Fête des Mères : une souffrance invisibilisée pour certaines femmes

La fête des Mères est, pour la plupart, une belle occasion de montrer son amour à travers des cadeaux. Mais pour certaines femmes, cette célébration peut raviver des souvenirs douloureux. Notamment chez celles qui n’ont pas eu la chance d’avoir un.e enfant alors qu’elles le désiraient (stérilité, fausse couche, etc.), ou celles qui ont perdu leur maman. La fête des Mères peut ainsi faire avant tout écho à un deuil.

Du côté des enfants également, on trouve des élèves mis de côté à l’école. Mais ces dernières années, certains établissements scolaires questionnent ce jour de célébration et proposent des alternatives plus inclusives et représentatives de notre société, notamment envers les familles monoparentales et homoparentales.

Des femmes pour qui il n’y a pas maternité à fêter

La fête des Mères aurait un goût amer pour de nombreuses femmes. Pour la plupart, c’est une journée synonyme d’adorables colliers de nouilles, de messages d’amour sur Instagram, et de célébrations. Mais ces odes à la fécondité sont réservées aux femmes ayant eu des mamans ou des enfants. La fête des Mères exclut alors celles qui n’ont pas eu de bébé. À cause d’une stérilité, d’une fausse couche, d’un décès de l’enfant.

Les personnes qui ont perdu leur mère vivent également la fête des Mères comme un poids, le rappel d’un manque pesant dans leur vie. C’est le cas notamment de Maude, une jeune femme dont la mère est décédée dans un accident il y a 9 ans. Le jour de la fête des Mères lui rappelle des souvenirs douloureux, elle préfère alors éviter les réseaux sociaux.

« C’est une journée chargée en émotion et triste, même si mon rapport au deuil s’est adouci, lui aussi », explique Maude à Noovo Moi

Une faille dans l’identité de femme

Dans la vie d’une femme d’aujourd’hui, devenir mère reste la norme sociale. On continue de voir dans les médias, la littérature, le cinéma et les réseaux sociaux des mères épanouies, bien à leur place. Et on perçoit les femmes qui fondent une famille comme si elles avaient trouvé une façon de « se réaliser ». Leur identité est socialement validée.

Quant à celles qui n’ont pas eu d’enfant, soit par choix, soit à la suite d’accidents de la vie (stérilité, fausse couche, etc.), c’est autre chose. La pression de leur entourage à justifier leur absence d’enfant peut mener chez certaines à « une détresse psychologique significative et des difficultés à trouver leur place dans leur famille et leur entourage social », comme l’explique la sociodémographe à l’INRS, Laurence Charton, à The Conversation. Cette dernière détaille une des études qu’elle a menée auprès de femmes qui n’ont pas eu d’enfant.

Ainsi, pour ces femmes, la maternité est apparue comme une phase importante dans la définition de soi et la construction identitaire. Plusieurs d’entre elles ont déclaré ressentir un sentiment d’échec, et ne pas se sentir « complètement accomplies ». Fêter la maternité revient donc à leur rappeler leur faille identitaire.

Des alternatives à la fête des Mères dans les écoles

La norme de la famille – père, mère, enfant – n’est pas représentative de la réalité. Les schémas familiaux sont bien plus divers aujourd’hui. Ces dernières années, des écoles ont ainsi décidé de questionner la fête des Mères. Comment célébrer cette journée avec les enfants qui ont vu un.e de leur parent décédé.e ou qui n’ont plus de contact avec leur mère ? Et comment penser aux familles monoparentales, aux familles avec deux mamans, deux papas, ou encore celles dans lesquelles le parent ne s’identifie pas comme une femme cisgenre ? Chaque année, plusieurs enfants sont mis.es de côté lors de cette célébration de la maternité.

Certaines écoles ont alors choisi de fêter l’amour familial, en évitant d’imposer à l’enfant d’offrir un cadeau à la mère. Au lieu de la fête des Mères, on célèbre la fête des gens qu’on aime, une « fête de la famille ».  Mais cette tradition n’est pas une obligation dans l’éducation des enfants, elle est laissée à l’appréciation des enseignant.e.s. Il en revient alors à chacun.e de proposer une alternative plus inclusive à cette fête.

Ayons conscience que la fête des Mères n’est pas un moment joyeux pour tou.te.s. Les sentiments qui nous traversent à l’approche de cette date clé (tristesse, dégoût, culpabilité, etc.) ne sont pas toujours évidents. Et c’est OK !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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