Avant d’éteindre la lumière, les parents penchent la tête sous le lit et font le tour de la chambre des bambins pour les rassurer. Nombreux sont les enfants qui pensent qu’un monstre se cache de l’autre côté du matelas. Et à en croire leur description, ce n’est pas un monstre gentillet à la Pixar, mais une créature sinistre. Même si pour vous les monstres n’existent que dans les films d’horreur, c’est en réalité une métaphore bien plus profonde qu’elle n’y paraît.
Une peur normale, saine et nécessaire
On l’a tous entendue, parfois chuchotée, parfois hurlée, toujours avec la même urgence : « Il y a un monstre sous mon lit ! ». Une phrase qui traverse les générations comme un petit rite universel de l’enfance. Et les parents se sentent obligés de vérifier dans tous les coins de la pièce à la manière des protagonistes de « SOS fantômes ». Ils retournent toute la chambre pour prouver à leur enfant qu’il ne craint rien, qu’il est en sécurité. Sur le coup, les parents se disent « c’est dans sa tête, ça va passer » et ils n’ont pas totalement tort. Vers 4 ou 5 ans, l’enfant développe une imagination débordante : son cerveau devient un véritable générateur de scénarios, capables de rendre une ombre vivante ou un bruit mystérieux absolument terrifiant.
À cet âge, le cerveau apprend à gérer l’inconnu, l’obscurité, l’absence de parents dans la pièce. Ce qui ressemble à une peur irrationnelle est en fait une phase d’apprentissage émotionnel. L’enfant teste ses limites, explore son anxiété et découvre comment la réguler. En d’autres termes, le monstre sous le lit est un personnage utile : il aide l’enfant à apprivoiser la peur, comme on apprend à nager avant de se lancer dans le grand bain.
C’est l’instinct de survie qui parle
Cet enfant, qui croit qu’un monstre campe sous son lit, n’a pas abusé des histoires terrifiantes. Il a juste une réaction normale face à la nuit. Depuis la préhistoire, notre cerveau réagit automatiquement aux zones sombres, aux bruits inconnus, aux espaces cachés. Pour nos ancêtres, le danger pouvait effectivement se trouver derrière un rocher, dans un buisson… ou potentiellement sous un abri. Aujourd’hui encore, cette programmation biologique reste active, surtout chez les plus jeunes, dont le cerveau émotionnel est très dominant.
Résultat : sous un lit, c’est sombre, inaccessible, inconnu, exactement le type d’endroit qui déclenche un réflexe de vigilance. Le cerveau de l’enfant interprète ce lieu comme potentiellement dangereux, et son imagination prend ensuite le relais pour donner un visage à ce danger : un monstre, une créature, un « quelque chose ». Un enfant qui dort sur un tatami n’aura probablement pas cette crainte.
Quand le monstre illustre des émotions
Le monstre sous le lit, antagoniste du gentil ami imaginaire, est une personnification des peurs de l’enfant. Autrement dit, ce prétendu monstre qui retarde l’endormissement de votre bambin et qui se cache dans la pénombre, est un amas d’émotions. Ces petites créatures qui hantent l’esprit des enfants une fois la nuit tombée peuvent symboliser :
- une inquiétude récente (séparation, déménagement, entrée à l’école),
- une émotion qu’il ne sait pas encore nommer,
- un besoin d’être rassuré, contenu, entendu,
- ou simplement le besoin d’exister à travers une grande histoire.
Le monstre, en réalité, agit comme un support d’expression. Une émotion vague devient soudain concrète, visualisable, et donc rassurante : on peut en parler, l’affronter, le chasser. C’est la raison pour laquelle écouter un enfant qui a peur est souvent plus efficace que le convaincre que « les monstres n’existent pas ». Lui permettre de verbaliser, d’inventer, de dessiner ou de nommer ce monstre donne à son cerveau les outils pour reprendre le contrôle.
Le monstre sous le lit ne fait pas que disparaître : il laisse place à une force intérieure plus grande. Pour que votre enfant s’enrichisse de sa présence au lieu de la redouter, passez lui « Monstre & Cie ». Il prendra certainement plaisir à lui dire bonne nuit après le visionnage.
