Ces 7 choses problématiques dans Sex and the City qui prouvent que la série a mal vieilli

La série Sex and the City, programme phare des années 90, a marqué toute une génération. Si à l’époque, les quatre héroïnes de la série suscitaient l’admiration des ados, aujourd’hui elles soulèvent surtout la gêne et l’incompréhension. Alors que la série a fait son grand retour le 22 juin dernier sous le nom de « And just like that », elle n’a plus la même saveur qu’à ses débuts. Entre slut-shaming, propos anti-trans et rivalité féminine, Sex and the City a franchi les limites du « correct » à de nombreuses reprises. Cette série old school déclinée en 94 épisodes n’est clairement plus dans l’air du temps. Ces 7 choses problématiques relevées dans Sex and the City lui enlèvent son caractère « indémodable ». Vous risquez de changer de regard sur ce gang de femmes, pas si unies que ça.

1 – Le slut-shaming envers Samantha

Samantha est certainement l’un des personnages les plus ouverts de Sex and the City. Attachée de presse dépeinte comme une « croqueuse d’hommes », Samantha cumule les plans d’un soir et batifole sans vraiment envisager de se « caser ». Une attitude peu farouche que ses amies, soi-disant les plus fidèles, ne manquent pas de blâmer. En plus de pester dans son dos, Carrie, Charlotte et Miranda pratiquent le slut-shaming.

Elles fustigent la vie sexuelle débordante de leur petite camarade à travers des phrases très dégradantes. Même si ce comportement sexiste est plus frappant envers Samantha, il ponctue toute la série, de façon parfois assez sournoise. C’est le cas lorsqu’un homme d’affaires confond Carrie avec une prostituée simplement parce qu’elle se rend occasionnellement dans un hôtel. Ce slut-shaming est parfois disséminé sous le voile de la « bienveillance », comme lorsque Magda, « femme de ménage » engagée par Miranda dépose une « Sainte Vierge » sur sa table de chevet. Un message subliminal induisant « sois plus pure ». Ces choses problématiques de Sex and the City seraient « censurées » à l’heure actuelle.

2 – Les hommes gays y sont caricaturés à outrance

Sex and the City est une véritable satire de la communauté gay. La vision des hommes gays y est linéaire, grossière et offensante. Les deux principaux personnages gays se cantonnent au cliché du confident très maniéré accro à la mode. Ils jouent les conseillers conjugaux avec leurs meilleures amies respectives et persuadent par leur « sensibilité innée ». Tous deux soignent leur apparence au millimètre près. Un cheveu qui rebique ou un col de chemise qui déborde et c’est le drame assuré.

Exubérants, snob et superficiels, les deux gays de Sex and the City confortent des préjugés rétrogrades. Et comme si ce n’était pas assez insultant, la série sous-entend que les hommes gays peuvent se contenter du premier venu. Les deux hommes gays de la série, Stanford et Anthony existent simplement dans le cadre de leurs amitiés féminines. Ils sont uniquement là pour asseoir leur rôle de « best friend » à l’écoute. L’image de l’homosexuel troublé y est exploitée en long, en large et en travers.

3 – Le manque criant de diversité

Parmi les choses problématiques de Sex and the City : l’absence notable de personnages de couleurs. La série fait l’apologie de la suprématie blanche, ni vu ni connu. Un « white-washing » savamment orchestré qui se plaît dans l’opulence et le tape-à-l’œil. Un comble pour une saga qui se tient à New York, l’une des villes les plus multiculturelles du globe. La série enferme les personnes de couleurs dans des rôles de servitude et leur attribue l’étoffe de figurant passager.

Les seules apparitions sont toutes désastreuses et décrédibilisent totalement les personnes racisées. Par exemple, Miranda veut seulement concrétiser une aventure avec Robert, un homme noir, par « curiosité », pour tester les relations « interraciales ». Autre scénario dérangeant : lorsque Samantha divague avec un producteur de disques noir, la soeur de l’homme s’en mêle et passe d’office pour la « garce de service ». La série se sert des personnes de couleurs comme des « bêtes de foire ». Leur présence est appréhendée tel un supplément d’exotisme.

