Même si les femmes sont aujourd’hui indépendantes financièrement, des inégalités subsistent encore jusque sur le compte en banque. Parcours professionnel interrompu, inégalité des salaires ou encore moyen de chantage au sein du couple : les femmes se retrouvent souvent coincées dans des situations abusives, faute de moyens. Aujourd’hui, plus qu’un choix, l’indépendance financière est une question de sécurité pour la gent féminine. Voici pourquoi.
La notion de « Fuck-off fund »
Parce que l’argent fait partie intégrante de notre vie quotidienne, il nous sert de différentes manières. Parmi les choses les plus importantes qu’il nous apporte, on retrouve entre autres, la liberté et la sécurité. Eh bien, le « fuck-off fund », c’est un peu le même principe. Aperçu pour la première fois en 2016 dans un article de la journaliste Paulette Perhach, ce terme empreint de féminisme désigne une sorte d’épargne de précaution pour faire face à toute situation abusive.
Vous avez un.e patron.ne harceleur.se ? Un.e conjoint.e toxique ou violent.e ? Plongez dans votre « fuck-off fund » pour repartir à zéro et envoyer bouler ces figures masculines qui vous empoisonnent la vie. Effectivement, nombre de femmes se sont déjà retrouvées coincées dans des situations dont elles ne pouvaient se défaire, faute de moyens. Aujourd’hui, acquérir une autonomie financière est devenu nécessaire pour lutter contre les schémas du patriarcat.
Indépendance financière : la loi du 13 juillet 1907
Conscientes de la nécessité de faire évoluer leurs droits, les Françaises partent à la conquête de l’indépendance financière dès la première moitié du XXe siècle. Pour cause, l’industrialisation et l’urbanisation croissante de la société, qui pousse les femmes à travailler davantage en dehors du domicile. Pour effectuer toutes sortes d’opérations, on leur accorde alors plus de droits financiers.
Celles-ci obtiennent en 1881 le droit d’ouvrir un livret d’épargne sans autorisation maritale, puis le droit de s’affilier à une caisse de retraite en 1885. Il faudra tout de même attendre 1895, pour qu’elles puissent effectuer librement des versements et des retraits sur leur livret d’épargne. Mais la marge de manoeuvre de la femme reste finalement étroite jusqu’en 1907, date à laquelle on lui permet de disposer librement de son salaire.
Le tournant de la Seconde Guerre mondiale
Il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour observer de réels changements concernant l’indépendance financière des femmes. En effet, les circonstances économiques et militaires sous le régime de Vichy poussent le gouvernement à promouvoir l’utilisation du chèque. Deux lois passées en 1942 et 1943 autorisent alors la gent féminine à ouvrir seule un compte pour les besoins du ménage.
À l’aube des années 60, alors que le taux de femmes sur le marché du travail progresse, la question de sa place dans la société est au cœur de tous les débats. C’est ainsi que la loi du 13 juillet 1965 est votée, à la veille des élections présidentielles. Cette loi garantit à la femme mariée le droit d’ouvrir un compte bancaire, gérer ses biens personnels, signer un chèque et travailler sans l’autorisation de son mari.
Cette avancée, qualifiée de révolutionnaire pour l’époque, s’inscrit dans un contexte de révolte et de renouveau, qu’incarneront plus tard les événements de mai 1968.
Des inégalités encore très élevées
Malgré les évidents progrès légaux réalisés depuis 1965, les inégalités demeurent au sein des foyers en 2023. Pour cause, des parcours professionnels interrompus et des inégalités de salaire du côté des femmes. De plus, l’argument financier au sein du couple continue de constituer un moyen de chantage et d’avilissement.
En effet, l’absence de revenus est l’une des raisons principales qui empêchent les femmes d’échapper à des situations critiques et dangereuses. C’est donc dans cette démarche que s’inscrit, par exemple, la création d’une épargne « Fuck-off fund ». Un instinct de survie jamais formulé, qui aujourd’hui représente une garantie de l’intégrité physique et morale pour la gent féminine.
Vous l’aurez compris, l’indépendance financière des femmes est une question de sécurité. Et si vous souhaitez approfondir le sujet, venez déconstruire les normes sexistes en découvrant ce qu’est « le double standard » au sein d’une société patriarcale.
