Audrey Hobert observe, elle écrit, et elle dit les choses comme elles sont. Avec son tout premier album « Who’s the Clown? », cette jeune chanteuse et autrice-compositrice basée à Los Angeles s’impose comme l’une des voix les plus lucides et inattendues de la scène pop actuelle. Ni icône fabriquée, ni rebelle de façade, Audrey Hobert est autre chose : une fille dite normale, brillante, et parfaitement à sa place dans sa propre étrangeté.
Une outsideuse qui ne cherche pas à rentrer dans le moule
À 25 ans, Audrey Hobert vient de publier un album autobiographique, drôle, et cruellement honnête, dans lequel elle déconstruit les idées reçues sur la célébrité, l’amour et le regard des autres. À travers des titres comme « Phoebe » ou « Château », elle évoque le sentiment d’être à côté, d’être vue sans être comprise, de ne jamais vraiment correspondre aux codes attendus – ni dans la musique, ni dans la vie.
Dans une interview pour Teen Vogue, elle revient sur son adolescence à Los Angeles, marquée par l’arrivée d’Instagram dans sa classe de 5e. « Quand les gens ont commencé à poster des photos de fêtes où je n’étais pas invitée, j’ai pensé : ‘Pourquoi on fait ça ?' », raconte-t-elle. Cette question – « Pourquoi est-ce une chose ? » – est au cœur de tout son travail artistique.
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Une écriture cash et sans fard
Loin des balades pop aseptisées, les morceaux d’Audrey Hobert sont traversés par une lucidité touchante et un humour désarmant. Pas question de prétendre être ce qu’elle n’est pas. Audrey Hobert parle d’isolement, de déceptions amoureuses, d’obsession passagère pour des gens qui ne la regardent même pas, mais toujours avec une dose d’autodérision.
« Personne ne veut de moi, sauf quand c’est moi qui ne veux pas d’eux » – une de ses lignes les plus virales. Dans ses textes comme dans ses interviews, elle revendique ainsi son droit d’être une outsideuse. Pas awkward, pas « trop bizarre », mais simplement différente. Et pleinement consciente de l’image qu’on peut se faire d’elle : « On m’a beaucoup qualifiée de maladroite, et je comprends pourquoi… mais en réalité, je ne me sens plus awkward depuis le collège ».
Une transparence rare… et maîtrisée
Son album ne sonne jamais comme une thérapie publique. Audrey Hobert explique ne pas écrire pour se « soigner » ou « comprendre qui elle est », mais parce qu’elle a quelque chose à raconter, un point à faire passer. « Je ne pleure pas en écrivant mes chansons. J’essaie juste de transmettre une idée de la façon la plus claire possible », dit-elle.
Si Audrey Hobert aborde sa vie intérieure avec franchise, c’est sans impudeur ni posture de vulnérabilité forcée. Tout est assumé, y compris la volonté de « prendre les devants sur les critiques » : « Je fais la blague avant que les autres aient le temps de la faire », confie-t-elle. Un vrai bouclier narratif, à la fois lucide et puissant.
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Une star sans personnage
Là où de nombreuses artistes pop cultivent des « personas », Audrey Hobert reste, elle, farouchement fidèle à elle-même. Pas de mise en scène grandiloquente, pas d’alter ego théâtral. Elle dit n’avoir aucun intérêt à construire une figure publique déconnectée de la personne qu’elle est : « Je me sens avant tout comme une autrice. Et c’est comme ça que je veux continuer ».
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Une vie ambivalente avec la célébrité et les réseaux
Fille de la génération Instagram, Audrey Hobert a vite compris les pièges du miroir numérique. Si elle a appris à s’en protéger, c’est parce qu’elle a senti très tôt combien ces outils pouvaient générer mal-être et auto-critique.
Même après la sortie de son album, elle dit éviter autant que possible les réactions en ligne : « Peu importe que je sois au sommet ou pas, Instagram me fait toujours me sentir mal. Je reste loin autant que je peux ». Elle ajoute avec justesse : « La façon la plus rapide de devenir une personne inintéressante, c’est de penser tout le temps à soi ». Une déclaration aussi simple que radicale, à contre-courant de l’égocentrisme ambiant sur les réseaux sociaux.
En définitive, avec « Who’s the Clown? », Audrey Hobert ne cherche ni à être parfaite ni à plaire à tout le monde. Elle est à la fois la voix des personnes qu’on n’invite pas à la fête, et celle qui observe le monde depuis les coulisses, avec humour et finesse. « Je me sens libre », dit-elle aujourd’hui. Et c’est sans doute ce que l’on ressent le plus à l’écoute de son album : cette liberté d’être soi, sans fard, sans filtre, sans artifice.