Droit à l’avortement : où en est-on dans le monde ?

Totalement interdit dans certains pays, autorisé dans d’autres mais avec plus ou moins de restrictions… Le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) demeure très inégal et fragile dans le monde. À l’occasion de la Journée mondiale du droit à l’avortement ce jour, voici un tour du monde – non exhaustif – des conditions d’accès à l’avortement pour les femmes en 2021.

Interdiction totale à l’avortement

En Europe, l’interdiction totale de l’avortement reste exceptionnelle. Des femmes continuent malgré tout de se battre, à travers le monde, pour obtenir le droit à l’IVG ou l’empêcher de régresser. À Malte et dans les trois micro-États d’Andorre, du Vatican et de Saint-Marin, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est totalement illégale par exemple. Mais le 26 septembre dernier, les habitant.e.s de Saint-Marin ont décidé de voter par référendum, à 77,3 % de donner aux femmes le libre choix d’avoir recours à l’IVG, jusqu’à douze semaines de grossesse.

Dans le reste du monde, l’accès à l’avortement est encore interdit dans une quinzaine de pays : Congo, Djibouti, Égypte, Guinée-Bissau, Madagascar, République démocratique du Congo, Sénégal en Afrique ; Honduras, Nicaragua, Surinam, Haïti et République dominicaine en Amérique ; Philippines et Laos en Asie ; Palaos en Océanie.

Certains pays étant particulièrement répressifs. Depuis 1990 au Salvador (Amérique centrale) par exemple, une législation interdit l’interruption de grossesse en toutes circonstances. Même en cas de risque pour la vie de la femme. L’avortement serait passible de deux à huit ans de prison. Dans les faits, les juges considèrent toute perte du bébé comme un « homicide aggravé », ce qui est puni de 30 à 50 ans de réclusion. Des données aberrantes quand on sait qu’en France, il a été acquis en 1975 grâce à la loi Veil…

Le droit à l’avortement sous conditions

Beaucoup de pays instaurent des avortements soumis à des conditions très restrictives : uniquement en cas de danger pour la vie de la mère. C’est le cas en Côte d’Ivoire, Libye, Ouganda, Soudan du Sud, Irak, Liban, Syrie, Afghanistan, Yémen, Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka.

En Amérique latine, ce sont également les conditions pour le Guatemala, le Paraguay et le Venezuela. Au Brésil, l’accès à l’IVG est interdit, sauf en cas de viol, de danger pour la mère ou de malformation du foetus. En 2017, après 30 ans d’interdiction totale de l’IVG, le Chili l’a autorisé, mais seulement en cas de risque pour la vie de la mère, viol et non-viabilité du foetus.

Au Maroc, le Code pénal permet depuis 2020 d’avorter en cas de viol, d’inceste, de malformation du fœtus ou de troubles mentaux chez la femme, sous certaines conditions. En Pologne, le Tribunal constitutionnel a restreint l’accès à l’IVG par une décision récente (22 octobre 2020), interdisant les avortements en cas de malformation du foetus. Depuis janvier 2021, l’avortement n’y est permis quand de cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie mère.

Droit à l’avortement, mais accès limité

En France, la loi Veil qui légalise l’avortement est votée en janvier 1975. C’est une loi d’égalité et d’émancipation pour les femmes. Depuis le combat mené par la ministre de la Santé Simone Veil, les Françaises peuvent ainsi recourir à un avortement sans l’autorisation de leurs parents. Cependant, l’accès à l’IVG aujourd’hui pour les Françaises n’est pas sans embûche : le Sénat a bloqué en début d’année une loi allongeant de deux semaines le délai légal.

En Italie, l’avortement est légal depuis 1978, mais près de 80 % des gynécologues refusent toujours de le pratiquer. En Irlande, l’avortement n’est légal que depuis fin 2018, à la suite d’un référendum historique abrogeant l’interdiction constitutionnelle de l’IVG.

En Amérique latine, la vague verte de manifestations pour le droit à l’avortement, symbolisée par un foulard vert, a porté ses fruits en Argentine. Après de longues années de revendication au droit à disposer de leur corps, le texte autorisant l’IVG jusqu’à 14 semaines de grossesse a été adopté en décembre 2020 par le Congrès. L’Argentine rejoint donc Cuba et l’Uruguay, où l’avortement est permis sans condition. Au Mexique, tout récemment (le 10 septembre 2021), la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la loi de l’État de Coahuila assimilant l’avortement à un meurtre et prévoyait des peines de prison. Cette décision a ouvert la voie à une jurisprudence nationale sur ce sujet.

La plus haute juridiction de la Corée du Sud a ordonné en avril 2019 la levée de l’interdiction de l’avortement, et demandé une évolution de la législation restrictive (IVG possible en cas de viol, d’inceste ou de menace pour la santé de la mère). La Nouvelle-Zélande n’a dépénalisé l’avortement qu’en mars 2020.

Aux États-Unis, l’avortement a été autorisé par un arrêt de la Cour suprême en 1973 (garantissant le droit des femmes à avorter tant que le foetus n’est pas viable). Cependant, le Texas a adopté une législation, entrée en vigueur le 1er septembre 2021, interdisant l’avortement une fois que les battements de coeur de l’embryon sont détectés. Soit environ six semaines de grossesse, quand la plupart des femmes ignorent être enceintes. La seule exception est l’urgence médicale.

Un petit tour du monde qui nous montre, au combien, le droit à l’avortement est un combat toujours d’actualité en 2021. « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant », disait Simone de Beauvoir.

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Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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