La débilité humaine atteint son paroxysme. En l’espace de trois semaines, trois sextoys ont atterri sur le terrain de basket de WNBA, l’équivalent la NBA chez les femmes. Blague de mauvais goût ou tacle misogyne, les joueuses pointent surtout la dangerosité d’un tel acte. Retour sur un phénomène lunaire et profondément humiliant.
Des sextoys pleuvent sur le parquet
Si les artistes reçoivent souvent des fleurs ou des peluches coquettes sur le devant de la scène, les basketteuses de WNBA, elles, ont vu des sextoys se poser devant leurs pieds et frôler leur tête en pleine action. Ces jouets pour adulte, qui restent ordinairement dans l’ombre des tables de chevet, font de plus en plus irruption sur les terrains. Depuis les tribunes, des spectateurs au cerveau ramolli trouvent amusant de balancer des sextoys en plein match, au risque de blesser les joueuses. En l’espace de seulement trois semaines, trois sextoys ont fini leur course entre les jambes des basketteuses.
Pendant le dernier face à face entre les Los Angeles Sparks et l’Indiana Fever, les commentateurs ont remarqué un objet non identifié se projeter sur la jambe de la joueuse Sophie Cunningham. Il s’agissait d’un sextoy vert, qui n’avait par ailleurs rien à faire là. Les joueuses commencent à être habituées à ce genre de projectile en silicone, mais cette fois-ci c’était l’incident de trop.
« Je pense que c’est ridicule, c’est stupide, c’est aussi dangereux et vous savez, la sécurité des joueuses est la priorité numéro 1. Il faut respecter le jeu, c’est tout ce que j’ai à dire », s’est insurgée la coach de Los Angeles, Lynne Roberts lors de la conférence de presse qui a suivi. Sortis de leur contexte, ces accessoires à forte connotation sexuelle sont devenus le prolongement d’une pensée misogyne. Ces sextoys qui se dressent en travers du chemin des joueuses ont été détournés en arme sexiste.
Not again.
A third time this season that a s*x toy has appeared on a WNBA court 😤
(via @WNBA)pic.twitter.com/T6ggFmmQyS
— ClutchPoints (@ClutchPoints) August 6, 2025
Les joueuses, partagées entre colère et dégoût
Les principales concernées, elles, sont sidérées par des actes aussi bas d’esprits et dégradants. Loin d’être des cadeaux comiques, ces sextoys sauvages catapultés au milieu des matchs sont surtout des obstacles. Ils cherchent à saboter la performance des joueuses et à entraver le bon déroulement des échanges. Ce qui s’apparente de prime abord à une plaisanterie prépubère est en réalité un geste intentionnel. Comme des guns à bout phallique pointés sur les joueuses, ces sextoys sont une menace silencieuse, le symbole d’une frustration masculine.
Au-delà de la gêne immédiate, ce type d’incident touche à l’intégrité même des joueuses. Elles sont là pour performer, défendre leur équipe, offrir un spectacle sportif… pas pour devenir la cible « d’humour » graveleux. « Ce n’est pas drôle », s’alarme Isabelle Harrison, de l’équipe du New York Liberty. Elle réclame plus de sécurité dans les salles et plus de contrôle à l’entrée. « C’est très irrespectueux, je ne comprends pas vraiment l’intérêt », a insisté Elizabeth Williams, du Chicago Sky.
Plus qu’une farce, un nouveau coup misogyne
Ces sextoys qui évoquent un « humour sous la ceinture » très douteux ne portent pas la même symbolique que les petites culottes envoyées aux chanteurs lors d’un concert. Les sextoys jetés sur le terrain ne sont pas qu’un objet incongru : ils sont une façon de ramener les sportives à leur corps, à leur sexualité supposée, plutôt qu’à leur talent.
Alors que l’audience de la WNBA sur ABC a augmenté de 20 %, battant les records de la saison dernière, ces sextoys prennent la forme d’une insulte et dénigrent la réussite des joueuses. Ce n’est pas une provocation innocente, c’est une attaque directe à leur légitimité dans le sport.
Ces sextoys, pensés pour la liberté sexuelle des femmes, prennent une tout autre signification sur le parquet de basket. Ils insinuent de l’érotisme là où il n’est censé y avoir que de la sueur et des passes. Ils matérialisent aussi une présence masculine, certes en plastique, mais pas moins envahissante. Même si les joueuses n’ont pas dégainé le mot « sexiste » pour qualifier ces lancers de sextoys, elles savent ce que ces gestes sous-entendent.
Dans le milieu du sport, les femmes sont tristement habituées à ces humiliations publiques. Dès que les athlètes gagnent du terrain et montent en puissance, les hommes se sentent presque obligés de gâcher leur succès. Souvenez-vous lorsque Luis Rubiales a embrassé la joueuse Jenni Hermoso sur la bouche après la victoire de l’Espagne. Ces sextoys voués à déstabiliser les joueuses de basket ne sont qu’un bref aperçu de ce qu’elles subissent quotidiennement.