Comment aider les autres sans s’oublier ? Voici 5 conseils utiles

Jouer les anges gardiens avec ses proches est un acte presque inné. Prêter une oreille ou une main forte aux personnes qui nous sont chères fait partie de ces réflexes altruistes naturels. Pourtant, à trop s’investir pour les autres, on finit bien souvent par brader sa propre santé mentale. En faisant le don de soi et en déployant cette sympathie fiévreuse à la pelle, on en vient à sacrifier son individualité tout entière.

Cet héroïsme, parfois compulsif, répare les autres, mais nous endommage sérieusement de l’intérieur. Qu’il s’agisse de réconforter son/sa meilleur.e ami.e en pleine rupture ou d’assister un.e proche en perte d’autonomie, voici donc 5 conseils pour aider les autres sans s’oublier. 

1 – Apprendre à s’écouter

L’empathie est une qualité précieuse qui se cultive au quotidien. Aider les autres permet de se sentir utile et de cueillir une gratitude salvatrice. Selon une étude réalisée par un centre médical de Caroline du Nord, même les plus petits gestes de bonté auraient un effet positif sur la santé. Nul besoin de partir en voyage humanitaire au Kenya pour se frotter aux bienfaits grandiloquents de la compassion humaine. Tondre la pelouse de son/sa voisin.e âgé.e peut largement suffire à infuser les atouts vibrants de la dévotion.

Si plusieurs psychologues s’accordent pour dire qu’aider les autres forge l’épanouissement émotionnel, cette attitude fraternelle peut aussi dévorer notre espace personnel. À force d’écouter les autres, de boire leurs problèmes et de faire la béquille, on se perd en chemin. Pour aider les autres sans s’oublier, il est donc nécessaire de revenir à soi et de se tendre un mégaphone intérieur. Comme le déclare le dicton « Pour prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi ».

Ce rendez-vous avec soi, souvent manqué, peut prendre plusieurs formes : une balade dans la nature en solitaire, une digitale détox, la tenue d’un journal intime, une activité artistique… Divers chemins, créatifs ou plus spirituels, peuvent réinstaurer ce dialogue intérieur, trop longtemps étouffé. Ainsi nous ne sommes plus dépossédé.e de notre vie, mais réellement investi.e. Ça permet d’éviter cette impression de « surplace ». S’écouter, c’est aussi mieux s’armer dans les défis, parfois corsés, de l’appel à l’aide. Cette solitude positive n’a rien d’égoïste, au contraire. C’est un geste de premier secours pour la santé mentale.

2 – Savoir poser des limites

Tendre son cœur sur un plateau doré est honorable. Mais sur le long terme, cette charité effrénée engloutit toute l’énergie qui nous anime. Accourir au premier coup de téléphone, dépanner sans retenue, accepter les requêtes des autres sans broncher… ce comportement de « bon samaritain », toujours sur le qui-vive, laisse entendre une disponibilité constante.

En nous montrant indispensables, l’autre en face pense qu’iel peut tout nous réclamer, à n’importe quel moment. On devient un peu sa « bonne fée » attitrée. Inévitablement, en ayant le « oui » facile, nous nous engouffrons la tête la première dans les sacrifices. Mais pas question de basculer vers l’individualisme radical et de sortir des « non » à la chaîne. Pour aider les autres sans s’oublier, il est préférable de poser des limites, des lignes à ne pas franchir. Ce qu’on appelle les « frontières saines » en psychologie.

Dresser des limites dans une relation revient à mieux se situer dans son territoire personnel. Elles remettent notre libre arbitre à sa juste place. Cependant, en pratique, elles peuvent être difficiles à dessiner. Peur de blesser, de perdre l’approbation de l’autre ou pire encore de créer un point de rupture dans la relation… ce sont ces multiples raisons qui nous poussent à « accepter » les sollicitations, quitte à enterrer nos priorités. Les limites sont plus ou moins flexibles en fonction de l’histoire personnelle de chacun.e. Mais elles reposent toutes sur le même principe de « respect mutuel ».

Comme l’explique le centre de thérapie de Montréal, elles doivent être spécifiques, raisonnables, faciles d’application et naturelles. Si un.e ami.e nous demande de soigner ses peines de coeur alors que nous-mêmes avons vécu une séparation chaotique, on peut simplement lui dire « J’aimerais beaucoup t’aider, mais ton histoire ravive trop de mauvais souvenirs psychologiques chez moi ». Les limites se bâtissent autour d’une communication non violente et sans fard.

3 – Oser demander de l’aide en retour

Aider n’implique pas forcément une contrepartie ou un aspect redevable. C’est le cas notamment pour les aidants familiaux qui s’impliquent corps et âmes dans la vie d’un.e proche en situation d’invalidité. Même son de cloche pour le bénévolat, qui aide sans rien attendre en retour, si ce n’est la valeur inestimable d’un sourire. Cependant, les petites aides de tous les jours, souvent à sens unique, peuvent faire une entorse au schéma « mono-centré ».

