Êtes-vous sapiosexuel.le ?

Quand on vous demande quelles qualités recherchez-vous chez un.e futur.e partenaire, que répondez-vous ? Si la plupart des qualités requises concernent son physique, passez votre chemin, vous n’êtes très certainement pas sapiosexuel.le. Par contre si parmi vos critères, l’intelligence est de mise, vous faites peut-être partie des 8 % de la population mondiale ayant cette orientation sexuelle, selon une étude menée en 2018 par l’Université de Western Australie. Intrigué.e ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce nouveau mot qui fera sans doute prochainement son entrée dans le dictionnaire.

La sapiosexualité, c’est quoi au juste ?

Si vous n’en avez jamais entendu parler, ne vous inquiétez pas, même le correcteur automatique ne le reconnaît pas. Le mot « sapiosexuel » est un mix d’un adjectif latin « sapio », qui veut dire « intelligent.e, sage, raisonnable », et du nom « sexualité ».

La sapiosexualité émet l’idée que l’intelligence est plus importante que la beauté physique. Ainsi, les sapiosexuel.le.s repoussent les standards de notre époque qui se résume à l’apparence et à l’argent, pour un esprit instruit et une personnalité charismatique. Notons qu’être sapiosexuel.le n’exclut pas d’autres formes de sexualité, comme la bisexualité ou la pansexualité.

On revient finalement à un comportement vieux comme le monde. « Il s’apparente à l’attirance dite ‘pour le mâle alpha’. Cela réactive des fonctionnements ancestraux dans le cerveau : quelqu’un qui paraît plus intelligent sera plus apte à protéger et à procréer » selon la sexologue Patrizia Anex pour Le Temps. Elle donne d’ailleurs un exemple très parlant : Fabrice Luchini. « Une personnalité érudite qui ne répond pas aux canons de la beauté masculine, mais qui met les femmes en pâmoison par son éloquence. »

Êtes-vous sapiosexuel.le ?

Après en avoir appris un peu plus sur le sujet, il nous tarde de définir pour vous les pistes qui vont déterminer si vous faites partie de cette communauté. Voici donc quelques exemples, qui, s’ils vous parlent, font de vous un.e membre à part entière de ce nouveau pan de la sexualité.

  • Vous êtes attiré.e par l’intellect, la discussion, l’intensité et la qualité de la relation, l’humour. Ce n’est pas vraiment la situation sociale ou l’origine des gens qui importent, c’est leur capital culturel, leur intelligence sous toutes ses formes, leur savoir, leur imagination… C’est ce que l’on appelle « la présence spirituelle ».
  • Vous aimez les partenaires plus âgé.e.s. Il faut du temps avant de devenir un.e sapio à lunette de renom…
  • Vous développez des compétences pour essayer d’arriver aux compétences intellectuelles de votre partenaire pour l’attirer aussi. Vous le.a considérez comme supérieur.e.
  • Vous valorisez la complexité des échanges. Une dispute est donc l’occasion d’apprendre l’un de l’autre. Les sapiosexuel.le.s sont souvent des personnes libres d’esprit, très ouvertes aux nouvelles expériences.

Alors, vous en êtes… ou pas ? À quel point le physique pèse-t-il dans vos rencontres amoureuses ? À quel point l’intelligence prend-t-elle le dessus ?

Une démocratisation sur la scène publique

Cette sexualité ne date donc pas d’hier, mais prend de plus en plus d’ampleur en faisant des adeptes par-ci par-là. On doit notamment sa popularisation à l’un des plus grands sites de rencontres, OkCupid. En 2014, ce dernier a en effet fait une mise à jour de ses critères et a ajouté quelques catégories comme non-binaire, queer, asexuel.le, « ne sais pas » mais aussi sapiosexuel.le.s.

Depuis, d’autres sites et applications de rencontre ont suivi ajoutant « Sapio » comme critère, avec pour ligne de mire : « lorsque l’attraction physique et intellectuelle sont mise sur un pied d’égalité ». Assez bizarre finalement, puisque le principe même d’une appli de rencontre se base sur des profils avec des photos à faire défiler…

Plus récemment, des personnalités se sont revendiquées comme tel. Par exemple le chanteur et DJ britannique Mark Ronson dans une interview pour Good Morning Britain. Mais aussi en France, la ministre Marlène Schiappa se revendique sapiosexuelle dans une interview pour le JDD, tout comme le personnage principal de son livre « Pas plus de quatre heures de sommeil ».

Une communauté loin d’être minoritaire

Une page Facebook est également dédiée au phénomène. « Sapio Love » regroupe plus de 13 000 membres. Critique de livres et longues discussions sur la grammaire sont de mise dans cette communauté.

On peut notamment y lire « séduisez mon esprit et vous pourrez avoir mon corps«  ou encore « avoir une conversation profonde avec quelqu’un qui a un esprit brillant est une nouvelle façon de faire l’amour« . Ici, place donc aux citations de Verlaine, et aux débats sociétaux qui font bien plus monter le désir. On est bien loin des vieilles phrases de loveur.se.s toutes pourries et remplies de fautes d’orthographe…

Ce qui se cache derrière cette orientation…

Après avoir lu tout ce qui fait d’un.e sapio un.e sapio, on peut vite les prendre pour de « gros snobs ». Il.elle.s avancent cette idée d’égalité entre corps et esprit, mais ne creusent-il.elle.s pas finalement les différences ? Selon quels critères évaluent-il.elle.s cette « intelligence » ? Comment déterminent-il.elle.s qu’une personne est plus intelligente qu’une autre ? Qui sont-il.elle.s pour pouvoir la détecter chez l’autre ? N’est-ce pas une façon de rester dans le même milieu social aisé et élitiste, car tout le monde n’a pas accès à la culture ? Et puis, de quelle intelligence parle-t-on, de la culture ou du QI ?

Selon certain.e.s expert.e.s, ce type d’étiquette répond au besoin que l’on a de recatégoriser la sexualité. Une manière de remettre de la sécurité dans un domaine très libre. Cela amène à des comportements comme ceux-ci : renforcer l’étiquette, la revendiquer, la rejeter ou la remplacer par une nouvelle.

Être sapiosexuel.le constituerait ainsi l’ultime transgression dans un monde dominé par l’image. Revendiquer cette orientation sexuelle permettrait d’affirmer sa rébellion : « je ne suis pas avec lui.elle seulement parce qu’il.elle est beau.belle« . Selon le sexologue Patrick Papazian, au micro de LCI, il s’agit ainsi souvent d’une passade qui cache en réalité un trouble du désir : leur libido est en pente descendante, et il.elle.s pensent que l’esprit d’un.e intellect.e pourra les sauver. Il.elle.s veulent le.a sentir brillant.e pour se sentir brillé.e.

Moralité : lors de votre prochaine recherche Tinder, ne sous-estimez pas le pouvoir de séduction d’un vocabulaire décent ! Alors, pensez-vous être sapiosexuel.le ? Partagez votre ressenti sur le forum, rubrique Sexualité, Vie de couple.

Léa Dechambre
Léa Dechambre
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