Une équipe d’archéologues a récemment mis au jour une statue humaine enfouie depuis plus de 12 000 ans dans un mur de pierre à Göbekli Tepe, site néolithique majeur situé au sud-est de la Turquie. Cette trouvaille exceptionnelle interroge les origines des croyances collectives et pourrait réécrire une partie de l’histoire des premières sociétés humaines.
Une découverte au cœur de Göbekli Tepe
L’annonce a récemment été faite par le ministère turc de la Culture et du Tourisme dans le cadre du projet « Taş Tepeler », qui fédère 36 institutions scientifiques et près de 220 chercheurs. La statue, mise au jour dans une cavité murale, témoigne d’un geste rituel intentionnel. Encadrée par le professeur Necmi Karul de l’Université d’Istanbul, l’équipe souligne l’importance de cette insertion architecturale, probablement liée à une offrande votive.
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Une représentation humaine rare au Néolithique
Les vestiges de Göbekli Tepe sont surtout connus pour leurs piliers monumentaux en forme de T et leurs sculptures animalières. Les représentations humaines complètes, elles, restent extrêmement rares. Cette figure anthropomorphe intégrée à l’architecture constitue une rupture iconographique dans l’art de l’époque, révélant de nouvelles dimensions spirituelles et sociales.
Un rituel matériel et symbolique
La position horizontale de la statue, scellée dans la pierre, suggère un rôle majeur dans les cérémonies. Plus qu’une décoration, elle constitue une partie intégrante de l’espace sacré. Cette démarche démontre une pensée complexe où le bâti et la symbolique spirituelle s’entrelacent, confirmant que l’architecture servait aussi de langage rituel.
Réécrire nos origines
Depuis les fouilles entamées dans les années 1990, Göbekli Tepe a déjà remis en cause le modèle classique de la sédentarisation : les rassemblements rituels auraient précédé l’agriculture, et non l’inverse. La découverte de cette statue renforce l’idée que les mythes et croyances collectives ont pu être le moteur premier des grandes constructions et de la cohésion sociale à l’aube de la civilisation.
Une portée scientifique et culturelle internationale
Toujours en cours de conservation, la statue n’a pas encore livré tous ses secrets. Le gouvernement turc, qui supervise l’opération, prépare déjà des expositions itinérantes à l’international, pour partager cette avancée majeure avec le monde scientifique et le grand public. Pour les chercheurs, cette découverte ne se limite pas à l’archéologie : elle interroge les liens universels entre mémoire, religion et organisation sociale.
En résumé, la mise au jour de cette statue ouvre une nouvelle fenêtre sur l’esprit et la créativité des sociétés néolithiques. Au-delà de Göbekli Tepe, cette découverte invite à repenser les fondements mêmes de la civilisation. Chaque pierre, chaque sculpture retrouvée nous rapproche un peu plus de nos origines, rappelant que l’histoire humaine est loin d’avoir livré tous ses secrets.