[Tribune] « Cachez ce téton que je ne saurais voir » : le message d’une psychopraticienne

Les seins demeurent, dans l’imaginaire masculin et féminin, LA spécificité même du corps de la femme. Selon les cultures et les époques, ils peuvent être dotés d’un caractère sexuel qui peut occuper la prépondérance au-delà des fessiers, de la taille, des yeux, des jambes ou même des pieds. Notre poitrine est aussi la partie du corps qui nous distingue de notre semblable masculin. Elle déchaîne souvent des passions, entre étrangeté et désir, peurs et envie, dégoût et plaisir, et cela, grâce aux dessous dessus, comme si elle était emballée ou parée : un cadeau aux regards qui s’emparent, prennent, volent ou s’envolent.

Comme disait Montaigne (1533-1592), « il y a certaines choses que l’on cache pour les montrer ». Car si le désir s’entretient à travers le manque et le cacher-deviner, s’imaginer et se remémorer stimule le désir du voir. Car il s’agit bien d’une affaire de regards qui gravitent autour de ce monticule et pas de l’appendice comme le disait Cyrano. Entre le regard des femmes sur elles-mêmes, celui que portent les hommes sur elles et celui de la société, certaines sont obligées de préciser et de formuler : « regardez-moi bien dans les yeux ».

Le sein, dans tous ses états

Les seins apparaissent à la puberté chez la jeune fille. Ils sont composés de graisses à 70 % et de petites glandes mammaires qui s’activent au moment de la lactation. L’autre particularité des seins réside dans le fait que, contrairement aux poils pubiens camouflables, épilables, rasables selon nos envies et aux règles qui ne se manifestent que pendant 5 jours en moyenne par mois, ils s’installent durablement, parfois généreusement, en suscitant pudeur honteuse de la jeune fille en mutation qui ne sait que faire, quoi en faire…

Car comment cacher ce qui dépasse de soi ? Avec un refrain ambivalent : « cachez ce sein que je ne saurais voir… ». Les seins poussent donc librement, n’en faisant qu’à leur tête, selon les lois génétiques et hormonales. Ils peuvent laisser perplexe et complexer les jeunes filles. D’autant que, pour certaines poitrines, ils sont plus source de douleur que de plaisir. Ils peuvent aussi être contraignants, exigeants, envahissants et nécessitent parfois un appareillage : soutien-gorge, gaine, push-up… Un vêtement soit pour glorifier, soit pour camoufler, les mettre en évidence ou encore les contraindre. Selon le contexte historique et socioculturel, le soutien-gorge voit également son usage évoluer.

L’importance du curseur sociétal

Les normes de beauté changent au cours des siècles. À la femme de s’adapter à l’homme, de suivre ou de précéder, et cela, selon les cultures faisant osciller le « Whaouh » et le « Ouais, bof » en fonction du curseur sociétal et en faisant de l’apparence le reflet de nos ressentiments. Ainsi, le sein est plutôt lecture de tous les seins.

À la préhistoire, la femme est représentée en sculpture avec des fesses, des ventres et des hanches généreuses destinées à procréer. Pour les Crétoises, 2000 ans avant Jésus-Christ, il fallait se serrer la taille dans une crinoline et un corset pour, de ce fait, faire ressortir leur poitrine. Au Moyen Âge, la mode est aux seins minuscules, aux ventres rebondis et aux grands pieds. Chez les Grecs ou les Romains, la société préfère les seins volumineux. Les femmes portent alors des vêtements amples et fluides semblables à ceux des hommes. On recherche une harmonie totale du corps et de l’esprit à l’image de la Vénus de Milo.

Au XVe siècle, un corset apparaît pour aplatir, maintenir les seins et mettre en exergue le ventre qui fascine. À la fin du XVe siècle, les artistes mettent plutôt en avant des corps plus masculins, élancés, munis de mamelles et avec des vêtements qui font disparaître les formes. À la fin de l’empire, les seins à la mode étaient écartés. Puis, au XVIe siècle, les critères pour de beaux seins sont orientés plutôt sur la fermeté et la rondeur, comme la Vénus d’Urbino de Titien. Au XVIIe siècle, les femmes mettent en valeur leurs seins. C’est l’usage des baleines dans les corsets, véritables instruments de torture, qui compriment le corps dans objectif de créer un décolleté plongeant. Dans les années 1900, c’est la période où la femme n’a jamais été aussi prisonnière. Au XXe siècle la mode est aux seins comme les obus… Est-ce un écho conscient ou non aux guerres ? À la famine ?

Des sculptures de déesses… à Instagram

Désormais, dans la société Occidentale, la poitrine s’exhibe, ne se cache plus. Les goûts masculins et féminins se diversifient. Les diktats de beauté sont régis par la publicité et les réseaux sociaux. De là, partent aussi les mouvements de libération du corps des femmes et, plus spécifiquement, le choix de porter ou non un soutien-gorge. Les femmes oscillent également entre les push-up, les prothèses ou les réductions mammaires. Les opérations se multiplient pour augmenter ou réduire sa poitrine selon les desiderata, et le bistouri n’est pas loin. Une errance parfois résonne ou déraisonne: à quel sein se vouer ?

Les seins peuvent attirer des comportements grossiers parce qu’ils sont à la fois support érotique, érogène et concomitamment nourricier. Le sein est dans ce monde, où la femme reste encore un objet du désir malgré elle, entre pouvoir et faiblesse. Le sein montré et assumé reste donc une affaire de regard, même quand il est caché-deviné. La femme est souvent réifiée à cette partie du corps dans la publicité, la réduisant à un corps silencieux vers lequel vagabonde le désir, l’érotisme et trop souvent la vulgarité, plutôt qu’à un esprit pertinent.

Redonnons la parole à ce sein qui ne cesse de s’adapter à l’extérieur, pour s’aimer. Semons un grain de liberté et libérons ces poitrines prisonnières en leurs seins… Libérons-les de ces regards tyranniques.

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