En avril dernier, la créatrice de contenus et entrepreneuse Marie Cay participait à sa toute première compétition Hyrox, un challenge sportif intense, organisé à Paris. Au lieu d’être saluée pour son exploit, c’est un détail inattendu qui a enflammé les commentaires : sa pilosité sous les bras.
Quand la performance passe au second plan
Après des mois de préparation, Marie Cay partage fièrement les photos de sa performance sur son compte Instagram. Autrice, militante féministe et créatrice de contenus engagés, elle aborde habituellement sans langue de bois les sujets liés au corps, au genre et à la représentation. Son implication dans le sport s’inscrit dans une démarche personnelle d’exploration physique et mentale. Sauf qu’en osant apparaître non épilée en pleine compétition, cela a déclenché un torrent de réactions sexistes.
« Je n’y avais même pas pensé. En postant les images, je voulais juste faire un bilan de la course, partager ce que j’en avais appris », confie-t-elle. Une avalanche de commentaires s’est en effet focalisée non pas sur son endurance ou son exploit, mais sur l’apparition de poils sous ses bras – un détail insignifiant – mais qui semble inacceptable pour certains internautes.
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L’intolérance toujours plus virulente en ligne
Dans les commentaires, les critiques abjectes s’enchaînent : « Tu fais partie des hommes », « C’est répugnant », « Tu te crois spéciale avec tes poils ? ». Des remarques qui traduisent, selon Marie Cay, une forme de rejet viscéral de tout ce qui sort de la norme esthétique imposée aux femmes. « Ils n’avaient rien à dire sur mes résultats, alors ils ont attaqué ce qu’ils pouvaient : mon apparence ».
Ce type de violence verbale n’est malheureusement pas nouveau pour elle, ni pour de nombreuses femmes visibles sur les réseaux sociaux. Ce qui l’est en revanche, c’est la rapidité avec laquelle ces attaques peuvent occulter le propos initial. « Le but de ce post, c’était de parler de mon expérience Hyrox. Mais en ligne, dès qu’une femme s’écarte de la norme, son corps devient un champ de bataille ».
Le corps des femmes toujours sous contrôle
Le monde du sport ne fait pas exception à cette logique de « contrôle du corps des femmes ». Même dans un contexte de compétition intense, les femmes doivent répondre à des attentes esthétiques implicites : être performantes, mais aussi séduisantes ; puissantes, mais toujours « présentables ». Dans le cas de Marie Cay, la présence de poils – pourtant naturelle – suffit à provoquer une forme de panique morale.
« Les poils, ce n’est pas une revendication politique pour moi. Mais le simple fait de ne pas les cacher devient un geste militant dans ce monde obsédé par la perfection féminine », explique-t-elle. Marie Cay rappelle aussi que la pilosité n’a rien de honteux : elle est un marqueur biologique de maturité, et la rejeter revient à infantiliser le corps féminin.
Une réponse claire à la violence symbolique
Face à la violence des messages reçus, Marie Cay a choisi de répondre avec humour, répartie et pédagogie. Elle détourne les insultes, ironise sur les commentaires absurdes, et transforme l’espace de ses publications en lieu de soutien. « Je veux que chaque femme qui tombe sur ces messages sache qu’elle n’est pas seule. Qu’il y a des réponses à ces injonctions absurdes ».
Elle refuse aussi de se taire. En exposant cette polémique, elle met en lumière une réalité encore trop souvent minimisée : la charge mentale des normes esthétiques imposées aux femmes, y compris lorsqu’elles sont en train de courir, transpirer ou soulever des poids. « Je ne veux plus que les femmes s’excusent d’exister dans leur corps réel ».
Vers une représentation plus libre du corps
Le cas de Marie Cay soulève une question essentielle : pourquoi le corps au naturel d’une femme dérange-t-il autant ? Dans une société saturée d’images retouchées, les marques de réalité – poils, vergetures, rides – sont perçues comme des anomalies à corriger. Montrer autre chose, c’est risquer le rejet, mais aussi ouvrir la voie à plus de diversité corporelle.
« Je ne me suis pas dit : super, je vais montrer mes poils pour provoquer. J’ai juste vécu, couru, partagé », rappelle Marie. Et c’est peut-être là le cœur du problème : qu’une femme soit libre de son corps, sans chercher à plaire ni à s’excuser, reste pour certaines personnes un acte subversif.
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La réaction disproportionnée face à la pilosité de Marie Cay ne parle finalement pas uniquement d’elle, mais de nous toutes. Elle révèle la persistance des normes genrées dans le sport, la violence banalisée envers les femmes sur les réseaux, et l’incapacité à accepter les corps tels qu’ils sont. En choisissant de montrer son corps au naturel, Marie Cay ne cherche pas « à provoquer » : elle réclame simplement le droit de vivre, de courir ou encore de transpirer comme elle l’entend. Et cela, visiblement, dérange encore en 2025…