Dans un témoignage rare et sans filtre, Élodie Frégé évoque une souffrance intime : son rapport à la maternité, marqué par l’endométriose. Une parole précieuse dans un monde où le silence demeure la norme.
Une confession inattendue, mais nécessaire
Le 8 juin 2025, dans le podcast « Coloscopie » animé par Laurent Baffie, Élodie Frégé s’est livrée avec sincérité. Interrogée sur le fait de ne pas avoir d’enfants, la chanteuse et comédienne de 43 ans a évoqué une réalité intime que beaucoup de femmes vivent dans l’ombre : l’endométriose, et son impact silencieux sur le corps, les choix, et parfois, les non-choix.
Connue pour sa discrétion sur sa vie privée, l’artiste révélée en 2003 dans la Star Academy a ainsi surpris par la lucidité de ses mots et la douleur retenue derrière son calme.
« Je souffre » : un rapport ambivalent à la maternité
Lorsque Laurent Baffie lui demande si l’absence d’enfant est un choix, Élodie Frégé répond sans détour : « Oui et non. Ce n’est pas quelque chose qui m’a obsédée. […] Ou alors je me mens à moi-même, parce que je savais au fond de moi que j’avais un souci ». Un souci qu’elle finit par nommer : l’endométriose. Une maladie chronique et inflammatoire, encore méconnue malgré son ampleur : en France, une femme sur dix en est atteinte selon les chiffres de l’Inserm.
Et comme elle, nombreuses sont les femmes dont le parcours de maternité est bouleversé, entravé ou suspendu à des incertitudes médicales. « Je souffre d’endométriose donc j’ai quelques difficultés. […] Ça peut provoquer le fait d’être infertile. Tu es stérile, ou pas. Moi je ne le suis pas ». Avec pudeur, Élodie Frégé met des mots sur ce que beaucoup gardent pour elles. Non pas pour susciter la compassion, mais pour normaliser une parole restée trop longtemps marginalisée.
Une parole précieuse dans un monde normatif
Ce témoignage résonne d’autant plus fort qu’il s’inscrit dans une société où la maternité reste une norme implicite, parfois pressante, souvent injonctive. Ne pas avoir d’enfant – par choix, par circonstances, ou par difficulté médicale – reste encore mal compris, voire jugé.
En cela, le récit d’Élodie Frégé casse une représentation figée de la vie d’une femme. Il montre qu’on peut être pleinement femme sans être mère, qu’il est légitime d’hésiter, de ne pas ressentir l’appel de la maternité comme une évidence, ou d’y renoncer (en partie) à cause de la douleur.
L’endométriose : une maladie encore sous-estimée
Depuis quelques années, l’endométriose sort de l’ombre, grâce à des témoignages comme celui d’Élodie Frégé, mais aussi grâce à l’engagement de patientes, de médecins, et de personnalités publiques. Néanmoins, les retards de diagnostic restent fréquents : en moyenne 7 ans pour identifier la maladie.
Les douleurs chroniques, les troubles menstruels, les difficultés à concevoir, les impacts sur la vie sexuelle ou professionnelle sont souvent banalisés ou ignorés. Et même lorsque la maladie est reconnue, les traitements proposés restent limités, souvent palliatifs. En ce sens, la parole de figures médiatiques permet d’ouvrir un espace de compréhension, de valider les vécus de milliers de femmes, et de rappeler que ce qui est invisible n’en est pas moins réel.
Une trajectoire artistique riche, loin des clichés
Si Élodie Frégé a choisi ce moment pour s’exprimer, c’est aussi parce qu’elle en a la maturité et la liberté. Depuis sa victoire à la Star Academy il y a plus de 20 ans, elle a tracé un chemin personnel, loin des projecteurs constants.
Quatre albums, des collaborations avec Alain Chamfort, Pascal Obispo ou encore Elisa Tovati, des rôles au cinéma (notamment dans « Potiche » de François Ozon) et des apparitions régulières à la télévision : la Bourguignonne a toujours cultivé un style singulier et discret à la fois.
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En révélant qu’elle souffre d’endométriose et que cela a pesé sur son rapport à la maternité, Élodie Frégé brise ainsi un tabou encore vivace. Dans un monde où l’intime est souvent détourné ou instrumentalisé, cette prise de parole sincère vaut pour toutes celles qui n’osent pas encore dire ce qu’elles vivent. Car, comme l’a rappelé la chanteuse, « ce sont les personnes qui connaissent le mieux leur corps ». Et ce qu’elles ressentent mérite d’être entendu.