7 petits gestes féministes qui ont du poids et du sens

Être féministe, ce n’est pas seulement descendre dans la rue à scander des slogans, ni passer la quasi-totalité de ses afterworks dans les locaux des associations. Le militantisme n’a pas forcément besoin d’être expansif pour avoir de l’impact. Cet engagement pour la cause des femmes peut se manifester autrement, sous des formes plus subtiles. C’est d’ailleurs toute la teneur du micro-féminisme, un mouvement né entre les pixels de TikTok qui fait beaucoup de bruit. Sous ce hashtag, les femmes partagent leurs actions quotidiennes pour lutter contre les inégalités de genre. Puisque nous n’avons pas toutes l’étoffe de Simone Veil, ni la bravoure d’Olympe de Gouges, voici 7 petits gestes féministes à notre portée qui pèsent aussi dans le combat.

Ne pas s’écarter du trottoir quand un homme arrive en face

Ce n’est pas un mystère, les hommes règnent dans l’espace public. Lorsqu’ils sont en meute, ils sont encore plus imposants sur le bitume. Alors quand on les croise, on a tendance à se faire toute petite et à raser les murs. Parfois, lorsqu’on flaire un potentiel danger, on va même jusqu’à changer de trottoir ou revoir tout notre itinéraire. Mais dorénavant, plus question de laisser ces messieurs faire leur loi à ciel ouvert.

Si un homme vous fait face dans la rue et ne daigne pas se décaler, copiez-le. Marchez la tête haute, le torse bombé et le regard fier. Avancez droit devant quitte à lui rentrer dedans ou à le bousculer. Arrêtez de vous écraser devant ces mâles qui se pensent en terrain conquis. Voilà un des petits gestes féministes faciles à mettre en pratique.

Soutenir les entrepreneuses sur les réseaux

Sur la toile, il est coutume de voir défiler des hommes en grosse cylindrée, avec les poches remplies de liasses, qui délivrent leurs secrets pour devenir riches. Ces businessmen de pacotille, qui explosent dans leur chemise griffée, fédèrent des millions d’abonnés alors que leurs conseils ne sont que du vent.

À contrario, les entrepreneuses qui fournissent un travail titanesque et sacrifient des heures de sommeil pour exercer à leur compte sont à peine visibles. Alors, foncez leur donner de la force sur les réseaux sociaux. Écrivez-leur des commentaires encourageants, likez leurs publications, participez à leurs webinaires… Bref, délivrez-leur un flot de bonnes ondes, avec le girl power au bout du clavier. Un des petits gestes féministes pour s’initier à la sororité.

Placer le féminin avant le masculin dans vos mails

C’est un des petits gestes féministes qui peut paraître dérisoire, voire anecdotique, mais qui, pourtant, a du sens. Vous ne faites peut-être pas de cas à l’ordre du « Madame » et du « Monsieur » dans vos courriels pros, mais il a son importance.

Alors que notre chère langue française fait passer le masculin avant le féminin, pourquoi ne pas transgresser cette règle en signe de rébellion ? Dans un mail adressé à un groupe mixte, mettez les femmes avant les hommes et utilisez l’écriture inclusive (quitte à en faire grincer certains). Plus qu’une forme de politesse ou de « galanterie », c’est une façon de remettre les femmes au premier plan.

Dire du bien des femmes en public et en privé

La rivalité féminine est un vieux concept à jeter aux oubliettes. Certes, il vous est peut-être déjà arrivé de cracher votre venin sur le nouveau chemisier de Séverine de la compta ou de refaire le portrait d’une passante. Mais ce n’est pas parce que vous avez fauté une ou deux fois que vous ne pouvez pas vous améliorer.

