En ce début d’été, les injonctions autour du corps féminin reprennent de plus belle. Robes légères, peau hâlée et… jambes parfaitement épilées ? Pas si vite. De plus en plus de femmes remettent en question cette pression implicite qui voudrait que la pilosité féminine soit bannie des plages et des regards. Et si, cet été 2025, les poils étaient tout simplement… laissés en paix ?
Un geste intime devenu une norme sociale
Pendant longtemps, l’épilation a été présentée comme une affaire personnelle. Un rituel de soin, voire une routine bien-être. Pourtant, en grattant un peu sous la surface, on réalise qu’il s’agit surtout d’un conditionnement social profondément ancré. Dès l’adolescence, nombreuses sont celles à avoir reçu ce message : « Il faut s’épiler », « Ce n’est pas joli », « Ce n’est pas propre ». Selon qui, exactement ? Et au nom de quoi ?
Loin d’être un simple choix esthétique, l’épilation est souvent devenue une obligation silencieuse, héritée d’un siècle de normes dictées par la publicité, la mode et une certaine idée de la féminité. Une idée étroite, lisse, et surtout très genrée.
Les réseaux sociaux : un terrain de résistance joyeuse
Depuis quelques années, les réseaux sociaux servent de tribune aux femmes qui en ont assez de se plier aux diktats. Sur TikTok, Instagram ou encore YouTube, des femmes s’affichent fièrement avec leurs poils : sous les bras, sur les jambes, parfois sur le ventre ou le visage. Pas pour provoquer, mais pour tout simplement exister telles qu’elles sont, sans filtre, sans censure.
Des hashtags comme #BodyHairDontCare ou #MonCorpsMonChoix rassemblent des communautés bienveillantes où se partagent conseils, témoignages et coups de gueule. On y découvre des récits sincères : le déclic d’une première sortie en short sans s’épiler, le soulagement de ne plus souffrir à la cire, ou encore la fierté de reprendre possession de son corps, sans validation extérieure.
Ces mouvements ont une portée plus grande qu’il n’y paraît. Car pour beaucoup, c’est la première fois qu’elles voient des représentations de femmes non épilées – et surtout, heureuses de l’être.
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Adieu double standard, bonjour cohérence
Le rejet de l’épilation estivale ne concerne pas seulement les poils : il touche aussi à une inégalité tenace. Pourquoi les hommes peuvent-ils se balader torse poilu et jambes velues sans que personne ne sourcille, quand les femmes, elles, sont sommées d’effacer tout ce qui dépasse ? Cette différence de traitement n’a rien de naturel. Elle résulte d’une construction sociale où les corps féminins doivent être contrôlés, polissés, modifiés pour convenir à un regard extérieur.
Refuser de s’épiler, c’est donc aussi remettre en question ce double standard. Non pas pour imposer une contre-norme, mais pour dire : assez. L’uniformité n’est pas la liberté. Et la féminité ne devrait jamais dépendre du passage d’un rasoir.
Une industrie bien huilée… à qui cela profite-t-il ?
Il faut aussi parler chiffres. Crèmes dépilatoires, bandes de cire, épilateurs électriques, séances de laser : tout cela coûte cher. Très cher. Le marché mondial de l’épilation représente plusieurs milliards d’euros. Un business juteux qui a tout intérêt à entretenir le mythe selon lequel une femme « doit » être sans poils.
En choisissant de garder leur pilosité, certaines femmes posent un acte politique – aussi discret soit-il. Elles refusent de se soumettre à une logique marchande déguisée en norme hygiénique. Elles arrêtent de consommer pour se conformer. Et ça, c’est révolutionnaire.
Ni injonction à l’épilation, ni dictature du poil : place au choix
Il ne s’agit pas de culpabiliser les femmes qui aiment s’épiler. La vraie liberté, c’est pouvoir décider, sans pression, ce que l’on fait de son corps. Que ce soit par confort, par esthétique ou par habitude, chaque femme est en droit de choisir son rapport à sa pilosité. L’essentiel, c’est que ce choix soit libre, et non dicté par la peur du jugement ou la crainte de déplaire.
Refuser l’épilation estivale, c’est revendiquer ce droit fondamental : disposer de soi-même, sans devoir se justifier. Porter ses poils comme on porterait une robe préférée. Parce qu’on en a envie. Ou pas.
Et si l’été 2025 était enfin celui de l’acceptation, de la détente et du lâcher-prise ? Celui où l’on irait à la plage pour profiter du soleil, pas pour cacher ce que la nature a mis là. Celui où l’on laisserait les normes oppressantes fondre comme des glaçons au soleil. Car au fond, il n’y a rien de plus beau qu’un corps en paix avec lui-même. Poilu, épilé, ou entre les deux. Votre corps, vos choix, votre été.