Parler de sexualité avec son enfant, c’est comme jardiner : inutile d’attendre que la fleur pousse toute seule ou de verser 10 litres d’eau d’un coup. Il faut semer, un peu, souvent, et surtout, avec tendresse. Par où commencer ? Et surtout, quand ? Éclairage.
Exit le mythe de la grande discussion
L’image est tenace : vous vous asseyez, l’enfant en face de vous, regard inquiet, silence pesant… Et vous vous lancez dans LA discussion. La fameuse. Celle qui, dans les films, fait rougir tout le monde et se termine souvent par un « Bon… voilà, si tu as des questions ». Sauf que, dans la vraie vie, ça ne fonctionne pas vraiment comme ça.
Les spécialistes de la parentalité, comme la Dre Michele Borba, insistent sur un point : il est plus sain – et beaucoup plus efficace – de parler sexualité par petites touches, au fil du temps. Comme une série, pas un long métrage. C’est moins intimidant, plus naturel, et cela permet à l’enfant de construire une compréhension progressive, à son rythme.
Commencer tôt… sans tout dire d’un coup
Commencer tôt ne veut pas dire aborder d’emblée les détails techniques du rapport sexuel. Avec un tout-petit, cela peut être aussi simple que de nommer les parties du corps par leur nom exact. Vulve, pénis, testicules… des mots justes, dédramatisés, qui posent les bases d’un vocabulaire sain et évitent les malentendus.
En nommant clairement les choses, vous montrez à votre enfant qu’il ou elle peut parler de son corps sans honte ni gêne. C’est un vrai cadeau que vous lui faites, pour aujourd’hui et pour plus tard.
Chaque âge, ses mots, ses besoins
À 4 ans, on ne pose pas les mêmes questions qu’à 14, et c’est bien normal. L’idée n’est pas d’anticiper toutes les conversations possibles, mais d’adapter votre discours à l’étape de développement de votre enfant.
Entre 3 et 6 ans, on peut par exemple parler des différences filles/garçons, de l’intimité, du respect du corps. Ce sont des années où l’enfant observe beaucoup, pose des questions simples, et apprend par l’exemple.
Entre 7 et 11 ans, place aux questions plus précises : comment on fait les bébés, pourquoi les corps changent, ce qu’on ressent quand on est amoureux. La puberté arrive, parfois en silence, et c’est le moment idéal pour aborder les changements avec bienveillance.
À l’adolescence, les discussions peuvent se complexifier. On peut parler de désir, de contraception, de consentement, mais aussi de pression sociale, d’images véhiculées par la pornographie, et des premières relations amoureuses. Toujours avec respect, sans jugement, même quand on est un peu bousculé intérieurement par certaines confidences de son enfant.
@vanessaandxander Talking to your kiddos about sex can feel daunting to say the least. 😅 #healthyrelationships #sextherapybusiness #sextherapist #forparents #talktoyourkids ♬ original sound – Vanessa + Xander Marin
Les petits moments font les grandes conversations
Vous n’avez pas besoin d’attendre la bonne occasion avec un grand O. Ces sujets s’invitent souvent par la petite porte. Une scène dans un film, une pub à la télé, une phrase entendue dans la cour d’école… Autant d’occasions d’ouvrir la discussion, tranquillement.
Une simple question comme : « Tu sais ce que ça veut dire ? » suffit à lancer un échange. Et si votre enfant ne répond pas tout de suite, ce n’est pas grave. Il ou elle saura que vous êtes là, disponible, et que ces sujets peuvent être abordés sans crainte.
Et si votre enfant ne pose jamais de questions ?
Cela ne signifie pas qu’il ou elle ne s’y intéresse pas. Parfois, les enfants n’osent pas. D’autres fois, ils n’y pensent simplement pas sur le moment. Ce n’est pas un problème. Ce qui compte, c’est que vous laissiez la porte ouverte.
Un simple : « Si un jour tu veux en parler, je suis là » peut suffire. Et si vous ne savez pas quoi répondre sur le moment, n’ayez pas peur de dire : « Je vais y réfléchir, je te répondrai bientôt ». Ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est une preuve de respect.
L’éducation affective : un tout, pas juste une « leçon de sexe »
Parler de sexualité, ce n’est pas juste parler de « comment on fait les bébés ». C’est aussi parler de respect, de consentement, d’émotions, de corps qui changent et de relations qui se construisent. C’est transmettre des valeurs, une vision du monde, une confiance en soi. Votre posture, votre manière d’écouter, vos réactions comptent tout autant que vos mots. Le message le plus fort, c’est souvent : « Tu peux tout me dire, sans peur ».
Il n’y a ainsi pas d’âge idéal, pas de script parfait. Chaque enfant est différent, chaque parent aussi. Et vous êtes la meilleure personne pour savoir quand et comment aborder ces sujets avec votre enfant. Ce qui compte, c’est d’avancer à deux, avec sincérité et sans tabou. Parler de sexualité, c’est ouvrir un espace de confiance. Et si vous vous sentez maladroit, ce n’est pas grave. Car en fin de compte, ce que votre enfant retiendra, c’est la liberté qu’il ou elle aura ressentie de pouvoir parler, avec vous, en toute sécurité.