4 – Le dénigrement total de la bisexualité

Les orientations sexuelles qui se détournent du schéma « hétéro-normatif » sont elles aussi discréditées, voire totalement boycottées. Dans la saison 3, l’intransigeante Carrie fréquente Sean, un homme qui lui avoue être bisexuel. Un mot que la journaliste semble prendre pour de la rigolade. L’héroïne s’empresse de relayer l’information à ses copines et salit la « bisexualité » sans prendre de gants.

Elle va même jusqu’à comparer cette attirance multiple à une toquade. « Je ne suis même pas sûre que la bisexualité existe. J’ai l’impression que c’est juste une étape sur le chemin de Gay City », dit-elle avec aplomb. Charlotte renchérit en affirmant haut et fort « Moi je suis pour les étiquettes, tu es soit gay, soit hétéro. Tu choisis ton camp et tu y restes ». Une perception très arrêtée de l’attirance qui s’ajoute dans les choses problématiques de Sex and the City.

5 – Le consentement régulièrement bafoué

Le sujet central de Sex and the City est la sexualité, débridée et frivole de ses protagonistes trentenaires. Mais au-delà de braquer le projecteur sur leur libido inflammable, la série laisse aussi entrevoir des comportements masculins parfaitement condamnables. Le consentement, normalement indiscutable, est une notion complètement fantomatique dans Sex and the City.

La preuve avec l’ami artiste de Carrie, The Modelizer, qui filme tous ses ébats sans vraiment sonder ses partenaires au préalable. Autrement dit, dans la loi, ça s’appelle un délit et c’est passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Concernant les héroïnes, elles sont elles aussi la cible de traquenards sexuels très insidieux. Par exemple, Miranda sort avec un homme qui adore se faire surprendre pendant l’acte. Il initie de son propre gré des relations sexuelles chez les parents de Miranda en sachant pertinemment qu’ils entreraient. Un genre de voyeurisme malsain dont il n’a pas tenu informé Miranda.

6 – Quand Carrie se moque de la relation lesbienne de Samantha

Carrie est indéniablement l’amie la plus vicieuse et hypocrite qui soit. Niveau amitié toxique, elle bat tous les records. Toujours munie de ses remarques moralisatrices et de son ton condescendant, elle maîtrise la langue de vipère comme personne. Lorsqu’elle découvre que Samantha est tombée sous le charme d’une artiste brésilienne du nom de Maria, Carrie s’empresse de remettre en cause son amour, comme s’il n’était pas recevable.

Elle déclare mot pour mot « Tu te lèves un jour et pouf tu te réveilles en devenant lesbienne ? ». Elle n’en reste pas là et muscle sa pensée avec un parallèle encore plus bas d’esprit « Figurez-vous que je suis une chaussure. J’ai toujours voulu en être une et voilà, c’est le cas ! ». Une conception à l’arrière-goût anti-LGBT+ qui s’intègre dans les choses problématiques de Sex and the City.

7 – L’hostilité portée envers les personnes trans

Décidément, les minorités de genre sont bien malmenées dans Sex and the City. Et la communauté transgenre n’échappe pas à cette aversion décomplexée. Le groupe d’amies, sans cesse en quête d’un nouvel os à ronger, jette sa haine sur les trans. Les quatre célibataires volages les perçoivent comme des êtres « surnaturels », des créatures qui ne vivent que la nuit. Même Samantha, pourtant la plus tolérante de la bande, émet aussi des remarques pestilentielles.

« Je paie une véritable fortune pour avoir un appartement dans un quartier branché en fait envahi par des travs », se plaint-elle. « Travs » qui vaut pour « travelos » est clairement péjoratif. Samantha s’embarque ensuite dans une description grotesque des personnes trans en les présentant telles « Des filles avec un outil. Des pare-chocs en haut et des roustons en bas ». Le summum de l’irrespect.

Ces choses problématiques capturées dans Sex and the City montrent le côté poussiéreux et archaïque de la série. Si la nouvelle saison sortie sur HBO se veut plus représentative de la société actuelle, elle ne rattrapera pas les aberrations du passé. Et ce n’est pas la seule série des 90’s a avoir fauté. Nos yeux d’adultes trahissent désormais des vérités acerbes.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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