Une vidéo récemment publiée sur TikTok par la créatrice de contenu @shaylasjournal suscite un vif débat en ligne. On y voit la jeune femme, en voyage en Égypte, marcher dans la rue tout en filmant les interactions avec des hommes locaux. Les propos qu’elle reçoit sont explicites, parfois insultants, et traduisent une réalité : celle du harcèlement de rue vécu par de nombreuses femmes, locales comme étrangères.
Un témoignage filmé, sans filtres
La vidéo montre une succession d’approches verbales adressées à la voyageuse. Certaines sont prononcées sur un ton que les auteurs pourraient considérer comme flatteur, d’autres relèvent d’un registre ouvertement déplacé. Des phrases telles que « Je ferai disparaître ma femme pour toi » ou « Je veux voir ton corps » ponctuent son trajet.
Loin de chercher le sensationnel, cette vidéo soulève des questions sur la sécurité des femmes et la banalisation de ces comportements. Après la publication, @shaylasjournal a d’ailleurs désactivé les commentaires, signe d’une volonté de limiter les réactions potentiellement haineuses ou culpabilisantes à son encontre.
@shaylasjournal Comments are full of men telling me I’m too average to be harassed or I deserve it because of how I’m dressed. Can’t escape it anywhere it seems. #travel #traveltiktok #backpacking #Summer #egypt ♬ original sound – shayla
Le harcèlement de rue : un phénomène mondial, mais ici amplifié
Si le harcèlement de rue existe dans de nombreux pays, des études mettent en évidence que l’Égypte figure régulièrement parmi les pays où les femmes sont le plus confrontées à ce problème. Un rapport d’ONU Femmes en 2013 indiquait que 99 % des Égyptiennes interrogées avaient déclaré avoir subi une forme de harcèlement dans leur vie.
Ce contexte explique pourquoi le témoignage de @shaylasjournal trouve un écho particulier : il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais d’un phénomène structurel qui touche les femmes, quelle que soit leur origine.
Une perspective féministe : visibiliser sans culpabiliser
Le choix de filmer et de publier cette vidéo s’inscrit dans une logique féministe : documenter les violences verbales pour briser l’omerta. Trop souvent, les femmes qui dénoncent le harcèlement sont accusées d’exagérer, de provoquer ou de mal interpréter les gestes.
En montrant la séquence brute, sans montage suggestif, la créatrice de contenu @shaylasjournal renverse la charge de la preuve. Elle ne cherche pas à caricaturer la culture locale, mais à montrer que certaines attitudes portent atteinte à la liberté de mouvement et au sentiment de sécurité des femmes.
Le cadre légal en Égypte
Depuis 2014, l’Égypte a renforcé sa législation contre le harcèlement, prévoyant des peines de prison et des amendes. Toutefois, les associations locales soulignent que l’application de ces lois reste difficile, notamment en raison du manque de formation de certains agents de police et de la réticence des victimes à porter plainte.
La vidéo de @shaylasjournal illustre cette fracture entre textes de loi et réalité vécue. Sans mécanismes efficaces pour protéger et soutenir les victimes, les comportements abusifs continuent d’être tolérés dans l’espace public.
Au-delà de la vidéo : une réalité à combattre
Ce témoignage n’est pas seulement celui d’une touriste étrangère choquée par des comportements déplacés. Il rejoint celui de millions de femmes, égyptiennes comprises, qui doivent composer quotidiennement avec ce type d’interactions non désirées.
- La perspective féministe appelle à agir à plusieurs niveaux :
- Éducation et sensibilisation dès le plus jeune âge pour déconstruire la culture de l’impunité.
- Soutien aux victimes, notamment via des lignes d’assistance et des associations locales.
- Renforcement des lois et de leur application concrète.
La vidéo de shaylasjournal n’est pas qu’un moment capturé sur TikTok : c’est un fragment d’une réalité largement documentée par les ONG, les chercheuses et les militantes féministes. Le harcèlement de rue, qu’il prenne la forme d’un mot prétendument flatteur ou d’une remarque vulgaire, limite la liberté des femmes et leur droit fondamental à se déplacer en sécurité.
Visibiliser ces comportements est ainsi une étape indispensable pour que le débat ne se résume pas à un échange de clichés culturels, mais devienne une véritable discussion sur le respect, l’égalité et la justice.