L’aide est une mise en abyme sans fin. Si elle se pratique surtout aveuglément, elle a aussi le droit d’émaner de nous. Une sollicitude qui demande parfois un effort surhumain, mais qui est cruciale. Pour beaucoup d’entre nous, appeler à l’aide est infantilisant ou signe de faiblesse. De fausses croyances qui causent des torts à notre bien-être. La galanterie relationnelle nous gomme totalement du décor. Pour aider les autres sans s’oublier, nous devons, à notre tour, apprendre à exprimer nos SOS.

En demandant de l’aide à quelqu’un que nous avons déjà dépanné, on fortifie notre relation avec la personne et on la purifie. Les aides partagées cristallisent le sentiment de fiabilité et évitent les frustrations. Contrairement aux liens intéressés et avares, cette solidarité mutuelle met tout le monde sur un même pied d’égalité.

4 – Chercher son propre bonheur

Si participer au bonheur des autres déteint positivement sur notre bien-être, la joie est aussi une quête très personnelle. Les expert.e.s affirment que le bonheur ne dépend de nous-mêmes qu’à hauteur de 40 %. La génétique et le contexte extérieur y étant pour beaucoup. Mais le bonheur, au-delà de son caractère insaisissable, est surtout un choix intime. Si nous passons les trois quarts de notre temps à reverdir la pelouse des autres, nous pensons rarement à notre jardin personnel. Qu’est-ce qui nous fait vibrer en dehors de ces liens sociaux ? Cette question se heurte à un silence évocateur.

Aider les autres sans s’oublier est un travail d’équilibriste. Nous devons trouver le juste milieu entre essayer de faire le bonheur des autres et faire notre propre bonheur. Remplir le réservoir émotionnel des autres en asséchant le sien n’est pas forcément la meilleure idée. Mais alors, comment capitaliser son bonheur sans se faire influencer ? Tout simplement en apprenant à mieux se connaître.

À trop imaginer comment faire du bien autour de soi, on finit par sombrer dans une amnésie du « bonheur », le vrai. Certes, le bonheur est subjectif, mais il naît toujours à l’intérieur de nous. Il se traduit dans une réalité qui nous correspond. Cela peut aller de la méditation à la pratique d’un sport régulier.

5 – Se façonner une bulle de protection

En aidant les autres, notamment à travers l’écoute, nous pouvons prendre l’allure d’une éponge émotionnelle. C’est-à-dire absorber tous les sentiments négatifs qui inondent la personne en face. Inquiétude, stress, douleur, tristesse… chaque ressenti est aussitôt dit, aussitôt essoré. Un effet buvard insidieux qui ne fait que déporter le mal-être. Cette solidarité excessive, très caractéristique des « hyperempathes », traduit un investissement immodéré dans la relation avec l’autre.

Pour aider les autres sans s’oublier, il est parfois essentiel de prendre du recul. Cela ne veut pas dire avoir une approche passive ou se désintéresser, mais plutôt rester impartial et émotionnellement en retrait. Les thérapies holistiques recommandent de se forger une bulle de protection. Un bouclier psychique dans lequel nous pouvons nous retirer, nous envelopper afin de nous protéger. Cet exercice se fait en 4 temps : respiration, ancrage, bulle de protection et intention.

Besoin maladif d’aider les autres : quelles conséquences ?

Partager un plat avec des voisin.e.s, tenir la porte à quelqu’un, aider un.e sénior à monter les escaliers du métro, soutenir un collègue timide… l’altruisme est une source inconditionnelle de satisfaction. Qualité de plus en plus menacée par le culte du « chacun.e pour soi », cette générosité instinctive colporte d’innombrables vertus. Selon le chercheur en psychologie sociale Christophe Haag, les personnes ayant pour habitude de se tourner vers l’autre et de produire des actes bienveillants sécréteraient même 23 % moins de cortisol, l’hormone du stress.

Pourtant, lorsque cette grandeur d’âme devient obsessionnelle et incontrôlable, elle peut être le signe d’une pénurie de confiance en soi. Certaines personnes ont tendance à toujours faire passer les autres avant elles-mêmes « quoi qu’il en coûte ». Elles portent même un nom : « peoples pleasers ». Toujours au garde-à-vous en cas de besoin, elles s’attirent les louanges des proches, mais se sabotent à petit feu.

« Un tel rapport à soi-même et aux autres crée le plus souvent un effet de « cocotte-minute » qui, s’il ne se fait pas ressentir immédiatement, peut finalement exploser avec fracas », explique Chloé Blachère, psychologue-clinicienne

Aider les autres sans s’oublier est un véritable défi, surtout lorsqu’un petit syndrome du sauveur s’en mêle. Pourtant, c’est une nécessité pour préserver sa santé mentale et sa vitalité émotionnelle. En se prenant en considération, on s’enrichit enfin pleinement de cette sensibilité sociale.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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