Un phénomène inattendu se développe dans plusieurs grandes villes de Chine : des femmes, souvent jeunes et stressées, paient entre 20 et 50 yuans (3 à 7 dollars US) pour quelques minutes de câlin avec ce qu’elles appellent des « man mums » – des « hommes musclés, mais doux ».
« Man mums » : des hommes entre force physique et douceur
Le terme « man mum », initialement utilisé pour désigner des hommes aux physiques athlétiques, évolue désormais pour désigner une catégorie d’hommes combinant présence physique rassurante et qualités émotionnelles traditionnellement attribuées aux femmes : douceur, calme, attention. Ces hommes proposent leurs services via les réseaux sociaux, notamment à Pékin, Shanghai ou Guangzhou.
Les femmes choisissent leur « man mum » selon des critères variés : apparence, corpulence, façon de s’exprimer, courtoisie. Les échanges ont lieu en général dans des lieux publics (stations de métro, centres commerciaux), souvent après un bref échange privé pour fixer les modalités.
Une réponse à la pression émotionnelle
Selon My News, certaines femmes évoquent la pression des études, du travail ou la solitude. Une étudiante a posté sur un forum : « J’ai été prise dans une spirale de stress. J’ai pensé qu’un câlin d’un inconnu bienveillant pourrait m’aider à me recentrer ».
Une autre utilisatrice surnommée Fox raconte avoir rencontré son « man mum » dans un café, lui avoir offert un livre, avant un court câlin suivi d’une discussion sur leurs centres d’intérêt. « Ce n’est pas tant le contact physique que la chaleur humaine qui m’a fait du bien », a-t-elle expliqué.
Câlins tarifés et distance émotionnelle
Zhou, un homme proposant ces services, affirme avoir donné 34 câlins pour un total de 1 758 yuans (environ 240 dollars). Il précise qu’il soigne son apparence (maquillage, coiffure, parfum) pour offrir une expérience agréable, mais insiste sur la nature encadrée et distante du service, qu’il ne souhaite pas professionnaliser.
Pour lui, le tarif permet de maintenir une frontière claire et d’éviter les malentendus. Certaines femmes interrogées vont dans ce sens : payer permettrait de poser un cadre clair, limitant les risques de comportements inappropriés.
Une pratique qui divise
Ce phénomène suscite des débats en ligne. Certaines personnes y voient une forme saine de recherche de réconfort dans une société de plus en plus isolée. D’autres critiquent une possible confusion entre soutien émotionnel et recherche d’intimité. Une avocate, Su Dan, prévient que ces services pourraient aussi masquer des comportements à risque ou des cas de harcèlement sous couvert de bien-être.
Les « man mums » traduisent ainsi une évolution des besoins affectifs dans un contexte de stress croissant et de solitude urbaine. Si cette pratique peut surprendre, elle soulève aussi des questions essentielles : qu’est-ce qui fait lien aujourd’hui ?, comment comble-t-on le vide émotionnel dans une société de plus en plus dématérialisée ?