Vous l’avez découverte dans la peau de la petite Hawaïenne téméraire et espiègle. Maia Kealoha, qui prête son visage à Lilo dans l’adaptation en live action du dessin animé Disney, est passée devant d’autres projecteurs avant d’investir ce tournage prestigieux. À tout juste 7 ans, elle a tutoyé le podium en talon et en bikini, reprenant les mimiques explicites des mannequins plus âgées. Seule enfant au casting, elle s’est prêtée à ce jeu d’adultes avec une aisance pour le moins troublante.
La très jeune actrice de Lilo & Stitch s’improvise top modèle
Elle trône sur l’affiche de Lilo & Stitch et incarne cette héroïne Disney des îles qui a bercé notre enfance et qui nous a donné le goût des colliers à fleurs. Maia Kealoha, talent précoce repéré par l’industrie aux oreilles de souris, campe le premier rôle et donne du relief à son personnage. Dans le film en live action, la jeune actrice aux prémices de sa carrière, mène une enfance pleine de turbulences. Déchirée par la mort de ses parents et rejetée par ses camarades de classe, elle s’est finalement trouvée un ami un peu particulier : Stitch. Cet extraterrestre bleu qu’elle présente comme un chien finit par devenir le centre de son monde.
En parallèle de cette intrigue trépidante, le public est plongé dans un décor dépaysant, les pieds dans l’eau. D’ailleurs, dans plusieurs scènes, Lilo exécute quelques pas de Hula, la danse locale. Et à en croire son expérience passée sur le catwalk, elle avait déjà quelques notions en déhanché. Elle a roulé des hanches, non pas dans le cadre des traditions, mais pour présenter une collection de maillots de bain de l’archipel et là ce n’était pas du cinéma. Recrutée par le HAWAIʻI SWIM SHOW, elle a ainsi défilé au milieu des plus grandes, avec peu de matières sur le corps.
Point de feuille verte à la taille ou de top au style « aloha » sur le buste, mais des pièces de bain haut de gamme, rarement croisées sur des courbes innocentes. Des vêtements, certes esthétiques et élégants, mais qui ne vont pas vraiment avec son âge. Celle que vous avez vu en salopette et en robe à fleurs, avec sa frimousse candide, a délaissé son costume de Lilo pour enfiler celui de la « femme ». Ces images, qui éclaboussent les yeux de certains, suscitent aussi une vague d’indignation.
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Derrière la mignonnerie apparente, un défilé qui pose problème
Maia Kealoha est une enfant des lagons. Elle a grandi les pieds dans le sable et la tête dans l’eau. Le maillot de bain est comme une seconde peau pour elle. Pas étonnant qu’elle le défende aussi bien sur le catwalk et soit aussi à l’aise que ses consoeurs de 15 ans ses aînées. Même si sa tenue est bien moins candide que les bikinis du tendre âge ornés de froufrous et de motifs à croquer, ce n’est pas le fruit de la discorde. En réalité, le grain de sable de ce défilé, par ailleurs riche en diversité, ce sont ses postures, très suggestives.
Formée à l’acting, Maia ne fait que mimer l’attitude impertinente et glamour de ses collègues aux courbes développées. Elle bouge ses cheveux au ralenti, pose ses mains sur ses hanches, pivote de gauche à droite pour montrer chaque centimètre de tissu. Elle joue un rôle. Or, même si sa performance est irréprochable, à la hauteur des mannequins professionnelles, elle renvoie surtout l’image d’une fillette travestie en adulte. Une silhouette juvénile en devenir, muée en objet de vente. Ces quelques extraits, qui ont provoqué une onde de choc, ramènent à la surface un problème de fond : la sexualisation des enfants.
Un mauvais exemple pour les fillettes ?
Maia Kealoha fait désormais partie du star system. Elle a le vent en poupe et sert de repère à de nombreuses fillettes. Imprimée sur des posters comme Hannah Montana autrefois, elle orne les chambres et imbibe les regards d’admiration. C’est leur plus grande idole. Sous l’influence de Lilo & Stitch, de nombreuses jeunes filles veulent s’initier au surf, déménager sous les cocotiers et jouer du ukulele.
Même si Maia et la propriétaire de Stitch restent deux personnes différentes, les enfants ne sont pas suffisamment matures pour faire la distinction. Voir celle qui interprète Lilo perchée sur des talons, à aguicher les caméras et à se trémousser comme Kate Moss et Cindy Crawford peut les pousser à faire de même. Quand les enfants sont fans d’une personne, ils font tout pour la copier et s’en inspirer. Et dans ce cas de figure, c’est particulièrement dangereux. Là il ne s’agit pas de porter une jupe en feuille de bananier et une couronne de tiaré, mais bien de « faire la grande ». Au lieu de réclamer des t-shirts à l’effigie de l’alien bleu et des tongs, les enfants risquent de piocher dans le dressing de leur mère et d’adopter des poses lascives.
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Cependant, Maia Kealoha ne se résume pas à ce passage éclair sur le catwalk. À l’écran, elle porte une fillette courageuse, résiliente, indépendante, casse-cou et indocile. Elle incarne tout ce que la société contre-indique aux jeunes filles. Dans la vraie vie aussi, elle ose prendre sa place et refuse de se faire discrète. Il serait dommage que l’actrice chavire dans le versant surfait et malsain de la célébrité.