La masculinité toxique, c’est quoi ?

Celui qui est concerné par la masculinité toxique ne montre pas ses émotions. Il doit être viril, dominant, protecteur. Il ne peut pas craquer. Ce qui le conduit à une haine et une violence envers celles et ceux qui ne répondent pas à leur norme de virilité. Si la communauté LGBTQIA+ et les femmes en sont les premières victimes, les hommes en souffrent aussi énormément. Heureusement, de nombreuses solutions existent pour repenser les masculinités de demain.

La masculinité toxique & ses comportements nocifs

« Tu seras un homme mon fils ». En voyant cette phrase, nous avons tou.te.s l’image d’un homme sûr de lui, musclé, viril, dominant, prêt à se battre pour défendre sa famille. Il n’a aucune peur, aucune émotion visible. Ce stéréotype pousse certains hommes à agir de manière plus violente lorsqu’ils sentent que leur virilité est remise en cause. Cette masculinité perçue comme « normale » représente alors un ensemble de comportements nocifs pour l’homme lui-même, et pour son entourage.

Tous les hommes de notre société en héritent une partie. Elle se traduit par le rejet de pleurer, ou de toute sensibilité qui paraitrait « féminine ». Elle nous est enseignée dès le plus jeune âge, dans la famille, les médias, les publicités ou même les réseaux sociaux.

On a longtemps associé ce concept aux luttes féministes. Pourtant, les injonctions masculines et ses conséquences remontent à l’Antiquité. Et la « masculinité toxique » trouve ses origines dans les travaux de Pierre Bourdieux sur la domination masculine, et de la sociologue australienne Raewyn Connell sur l’hégémonie masculine, dans les années 80.

Par la suite, ce sont des homonistes qui, dans les années 90, ont cherché à justifier des comportements néfastes liés à l’absence d’un père. Puis, la blogueuse féministe américaine Amanda Marcotte a popularisé le concept dans les années 2010.

« La masculinité toxique est un modèle spécifique de la virilité, orienté vers la domination et le contrôle. C’est une virilité qui perçoit les femmes et personnes LGBT comme inférieures, qui conçoit le sexe comme un acte non pas d’affection, mais de domination, et qui valorise la violence comme seule façon de s’imposer dans le monde », selon la définition d’Amanda Marcotte reprise par Slate

Les conséquences de la masculinité toxique sur les femmes… et les hommes

On qualifie alors cette masculinité de « toxique » pour ses conséquences néfastes et importantes pour les femmes et la communauté LGBTQIA+. Toute personne qui ne répond pas aux normes de la masculinité toxique subit les comportements violents de ces hommes. Même si les femmes et personnes LGBTQIA+ sont les premières victimes de ce phénomène, les hommes en souffrent aussi énormément.

L’homme concerné par la masculinité toxique ne s’accorde pas le droit de montrer une once de vulnérabilité, de sensibilité. Ses sentiments sont constamment refoulés, ce qui génère une frustration intenable. Ses réponses sont donc plus violentes, envers autrui et envers lui-même. Pour Gary Barker, président de l’ONG « Promundo », promouvant une masculinité plus saine, « d’un point de vue mondial, les suicides comptent pour la moitié des morts masculines violentes ».

« Les efforts exigés des hommes pour être conformes à l’idéal masculin engendrent de l’angoisse, des difficultés affectives, la peur de l’échec, et des comportements compensatoires potentiellement dangereux et destructeurs », explique Gary Barker

Mais ce n’est pas tout ! Les conséquences seraient aussi palpables pour la planète. Une étude suédoise a découvert l’impact de la masculinité toxique sur l’environnement. Les hommes provoqueraient 16 % de plus que les femmes d’émissions responsables du réchauffement climatique. Notamment à cause de leurs achats excessifs de diesel pour les voitures. Bref, il serait bénéfique de penser à une masculinité plus saine, pour tout le monde.

Vers une masculinité plus saine

Comment repenser de nouvelles formes de masculinités ? Aujourd’hui de nombreux ouvrages, blogs et podcasts existent pour accompagner les hommes vers une remise en question de certains comportements. On pense notamment aux podcasts Les Couilles sur la Table de Victoire Tuaillon et Mansplaining de Thomas Messias, ou encore le livre « Le sexisme, une affaire d’hommes » de Valérie Rey-Robert.

Il pourrait être intéressant de mettre en place des actions durables au niveau de l’éducation des enfants. À l’école comme à la maison, des petits gestes peuvent mettre fin aux injonctions néfastes à la virilité et à la domination masculine. Il faut aussi penser à un travail de prise de conscience chez les hommes en général. Il faut notamment leur faire comprendre que les revendications féministes ne sont pas des attaques personnelles. Sans quoi la remise en question de leur comportement et de leur privilège sera impossible.

Et vous, les hommes de votre entourage remettent-ils en question leur forme de masculinité ? Si oui, comment le font-ils ? Venez en parler sur notre forum.

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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