1 femme sur 3 a déjà été humiliée par un homme car elle avait ses règles

Les règles. Une galère que connait, a connu ou connaîtra, près de la moitié de la population terrestre. Et pourtant le sujet semble toujours aussi tabou. C’est ce que révèle une récente étude réalisée par l’Ifop auprès d’un échantillon de femmes menstruées entre 15 et 49 ans.

Les règles : un phénomène très (très) mal compris des hommes

Depuis toujours et encore aujourd’hui, les règles sont considérées comme une affaire de femmes (bien qu’il n’y ait pas qu’elles qui aient leurs règles). Ceci entraînant cela, les hommes n’ont jamais cherché à s’y intéresser réellement. Leur définition des règles s’accompagne donc de tout un ensemble de clichés infondés. Une étude publiée récemment et réalisée par l’Ifop pour la marque Intimina au printemps 2021 en apporte la preuve.

En effet, parmi les femmes interrogées, en moyenne 39 % estiment que la gêne voire la souffrance qu’elles ressentent à cette occasion est minimisée par leur entourage masculin. Amis, famille, partenaires, collègues… visiblement aucun ne semble prendre la mesure de ce que peuvent ressentir les personnes menstruées. Puisque cela est avéré, cette période sanglante du mois s’accompagne de désagréments à la fois physiques et psychiques. Toujours selon cette même étude, 81 % des femmes déclarent que pendant leurs règles, elles ont a subir des effets négatifs quant à leur état psychologique, qu’il s’agisse de fatigue, d’irritabilité, d’anxiété…

De la simple moquerie à l’humiliation : quand « règles » riment avec « mise à l’écart » et « stigmatisation »

Les hommes ne savent rien ou pas grand-chose des règles. Ainsi, les remarques désobligeantes et sexistes du genre « t’es pénible, t’as tes règles ou quoi » ou « espèce de chochotte, tu ne vas pas mourir non plus » se multiplient, allant parfois jusqu’à l’humiliation. Une femme sur trois a déjà eu a subir des moqueries parce qu’elle avait ses règles. Et le pire, c’est que pour la plupart, ces moqueries venaient de leur partenaire. Interrogée par Yahoo, Clémentine, 26 ans explique :

« Je suis avec mon mec depuis 4 ans, et pendant le premier confinement, on a décidé d’emménager ensemble. Le moment venu, je lui ai naturellement dit que j’avais mes règles, et il m’a chassée du lit ! Il a affirmé que l’odeur de mon sang l’indisposait, qu’il ne pourrait pas dormir avec la crainte de se réveiller dans un lit inondé de sang »

Un discours masculin empli de clichés et de misogynie qui donne la nausée.

Une invisibilisation des règles dans l’espace public

Si 48 % des femmes déclarent avoir des règles douloureuses, c’est surtout leur vie sociale qui semble poser problème durant cette période. Et on vous voit venir, cela n’est pas uniquement dû à la douleur.

Vous est-il déjà arrivé de devoir vous rendre aux toilettes pour changer votre serviette, votre tampon ou tout autre protection hygiénique alors que vous étiez au bureau, en classe, à une soirée entre ami.e.s ou au restaurant par exemple ? Votre cerveau se mettait immédiatement à élaborer une stratégie de haut vol pour camoufler le petit paquet afin que personne ne réalise que vous aviez… vos règles.

 

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.e. 83 % de femmes ont répondu avoir ce genre d’agissements dans l’étude réalisée par l’Ifop. De même, encore 28 % déclarent ressentir de la honte quand elles achètent des protections hygiéniques. Les règles ne semblent toujours pas faire bon ménage avec l’espace public. Notre cerveau a intégré que pour ne pas subir de moqueries, il fallait mieux cacher nos menstruations.

« Alors que les distributeurs de préservatifs sont courants, ceux de protections hygiéniques commencent à peine à peupler l’espace public. Cet impératif à l’invisibilisation des règles marque encore profondément nos sociétés, au point que les personnes menstruées appréhendent cette période », explique Louise Jussian, chargée d’étude au sein de l’Ifop ayant travaillé sur cette enquête

… qui mène à l’autocontrainte

Norbert Elias, un écrivain et sociologue allemand de la moitié du XXe siècle, développe le principe d’autocontrainte. Concrètement cela revient à s’empêcher soi-même de dire ou faire quelque chose, car des injonctions ont été intériorisées préalablement. C’est ainsi que 60 % des femmes refusent d’avoir des rapports sexuels pendant leurs règles. Alors même qu’il a été démontré scientifiquement, qu’il n’y a aucun danger à avoir un rapport consenti et protégé avec une personne qui a ses menstruations.

Relevant de la même absurdité, 65 % des femmes n’osent pas se mettre en maillot de bain pendant leurs périodes. On ne vous parle pas de se baigner, qui est une action totalement exclue par 74 % d’entre elles ! Et ce ne sont que des exemples. Rendez-vous galant, sortie entre ami.e.s, activité physique… tous les aspects de la vie sociale des personnes menstruées sont impactés par le tabou qui entoure la question des règles.

En résumé, entre les douleurs et divers désagréments, la précarité menstruelle, les difficultés à trouver des protections hygiéniques qui ne soient ni dangereuses pour la santé ni inconfortables et les barrières que nous imposent des injonctions infondées, c’est un vrai calvaire que représentent les règles. 87 % des femmes interrogées dans l’enquête de l’Ifop vont même jusqu’à souhaiter ne plus en avoir. Il est plus qu’urgent d’éduquer les mentalités.

Léonie Bourbon
Léonie Bourbon
À travers mes articles, je vise à divertir, éduquer et inciter à la réflexion, en partageant des histoires qui touchent le cœur et l'esprit.
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