec des biberons de substitution.

Forcément, au début, bébé aura peut-être du mal à se faire à cette drôle de mamelle caoutchouteuse, d’où l’importance de l’initier en douceur. Sinon, il existe également un entre-deux pour les mamans indécises.

  • Allaitement direct : il consiste à nourrir votre bébé au sein chaque fois que vous êtes ensemble, qu’il s’agisse des heures avant et après le travail, des jours de congé ou même pendant les pauses si vous travaillez à proximité. Une éventualité si vous avez un agenda flexible et la liberté de gérer votre temps comme bon vous semble. Si jamais cette option vous intéresse, il convient d’en parler avec votre supérieur.e au préalable pour éviter les malentendus.
  • Allaitement mixte : l’allaitement mixte combine l’allaitement au sein avec l’introduction du lait maternel exprimé ou du lait infantile par biberon lorsque vous n’êtes pas avec votre bébé. Il permet de garder ce lien si unique avec le bébé tout en ayant une certaine indépendance.
  • Allaitement partiel au sein : si vous ne pouvez pas allaiter à chaque tétée, vous pouvez choisir de le faire lors des moments où vous êtes avec votre bébé et d’utiliser le lait exprimé ou le lait infantile pendant les heures de travail. Cette approche vous permet de maintenir l’allaitement tout en répondant aux exigences de votre travail.

Et si bébé ne se fait pas au biberon ?

À noter que si bébé n’est pas réceptif au biberon et refuse d’y tremper ses lèvres, il existe d’autres alternatives. Même si le biberon mime le mamelon sécurisant de la maman, il a parfois tendance à perturber le bébé et à l’induire en erreur. Il l’interprète un peu comme une tromperie sur la marchandise. Si c’est le cas, vous pouvez essayer les softcups, les tasses ou encore les pipettes.

Quel matériel faut-il apporter au travail ?

L’allaitement au travail c’est toute une logistique. Mais pas besoin d’en venir aux tableaux Excel ni aux « to do lists » anxiogènes pour assurer sa réussite. Certes, il faut une sincère motivation, une bonne tête et un certain sens de l’organisation pour bien démarrer ce « métro, boulot, lolo », mais rien n’est impossible. Tout est question d’adaptation.

Forcément, vous n’allez plus débarquer au travail avec un tote bag maigrichon, mais avec tout votre attirail d’allaitement. Là, il faudra peut-être envisager de ressortir l’ancien sac de sport, voire même le sac isotherme ordinairement dédié aux pique-niques. L’allaitement au travail ne résume pas en un accessoire, mais bien plusieurs.

Liste des accessoires indispensables

Voici une liste (non exhaustive) pour limiter les fuites en réunion et rendre la collecte lactée plus supportable :

  • Des coussinets d’allaitement : jetables ou lavables ils peuvent absorber les fuites de lait et garder vos vêtements au sec. Un petit item rassurant, surtout lorsque la journée est ponctuée de rendez-vous. Pensez également à apporter un soutien-gorge de rechange, si jamais le vôtre finit détrempé par une montée de lait soudaine.
  • Glacière isotherme : si vous n’avez pas accès à un réfrigérateur au travail, une glacière isotherme avec des pains de glace peut s’avérer indispensable pour conserver le lait maternel au frais jusqu’à ce que vous puissiez le ramener à la maison.
  • Tire-lait : c’est l’outil clé pour exprimer votre lait au travail. Optez pour un modèle efficace et confortable qui répond à vos besoins. Les tire-laits électriques à double pompage sont généralement recommandés pour gagner du temps. Anticipez également les potentiels aléas en prenant des pièces de rechange telles que des membranes, des valves et des flacons de collection en double
  • Serviette ou lingette : pour vous essuyer et vous sentir toujours propre, les mouchoirs du bureau ne suffiront pas. Prévoyez donc des lingettes douces ou une serviette dédiée.
  • Crème pour les mamelons : l’allaitement est susceptible d’irriter les mamelons et créer une sensation de gêne. D’autant plus qu’avec ce nouveau rythme, la lactation n’est pas toujours optimale. Pour soulager votre poitrine, il existe des crèmes apaisantes spécifiques. Plus question d’avoir les mamelons en feu pendant une présentation PowerPoint.

Comment conserver le lait maternel au travail ?

En plébiscitant l’allaitement au travail, le plus grand risque est que le lait maternel ne soit pas bien conditionné. Et donc qu’il se détériore. Il se conserve au moins 3 à 4 heures à température ambiante. Ce qui vous laisse une certaine marge de manœuvre. En revanche, si vous ne rentrez pas chez vous le midi, il faudra forcément le mettre au frais. Vous pouvez également prévoir des « biberons » d’avance. Le lait maternel se conserve jusqu’à 8 jours dans le bac à légumes du frigo.

Il est également possible de le congeler pour avoir un stock sous le coude. Contrairement au lait d’origine animale, celui maternel est assez résistant. Il peut rester 3 à 4 mois dans le congélateur sans que sa qualité ne soit trop altérée. Le lait maternel exige aussi un contenant propre et bien désinfecté. Vous pouvez donc très bien recycler vos bouteilles en verre pour cet usage. En revanche, il est conseillé de se tourner vers des solutions plus fiables comme des sachets de congélation adaptés.

Le succès de l’allaitement au travail réside surtout dans la communication entre la maman et son bébé. Puisque finalement c’est un exercice d’équipe délicat. La maman et le bébé doivent apprendre à se coordonner pour que cette expérience ne soit pas vécue comme un casse-tête, mais une chance. En revanche, certaines mères, déjà en détresse, craignent que cette décision leur rajoute une charge mentale supplémentaire.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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