Longtemps centrés sur des romances classiques ou des dynamiques genrées stéréotypées, les K-dramas prennent aujourd’hui un virage passionnant. De plus en plus de séries mettent en scène des femmes puissantes, complexes, indépendantes, parfois même brutales, tandis que les personnages masculins s’éloignent du modèle de l’homme inébranlable. Une inversion des rôles qui fait du bien à voir.
Quand les héroïnes prennent les devants
Dans « Queen of Tears » (2024), la brillante Kim Ji-won incarne Hong Hae-in, une femme d’affaires redoutable, au caractère affirmé, au centre de l’intrigue émotionnelle et familiale. Son mari, interprété par Kim Soo-hyun, est quant à lui présenté comme plus émotif, plus fragile. La dynamique de couple s’en trouve bouleversée : ici, la femme tient les rênes, affectivement comme symboliquement.
Dans « Moving » (2023), Han Hyo-joo campe une mère surhumaine et redoutable, Lee Mi-hyun, ancienne espionne qui élève seule son fils. Stratège, forte et lucide, elle incarne une féminité d’action, longtemps absente des récits de science-fiction coréens. Son rôle bouleverse les codes de la représentation maternelle : elle sauve, protège, décide, sans jamais s’effacer.
Dans « It’s Okay to Not Be Okay » (2020), Ko Moon-young (Seo Ye-ji) est une autrice à la personnalité explosive, qui prend l’initiative dans la relation, impose son rythme, bouscule les normes. Face à elle, Moon Gang-tae (Kim Soo-hyun) incarne la douceur, l’écoute, la douleur tue. Un homme vulnérable, profondément humain.
Et dans « Strong Girl Do Bong-soon » (2017), Park Bo-young prête ses traits à une jeune femme dotée d’une force physique surhumaine, qui enchaîne les scènes d’action tout en refusant de se plier à l’idée qu’elle doive être protégée.
Des figures féminines qui imposent le respect
Voir ce type d’héroïnes sur nos écrans, c’est plus qu’un choix de casting. C’est une affirmation narrative : les femmes n’ont pas besoin d’être l’élément « romantique » ou le soutien émotionnel d’un homme pour exister à l’écran. Elles peuvent être motrices, violentes, stratèges, imparfaites, et c’est précisément cela qui les rend captivantes.
La série « My Name » (2021) en est un exemple marquant. Han So-hee y incarne Yoon Ji-woo, une femme infiltrée dans un gang, animée par la vengeance. Son parcours est dur, sans concession. Elle frappe, elle saigne, elle lutte, pas pour plaire ou séduire, mais pour survivre et punir. Son corps devient outil de combat, pas objet de désir. Une rareté dans la fiction contemporaine.
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Une masculinité en mutation
Ce renouvellement s’accompagne d’une évolution tout aussi notable côté masculin. Dans ces nouvelles histoires, les hommes peuvent pleurer, douter, reculer, sans être caricaturés. Ils deviennent des partenaires émotionnels, des figures de soutien, des personnages à part entière qui n’ont pas besoin d’exercer un pouvoir pour exister.
Dans « Love Scout » (2025), le personnage de Yu Eun-ho (Lee Joon-hyuk), secrétaire et père célibataire, incarne cette masculinité nouvelle. En apportant soutien et empathie à sa patronne, la PDG Kang Ji-yun, il bouscule les rôles traditionnels. Son rôle de soignant et de figure parentale redéfinit les contours d’un homme moderne dans le paysage des K-dramas.
Cette redistribution des rôles permet de construire des relations plus équilibrées à l’écran – plus proches de la réalité, plus riches sur le plan narratif, et souvent plus touchantes.
Ce changement de perspective séduit ainsi bien au-delà de la Corée du Sud. Les audiences internationales plébiscitent ces séries qui, tout en conservant les codes du K-drama (intensité, esthétisme, rythme), osent refuser la soumission aux stéréotypes de genre. Cela reflète une société en mutation, qui attend des récits plus représentatifs, plus modernes, plus inclusifs.