Pour cultiver la solidarité féminine, évitez d’être médisante envers les femmes. Évidemment, l’idée n’est pas d’être hypocrite ou de cacher le fond de votre pensée, simplement de mesurer vos critiques. Ainsi, au lieu de vous attarder sur la prise de poids de Nelly Furtado, mettez en avant son talent musical. Plutôt que d’envier l’éloquence de votre collègue et l’accuser de frimer, reconnaissez cette qualité. Troquez la jalousie malsaine contre le compliment honnête.

Achetez des protections hygiéniques aux femmes SDF

Parmi les petits gestes féministes, celui-ci est particulièrement précieux. Dans le paysage urbain, les femmes SDF sont assez discrètes. Elles se calfeutrent dans les tréfonds des stations de métro ou plantent leur camp dans des endroits isolés, à l’abri des regards. Mais elles ne sont pas épargnées par la dure réalité de la rue.

Chaque mois, elles doivent endurer leurs règles dans des conditions insalubres et avec des protections périodiques de fortune, faites avec des draps usagés ou des vieux mouchoirs. Alors si vous faites la rencontre d’une femme SDF, ne tracez pas votre chemin dans l’indifférence. Apportez-lui un petit stock de protections hygiéniques pour qu’elle retrouve une part de dignité.

Refuser de débarrasser pendant les repas de famille

Vous l’avez probablement remarqué. À la fin des repas de famille, lorsque toute la vaisselle sale s’est empilée sur la table, ce sont toujours les mêmes qui se lèvent. Ces mesdames se collent à la tâche tandis que ces messieurs continuent de discuter de bitcoin et de tondeuse à gazon comme si de rien n’était.

En plus, elles ne récoltent pas un seul merci pour leur dévotion derrière le robinet. C’est comme si c’était « logique ». Alors pour le prochain festin, c’est décidé, vous ne bougerez pas de votre chaise. Même sous les menaces de mamie, vous ferez la grève des torchons et des éponges. De quoi faire passer un message clair, sans s’abîmer les cordes vocales.

Reprendre des collègues qui font des blagues sexistes

Les petits gestes féministes s’appliquent aussi entre les murs de l’open space. Vous n’avez peut-être jamais osé rebondir sur l’humour machiste et graveleux de vos voisins de bureau, par crainte de passer pour la « rabat joie » de service ou de vous faire prendre en embuscade.

Pourtant, il a de nombreuses fois fait saigner vos oreilles. Alors, maintenant, si vous surprenez Jean-Mi faire des devinettes très borderline sur les femmes ou dégainer le fameux « elle est mal baisée », ripostez. L’idée n’est pas d’entrer dans une joute verbale, simplement de faire de la pédagogie, avec tact.

Quand les TikTokeuses font une ode au micro-féminisme

Pour vous revendiquer féministe, vous n’avez pas forcément besoin d’aller coller des affiches aux messages salés dans la rue ou d’assister à toutes les manifestations pro-femmes. Même si ces actions sont salutaires, elles peuvent être difficiles à entretenir sur la durée. Alors sur TikTok, des internautes féminines prouvent que la lutte contre le patriarcat se niche parfois dans les détails. C’est ce que traduit le micro-féminisme, un activisme moins frontal et exubérant, mais tout aussi vital.

Ashley Chaney est la première à avoir montré l’exemple. Dans une vidéo qui a atteint les 2 millions de vues, la TikTokeuse américaine évoquait son petit geste personnel pour débusquer les normes de genre. « Quand j’envoie un mail à un chef d’entreprise et qu’il faut mettre son assistant en copie, si c’est une femme, je la mets toujours en destinataire principal », évoque-t-elle. D’autres femmes l’ont copié, chacune avec des armes de résistance différentes, mais qui ont toutes en commun d’être discrètes.

Le micro-féminisme s’insinue naturellement dans le quotidien et grâce à son caractère « constant », il fait son effet. Ces petits gestes féministes concrétisent les slogans girl power qui culminent sur les banderoles. Le féminisme ne se jauge pas à l’énergie qu’on y dépense, il se vit tous les jours passionnément.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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