10 films LGBT+ à (re)voir en ce mois des Fiertés

Le paysage cinématographique s’étoffe. Les films se dressent désormais comme des miroirs de notre société. Des thématiques jusqu’alors reléguées au rang de tabous jouissent enfin d’une meilleure réputation. La lutte triomphante des femmes est portée à l’affiche, les scandales sociaux… mais qu’en est-il des minorités de genre ?

Peu de réalisateur.trice.s s’aventurent sur ce champ, encore en friche. La communauté LGBT+ est sous-représentée, ou volontairement cantonnée aux petits rôles. En France, seuls 3,3 % des créations les mettent ainsi en lumière. Pour célébrer dignement ce mois des Fiertés, on s’abreuve de ces chefs-d’œuvre grandioses.

1 – 120 battements par minute

Ce film LGBT+ dépeint avec justesse, les ravages du Sida dans les années 90. Face à l’indifférence générale, des militant.e.s d’Act-Up, association qui déboulonne les clichés sur la séropositivité, engagent une lutte acharnée. Avec des pancartes incisives, des bonbonnes remplies d’un liquide rouge sang symbolique, et des préservatifs pleins les poches, ces guerrier.ère.s d’un nouveau genre frappent fort. Leur objectif ? Tirer la sonnette d’alarme.

Le Sida est un fléau qui se répand en masse, mais le grand public semble dénigrer cette maladie, qui se révèle pourtant fatale. Face à cette ignorance indicible, ce gang tenace emploie des moyens radicaux. En toile de fond, une romance germe entre deux de ces membres. Nathan, nouvelle recrue, reste scotché devant la hargne et la ténacité de Sean, activiste chevronné.

2 – Tangerine

Sin-Dee, prostituée transsexuelle dotée d’un humour décapant, a passé 28 jours entre les barreaux d’une cellule vétuste. Une fois sortie de prison, elle apprend une nouvelle assourdissante. Son proxénète, avec qui elle entretenait plus que des relations formelles, l’a trompé. Le baromètre de la colère grimpe en flèche. Sa réaction est démesurée. Cette Cendrillon des temps modernes se lance dans une course effrénée.

Loin des paillettes du fameux conte de fée, Sin-Dee entend bien en découdre avec sa rivale. Une course contre-la-montre ponctuée d’incidents rocambolesques et loufoques. Avec sa témérité, son tempérament impétueux et sa personnalité sulfureuse, Sin-Dee enjambe les obstacles avec une aisance vivifiante. Une comédie dramatique tantôt poignante, tantôt drôle, mais surtout révélatrice.

3 – Fire Island

Cette comédie romantique gay, dévoilée le 3 juin 2022 sur Disney+, nous embarque dans les vacances d’une bande d’amis gays à Fire Island, destination gay incontournable au large de New York. Adaptation du classique de Jane Austen « Orgueil et préjugés », ce film réalisé par Andrew Ahn véhicule avec humour des valeurs LGBTQI+ positives. 

On découvre Noah, un trentenaire asio-américain, et ses camarades dans une comédie à la fois drôle et éclairée. À découvrir sans attendre en ce Mois des Fiertés !

4 – Carol

Carol est une femme qui semble lumineuse. Pourtant, intérieurement elle est rongée par la haine. Son destin est mené à la baguette par son mari, autoritaire et intransigeant. Cette union s’est brisée au fil des années. La passion a déserté. Mais Carol s’efforce de couvrir son époux d’attentions pour ne pas blesser son ego. Une boucle nocive dont elle ne peut s’échapper. Cette histoire qui nous situe dans le New York des années 1950, illustre avec brio les standards machistes de l’époque.

Carol, a l’impression que sa liberté lui a été arrachée. Mais en rentrant dans une boutique de jouets, elle est envoûtée par Thérèse, une employée. Un duel de regards à la fois délicat et magnétique qui se suffit à lui-même. Entre les menaces insoutenables du mari de Carol et les conventions sociétales fermées… leur idylle est impossible. Un crève-cœur pour les deux femmes, contraintes de réprimer leur sentiment.

5 – Au premier regard

Leonardo, 15 ans, est aveugle de naissance. À l’école, il fait face aux brimades incessantes de ses camarades. Marginalisé à cause de sa différence, il s’enferme dans une bulle de solitude. Alors qu’il quitte tout juste sa chrysalide enfantine, le jeune garçon se voit pousser des ailes. Il a soif de découvertes. Mais son handicap lui met des bâtons dans les roues. Tomber amoureux, voyager à l’autre bout de la terre, gagner en autonomie… pour lui, toutes ces envies relèvent du miracle.

Gabriel, nouvel élève, apparaît comme un dieu tombé du ciel. Adulé par toutes les filles, il n’a d’yeux que pour Leonardo. Très vite, les deux hommes tissent une complicité presque poétique. Leurs deux âmes semblent ne former qu’un. Cet hymne à la tolérance prend aux tripes.

6 – La Belle Saison

Après une déception amoureuse, Delphine issue d’une famille d’agriculteurs, souhaite voguer vers de nouveaux horizons. Aux yeux de ses parents, elle a l’étiquette péjorative de la vieille fille. Mais cet attribut de célibataire endurcie n’est qu’une couverture. En réalité, elle passait son temps libre en charmante compagnie, dans les bras d’une fille. Une romance secrète qui s’est rapidement stoppée. Cette séparation imprévue et douloureuse fait office de déclic.

