Marcher à quatre pattes, saluer les passants d’un coup de patte, se rouler par terre… ce sont des comportements tout à fait ordinaires pour un chien en promenade. Sauf que, dans ce cas précis, le chien en question est… un homme.
Un rêve devenu réalité
Au Japon, un individu « anonyme » fascine et interroge la toile après avoir dépensé l’équivalent de 16 000 dollars américains pour réaliser un rêve singulier : vivre comme un chien. Vêtu d’un costume hyperréaliste de Colley, il partage aujourd’hui des vidéos sur Instagram de sa vie quotidienne dans la peau d’un animal, brouillant volontairement la frontière entre l’humain et l’animal.
Cet homme, qui se fait appeler Toco, a commandé sa tenue auprès de Zeppet, une entreprise japonaise spécialisée dans la création de costumes et accessoires pour le cinéma et la publicité. Il a choisi une race précise : le border collie, connu pour son élégance et son agilité. Il explique simplement sur sa chaîne YouTube : « Je voulais devenir un animal, alors je suis devenu un rough collie » (colley à poil long, ou berger écossais – ndlr).
Le résultat est impressionnant. Réalisé en 40 jours, le costume pèse environ 4 kilos et reproduit fidèlement l’anatomie de l’animal, avec une attention méticuleuse portée au squelette, à la fluidité du pelage, au mouvement de la mâchoire et à la répartition du poids. Toco l’enfile pour se promener dans les rues, faire des rencontres, et jouer… exactement comme le ferait un véritable chien Colley.
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Une performance qui divise les internautes
Dans une vidéo devenue virale, on voit Toco faire ses premiers pas à l’extérieur. Les internautes sont partagés. Certains saluent le réalisme saisissant de la tenue et le sérieux du projet, tandis que d’autres s’interrogent, voire expriment leur malaise face à une démarche qu’ils jugent déroutante.
Sur sa chaîne, Toco pousse l’expérience encore plus loin : il simule des repas canins, essaie des habits pour chiens, mais montre aussi des activités typiquement humaines comme jouer au tennis de table, boire du coca ou écrire. Ces scènes, volontairement absurdes, soulignent le contraste entre son apparence canine de Colley et sa réalité humaine.
Un projet entre art, performance et quête identitaire
Au-delà de l’étrangeté apparente, cette démarche questionne. S’agit-il d’une performance artistique ? D’un manifeste sur la liberté d’expression ? D’une forme d’évasion face à une société exigeante et normative ? Toco ne s’est jamais exprimé clairement sur ses motivations profondes, préférant laisser les spectateurs projeter leurs propres interprétations sur son œuvre.
Au Japon, pays connu pour sa tolérance à l’expérimentation identitaire et aux sous-cultures, ce genre de projet, aussi extravagant soit-il, trouve un certain écho. Le choix de l’anonymat de Toco renforce encore l’aura mystérieuse de l’initiative, tout en protégeant sa vie privée.
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Ce que révèle surtout le phénomène Toco, c’est finalement notre fascination collective pour les limites de l’identité et du corps. À l’heure où les technologies permettent de se réinventer à volonté du métavers aux filtres corporels, ce Japonais incarne peut-être une forme extrême mais cohérente d’exploration de soi. Qu’on trouve cela étrange, touchant ou dérangeant, une chose est sûre : Toco interroge nos normes, nos représentations et notre capacité à accepter l’autre dans toute sa complexité.