La maternité semble aussi avoir son propre dress code. Lorsque les mères arborent d’autres vêtements que l’ensemble de sport, elles sont tout de suite accusées de bafouer leur rôle. Pourtant les looks qu’elles portent pour aller à la crèche n’ont rien à voir avec leur capacité à éduquer. Ces mères « nouvelle génération », qui renouent avec leur corps grâce à l’art de la mode, en ont assez qu’on leur dicte leurs choix devant le dressing.
Ce « momiforme » qui colle à la peau des mères
Lorsque les femmes deviennent mères, elles renoncent spontanément à leur féminité. Que ce soit pour répondre à la réalité du post-partum ou se fondre dans un idéal, elles troquent les jupes courtes contre des pantalons amples. Elles remplissent des cartons floqués « à donner » de pulls à col V et de robes moulantes. C’est comme si la maternité signait la fin des fantaisies textiles et invitait à une certaine pudeur vestimentaire. Ces mères, qui ont donné la vie et qui apprennent à aimer une nouvelle silhouette, devraient se limiter à des pièces discrètes.
Les stylistes parlent même de « momiforme » et font l’état de looks bien fades. Selon les générations, les coutures changent et le design évolue, mais ces vêtements ont en commun d’être délibérément modestes. Les mères choisissent le confort au style. Autrefois, elles suivaient assidûment les tendances et depuis qu’elles sont mères, elles les ignorent et estiment même que « ce n’est plus pour elles ». Il faut dire que l’ensemble legging, t-shirt, baskets est plus pratique pour ramasser les jouets des enfants au sol et pousser la poussette que la jupe plissée et les escarpins. Cependant, derrière ce look sage et athlétique, il y a aussi ce besoin de soigner sa réputation auprès des autres.
Ces vêtements ne sont pas juste des bouts de tissu, ce sont, pour beaucoup, des marqueurs d’identité, une façon de se présenter au monde. Et dans une société qui a la fâcheuse tendance à tout sexualiser, certaines étoffes sont chargées de sous-entendus. Les jupes en cuir, les cropped top, les dos nus et les pièces près du corps induisent silencieusement « allumeuse ». Un terme que les mères veulent éviter pour faire bonne figure. Or, les mamans modernes se rebellent contre ces normes qui en veulent à leurs vêtements et qui minimisent leur pouvoir de séduction.
L’habit ne fait pas la mère
Cette révolution vestimentaire qui se joue sur les courbes des mères ne concerne pas seulement les stars. Elle se vit aussi chez les mamans connectées. Ainsi Masha, du compte @mashatoutcourt, enfile corsets, bottes à plateformes et micro short pour incendier, non pas le peuple, mais les diktats. Et à la question irritante « tu donnes quel exemple à ta fille ? », elle répond brillamment « celui d’une femme un peu plus libre que toi ».
Dans ce même sillage émancipateur, Heidi alias @heidi_to_the_joy, reconquiert son véritable style. Face caméra, elle apprivoise jupes fendues colorées, ensemble girly et jeans troués. « Juste une maman de 41 ans qui refuse de laisser la société lui dire qu’elle est trop vieille pour être mignonne », affirme-t-elle comme un manifeste. Une mère peut porter des cuissardes et un top en latex un jour et un sweat à capuche assorti à un pantalon cargo le lendemain. Elle n’est pas moins crédible auprès de ses enfants, qui retiennent sa présence plus que sa tenue.
Et pour clore le débat, l’inspirante Jennifer Lopez, cible de momshaming pour ses décolletés plongeants et ses clips sulfureux, a la phrase parfaite. « À la fin de la journée, mes enfants se soucient davantage de moi et d’être là pour prendre soin d’eux, que si je suis sexy dans un clip vidéo ». Voilà qui est clair. Les mères n’ont pas à faire le deuil de leur tenue coquette. Pour beaucoup, c’est un moyen de se réapproprier leur reflet (pas de la provocation).
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Les tenues des mères, inlassablement jugées
À toutes les périodes de leur vie, les femmes sont observées de la tête aux pieds. Leurs looks sont sans cesse passés au radar. Les diktats enveloppent leur corps de l’adolescence jusqu’à la ménopause et bien au-delà.
Dans leurs jeunes années, elles doivent veiller à ne pas « trop exciter » les hommes. À partir de la cinquantaine, elles doivent replier les jupes qui arrivent au-dessus du genou pour s’enfermer sous la matière et ne pas « heurter » le grand public. Et quand le premier enfant pointe le bout de son nez, elles sont censées renoncer à tout ce qui peut les rendre « séduisantes ». Elles subissent une mode restrictive, qui se contredit tout le temps. À en croire ces standards, les mères ont tout intérêt à être laxistes avec leur penderie et à s’ancrer dans des pièces qui n’attirent pas l’attention.
Quand elles daignent faire un pas en dehors de l’ensemble décontracté, elles s’attirent les foudres d’un public à l’esprit mal placé. En 2014, Kim Kardashian posait pour le magazine dans une robe sans manches à strass, révélant son iconique silhouette en sablier. Une journaliste lui a demandé « Je ne le fais pas normalement. Mais… Vous êtes la mère de quelqu’un… ». Comprenez : quelle image vous renvoyez à votre enfant ? Cette leçon de morale à moitié dissimulée illustre parfaitement cette culpabilité vestimentaire qui pèse sur les épaules des mères.
Sur la toile, les mères 2.0 bravent tous les interdits mode posés par la société. Elles choisissent des vêtements qui leur plaisent et qui récompensent leur corps pour ce beau travail. Pas des pièces qui froissent leur estime.