Delphine plie bagage et rejoint la capitale pour s’émanciper davantage. Entraînée dans le combat féministe qui anime la Ville Lumière, elle découvre Carole, alors mariée à Manuel. La campagnarde lui lance des appels, mais Carole ne semble pas prête. Un jour, elle cède à la tentation et ce baiser volé sonne comme une révélation. Un amour tumultueux, semé d’embûches et de regards hostiles, qui nous tire quelques larmes.

7 – Call me by your name

Été 1983 au Nord de l’Italie. Les vacances d’été débutent et Elio, garçon âgé de 17 ans, se prélasse dans la maison champêtre de ses parents. Son père, Samuel, archéologue américain de renom et sa mère, Annella, traductrice d’origine française, le cajole. Sorties entre ami.e.s, baignade sauvage, balades à vélo, jeux de séduction rythment aussi ses journées. L’arrivée d’Olivier, doctorant américain de 24 ans, vient chambouler ses plans. Cet homme de bonne famille joue les Don Juan mystérieux.

Elio, qui explore les joies du sexe aux côtés de son amie Marzia, reste obnubilé par ce bellâtre. Il envahit ses pensées. De fil en aiguille, les deux hommes font connaissance. La connivence se transforme en amour passionnel. Un périple charnel inédit pour les deux hommes, qui deviennent inséparables. Le départ d’Olivier qui s’amorce est vécu comme une torture. Ce film LGBT+ sincère, intime et sans filtre transpire de bienveillance.

8 – Pride

Ce film inspiré d’une histoire vraie plante le décor en Grande-Bretagne dans les années 1984. Le pays est secoué par les grèves des mineurs. Ces hommes qui se sont donnés corps et âmes dans leur métier se lèvent contre une réforme instaurée par Margaret Thatcher. Cet arrêt quasi total de la production de charbon met l’économie des petits villages en péril. Mais pour ces figures de l’ombre, il est hors de question de céder à la pression. Pourtant, lors de manifestations, ils sont persécutés par les autorités.

Mark Ashton, homosexuel de 20 ans, assiste, impuissant, à ces scènes injustes. Affecté, il décide de venir en aide aux mineurs. Pendant la Gay Pride, il monte un groupe très diversifié pour récolter des fonds. Ces jeunes énergiques dénotent au milieu des têtes grisonnantes. Une délicieuse entente intergénérationnelle se dessine. Ce film LGBT+ nous tient en haleine avec son optimisme communicatif.

9 – Moonlight

Chiron, jeune afro-américain, qui, en apparence, semble indestructible dissimule des traumatismes indélébiles. Enfant, il est la cible privilégiée de ses camarades de classe. Insulté, marginalisé, parfois brutalisé, il subit sans broncher. En public, il tente de camoufler son penchant pour les hommes pour s’épargner une souffrance supplémentaire. En parallèle de cette routine scolaire cauchemardesque, il doit aussi supporter les sautes d’humeur de sa mère droguée.

Un seul garçon parvient à l’extirper de cet enfer. Il s’agit de Kévin. Ouvert, emphatique et dévoué, il lui accorde toute son attention. Tous deux scellent une amitié dorée quelque peu ambiguë. Puis, les années passent et ils se perdent de vue. Chiron est devenu un dealer solitaire et Kévin s’occupe de son enfant, issu d’une union rompue. Ils reprennent contact. Mais l’étincelle va-t-elle encore scintiller après ces longues années ?

10 – A fantastic woman

Puissant, tragique et marquant, ce film LGBT+ relate avec un scénario incisif, la difficile insertion des personnes transgenres dans notre société. Perçues comme des monstres ou des créatures dangereuses, elles doivent sans cesse se justifier. Marina en a fait les frais. Chanteuse transgenre dans un cabaret, Marina se heurte régulièrement à des murs de glace. Dévisagée dans la rue, et moquée, elle encaisse en silence. Son alter ego Orlando est un bouclier imparable contre les insécurités. Avec sa délicatesse et ses discours flatteurs, il redonne confiance à Marina.

Un soir, Orlando fait une surprise à Marina. Il l’invite aux chutes Iguazu au Nord de l’Argentine. La veille, l’homme s’effondre. Un malaise qui le conduit six pieds sous terre. Marina n’est qu’une silhouette fantomatique. Vidée de son énergie, elle n’a plus goût à rien. L’accablement est encore plus grand lorsque la famille du défunt et la police la prennent en grippe.

Des jeux d’acteur.rice époustouflants et des mises en scène captivantes… le combo adéquat pour passer une soirée riche en émotion. Après avoir visionné ces bijoux audiovisuels, on est investi d’une rage de vaincre les pensées arriérées encore bien ancrées. Ces films LGBT+ laissent sans voix ! Le drapeau arc-en-ciel s’agite dans un vent de paix décoiffant.

Et vous, quel film vous a le plus marqué ? Pensez-vous que le 7e art est encore trop fermé à la diversité ? Votre avis nous intéresse. Pour le partager, c’est par ici.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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