L’après-Covid : synonyme d’un retour aux « années folles » ?

Cela fait plus d’un an que notre vie a totalement été bouleversée par la Covid. Couvre-feu, confinement, fermetures des bars, restaurants et lieu de culture. Gestes barrières, limitation de nos retrouvailles avec des proches, interdiction de voyager… la liste est longue. Fort heureusement, le gouvernement a d’ores et déjà annoncé un assouplissement des règles en vue de la saison estivale. La campagne vaccinale est bien lancée et nous nous surprenons déjà à penser au « monde d’après ». Une période que nos aïeux.eules ont déjà vécu.e.s. C’était en 1920, après la Première Guerre mondiale. On les a surnommées « les années folles », période où tout était possible. Allons-nous faire face au même scénario ? La rédaction se penche sur la question.

De la libération du corps des femmes aux Ku Klux Klan

La plupart d’entre nous a entendu parler de cette période florissante sur les bancs de l’école. On se souvient des années folles comme une période d’après guerre propice à la prospérité économique et à l’émulation intellectuelle. On garde en mémoire les photographies de ces femmes aux looks pin up, arborant robes à paillettes et un carré soigné. Un décolleté vertigineux, cigare aux lèvres, dans l’ambiance feutrée des clubs de l’époque.

Nous viennent également des grands noms de la littérature comme F. Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Gertrude Stein ou encore, Colette. On se souvient aussi de l’inoubliable actrice Joséphine Baker. Et de la créatrice Coco Chanel qui s’employait à libérer le corps des femmes en bannissant le corset.

Mais, comme le rappelle à juste titre l’excellente analyse de Slate.fr, les années 1920 furent aussi le théâtre d’événements moins reluisants. Faisant suite à une crise majeure, elle a aussi provoqué d’importantes fractures sociales qui se répercutent dans notre société actuelle. Olivier Richomme, maître de conférence en civilisation américaine à l’Université Lumière Lyon 2 détaille ainsi :

« Aux États-Unis, mais aussi en Europe, il y a eu un versant sombre aux années 1920. On mesure toujours l’impact des décisions politiques et sociales prises à l’époque dans la société aujourd’hui. Aux États-Unis, la décennie 1920 a été marquée par un contexte d’intense ségrégation raciale. C’est à cette époque que le Ku Klux Klan, société suprématiste blanche fondée en 1865, a fait son grand retour. Au XIXe siècle, le clan se résumait à des groupuscules isolés. Entre 1924 et 1926, il a atteint son apogée avec 4 millions d’adhérents à travers le pays, dont certains au plus haut sommet de l’État. »

Krach boursier et inégalités sociales

En parallèle, viennent aussi les premiers quotas visant à restreindre l’immigration. Une montée de l’eugénisme (théories nées de la volonté d’améliorer la race humaine, ndlr) en Occident. À l’époque, des campagnes de stérilisation forcées sont menées à grande échelle dans l’Allemagne nazie. Elles visent les populations pauvres et/ou issues de minorités. Une tentative de contrôle des corps qui n’est pas sans nous faire penser à la Pologne qui a interdit l’avortement en janvier 2021. Suivi de peu par l’état de l’Arkansas, en mars 2021.

Pour Evelyne Barthou, sociologue et enseignante-chercheuse à l’université de Pau :

« L’histoire, mais aussi l’actualité récente, nous montrent que les droits des femmes et des minorités peuvent être bouleversés du jour au lendemain. Ces catégories d’individus sont les premières à pâtir des crises. Pour elles, rien n’est jamais vraiment gagné. »

Les années 1920 furent aussi synonymes d’avènement du capitalisme tel qu’on le connait aujourd’hui. Olivier Richomme nuance cependant :

« Les années folles ont été une période de prospérité. Mais seule une proportion réduite de la population a pu en profiter ».

En effet, en 1929, suite à une absence totale de régulation de l’économie, survient le fameux krach boursier. La plus grave crise de l’histoire du capitalisme. Les conséquences sur la population furent dramatiques. Et à l’heure où la pandémie creuse les inégalités sociales, il faut espérer que nous ne suivions pas le même chemin.

Nous sommes les seul.e.s maîtres.esses de notre destin

On le sait, au-delà des avancées médicales et technologies permises par la pandémie, de nombreux nouveaux défis seront à relever comme le rappelle Evelyne Barthou :

« Les gens ont pris conscience des limites de notre système économique et de nos modes de consommation. Il est probable que de nouvelles opportunités ressortent de cette pandémie, mais il faudra rester extrêmement prudent quant à la tournure que prendront les événements. »

Restera aussi la question écologique. La prise de conscience doit impérativement perdurer pour sauver l’avenir de notre planète. Nous devrons également repenser notre manière de consommer. Et pourquoi pas, nos relations avec les autres.

Il est important de tirer des leçons de l’euphorie des années folles. Des années que l’on pourrait qualifier de « grandeur et décadence ». Oui, le temps reviendra à la joie et à moins de privations. Mais nous ne devons pas perdre de vue nos objectifs et revenir en plein dans nos vieux travers. Le temps du changement est arrivé et nous sommes les seul.e.s maîtres.esses de notre destin.

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Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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