Le préservatif boudé par les ados : ce que l’OMS veut absolument que vous sachiez !

Le dicton « sortez couvert » a la vie dure. Comme le pointe le nouveau rapport de l’OMS sur la santé sexuelle des jeunes, les ados sont nombreux à coucher sans protection. Les garçons oublient le préservatif de leur plein gré et les filles zappent délibérément la pilule. Le constat est le même dans presque tous les pays d’Europe. Les ados qui ont une vie sexuelle active abandonnent ces gestes préventifs qui autrefois étaient instinctifs sous la ceinture. Un choix inconscient qui illustre surtout de sérieuses lacunes en matière d’éducation sexuelle. L’usage du préservatif n’est plus une évidence chez les ados et c’est bien ce qui inquiète l’OMS. En renonçant à ce petit bouclier en latex, les jeunes risquent d’écoper d’IST qu’ils regretteront peut-être toute leur vie.

Le préservatif moins plébiscité par les ados selon les chiffres

Autrefois, les jeunes avaient toujours un petit stock de préservatifs dans leur poche « au cas où ». Ils dépliaient leur pack avec une certaine fierté. Les parents ne manquaient d’ailleurs pas de leur rappeler l’importance de ce petit capuchon. Mais aujourd’hui, les ados qui font leur premier pas dans l’intimité ouvrent la braguette et foncent sans barricader leur pénis. Ce petit gilet pare-sperme a déserté le sexe des jeunes garçons, qui semblent appliquer la devise « YOLO » (on ne vit qu’une fois – ndlr) jusque sous la couette.

Selon les données récoltées auprès de plus de 242 000 jeunes de 15 ans dans 42 pays, la proportion de garçons affirmant avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passée de 70 % en 2014 à 61 % en 2022. Chez les adolescentes le chiffre a chuté de 6 %, passant de 63 % à 57 % au cours de cette période. L’imprudence ne s’arrête pas là. Près d’un tiers des ados ont également avoué n’avoir utilisé ni préservatif ni pilule lors de leur dernier ébat. Ces chiffres recueillis par l’OMS interpellent et suscitent l’incompréhension.

Le préservatif, qui est la base de toutes parties de jambe en l’air, ne fait plus l’unanimité chez les ados. Les jeunes sont-ils plus irresponsables ou tout simplement moins informés ? Pourquoi laissent-ils tomber le préservatif, supposé être leur meilleur allié ? La réponse n’est pas forcément celle que vous imaginez.

Quid de la pilule contraceptive ? Est-ce le même désamour ?

Avec l’essor du féminisme, les jeunes filles pourraient boycotter la pilule contraceptive et refuser de la porter à leur bouche par conviction ou pour des raisons de santé. Pourtant, à la différence du préservatif, les ados continuent de faire sonner leur téléphone à la même heure, chaque jour pour prendre ce petit comprimé aux grands effets. Les chiffres n’ont presque pas bougé entre 2014 et 2022. Au total, 26 % des jeunes de 15 ans déclarent qu’elleux-mêmes ou leur partenaire ont pris la pilule lors de leur dernier rapport.

Le rapport de l’OMS brosse également un portrait robot des réfractaires de la contraception. Il révèle que 33 % des ados issu.e.s des familles peu aisées n’ont pas eu recours au préservatif ou à la pilule contraceptive contre 25 % pour celleux qui viennent de familles plus aisées. Mais pas question pour autant de faire des « généralités » et de rejeter la faute sur le milieu social.

L’OMS fustige le manque d’éducation sexuelle

La loi de 2001 prévoit trois séances d’Éducation sexuelle par an pour tous les élèves de France. Mais l’école n’est pas très assidue et manque à son devoir. Selon une étude IFOP pour Cas d’École, 67 % des jeunes de 15 à 24 ans déclarent ne pas avoir bénéficié de ces trois séances annuelles. Sur les tableaux blancs, les élèves sont plus susceptibles d’apprendre comment les grenouilles se reproduisent que les fondements de la sexualité humaine.

L’éducation nationale semble compter sur les parents pour ouvrir cette conversation, visiblement « difficile ». Résultat : les ados se forment sur le tas ou à travers les films X, qui ne sont pas les meilleures références. Pas étonnant donc que le préservatif ne soit plus synonyme d’impératif pour les ados, livrés à elleux-mêmes dans la sexualité.

« De nombreux pays négligent encore de dispenser une éducation complète à la sexualité adaptée à l’âge et, lorsqu’elle existe, elle est de plus en plus critiquée ces dernières années en raison de l’hypothèse erronée selon laquelle elle encourage les comportements sexuels », déplore Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe

Il estime que cet abandon des protections sexuelles est dû à une mentalité réactionnaire et ajoute que « le pire est à venir » si rien n’est fait. L’OMS incite les pays d’Europe à agir et à ne plus fuir ce sujet essentiel. Pour que le préservatif s’invite à nouveau dans l’intimité des ados, il est urgent d’enseigner la sexualité au même titre que l’histoire-géo et les maths.

Les risques encourus des rapports « à nu », sans protection

Se délester du préservatif, ne serait-ce qu’une seule fois, peut ébranler la santé des ados à tout jamais. Certes, les sensations éprouvées dans les va-et-vient sont plus intenses et enivrantes. Mais que valent quelques minutes de plaisir face à une IST éternelle ? L’OMS craint une hausse considérable des IST et des grossesses non désirées. Mieux vaut donc prévenir que guérir.

« En réalité, doter les jeunes des bonnes connaissances au bon moment permet d’obtenir des résultats optimaux en matière de santé, liés à des comportements et des choix responsables », insiste Henri P. Kluge

Si le préservatif se fait désormais rare entre les jambes des ados, c’est surtout par mégarde et méconnaissance. À défaut de ne pas avoir de cours d’éducation sexuelle, les ados se fient beaucoup aux images des pornos. Or, les acteurs de X qui chaussent un préservatif avant d’aller plus loin relèvent de l’exception. Selon une étude, sur 100 films de ce genre, seuls 3 % des actes de pénétration pénienne intravaginale ont été « protégés » par l’utilisation d’un préservatif.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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