Zazie fière de ses cheveux blancs : pourquoi les stars féminines dénoncent l’âgisme ?

De la chanteuse Zazie à l’icône pop Madonna en passant par la sulfureuse actrice Salma Hayek, ces stars féminines assument leur âge jusqu’au bout des pointes. Pour les célébrités qui ont franchi le cap de la cinquantaine, difficile de rayonner dans l’espace médiatique. Crinière grisonnante, ridules, peau relâchée… les caméras chassent le moindre signe de « vieillesse » apparent.

Cet âge pivot est présenté comme une tare, un poids à porter. Usées par cet âgisme débordant, les principales concernées lèvent la voix pour enterrer les stéréotypes vieillots. Les haters peuvent prendre leur retraite ! 

Les cheveux blancs, toujours coiffés dans le sens des critiques

Si chez les hommes, l’effet « poivre et sel » est avancé comme un argument « sexy », chez les femmes les cheveux blancs hérissent le poil. Longtemps dissimulée sous des colorations chroniques, cette teinte immaculée naturelle commence à s’imposer. L’an dernier, elle a même fait une entrée remarquée sur le prestigieux tapis rouge de la Croisette.

Les chevelures argentées de Andie Macdowell et Jodie Foster y défiaient le culte de la jeunesse. Et les tendances capillaires à la « 50 nuances de gris » de ces dernières années saupoudrées de « Grey Blending » et de « Blande » n’ont fait que confirmer ce retour en force. Malgré cet avenir prometteur du cheveu blanc sur le crâne des femmes, les idées reçues et l’âgisme sont toujours au garde-à-vous.

Aussi coriaces que la laque en lendemain de soirée, elles collent à la tête des célébrités. La chanteuse Zazie est bien placée pour le savoir. Sa mèche blanche glissée à l’avant de son visage, n’avait rien demandé. Et pourtant, elle a suscité des réactions pour le moins déconcertantes. Invitée sur le plateau de Quotidien le 23 septembre dernier, l’auteure de « Je suis un homme » levait le voile sur ce tabou ultime.

« C’est assez curieux comme elle fait jaser, cette mèche. Il y a un truc questionnant sur cette société pour les femmes, c’est que, que ce soit dans le gentil ou le plus bizarre, les commentaires qui me sont venus, c’était : ‘Elle a pris un coup de vieux, mais elle est toujours sympa’ », expliquait Zazie à Yann Barthès

Un tabou qui peut aller très loin

Ces polémiques complètement tirées par les cheveux ne datent pas d’hier. En 2017, Lio qui arborait avec fierté ses cheveux grisonnants, dénonçait déjà la « pression continue » sur les femmes qui vieillissent. Ses filles lui ont même imploré « s’il te plaît ne te laisse pas aller ».

Cette peur bleue du cheveux blanc chez la femme démange tellement la société qu’elle conduit parfois à des décisions abjectes. Au Canada, Lisa Laflamme, journaliste de renom, emblème des JT, a été évincée à cause de ses cheveux gris, visiblement plus assez « vendeurs » pour les projecteurs.

L’âgisme, plus virulent chez les stars féminines

Étiquetées « vieilles » après la ménopause, les célébrités féminines sont régulièrement la cible d’attaques sur ce physique modifié par le temps. D’ailleurs nombreuses d’entre elles tentent de contourner ces changements inaliénables en usant de chirurgies et de botox. Et certaines regrettent désormais leur passage sous le bistouris.

« Je déteste avoir eu besoin de m’altérer physiquement pour me sentir bien, j’aime les visages plus âgés, vivants », déplorait Jane Fonda.

Chez les célébrités, correspondre aux canons de beauté et conserver cette fraîcheur de la vingtaine est presque une nécessité pour ne pas finir sur la sellette. Dans l’impitoyable milieu du showbiz, l’âgisme, tendance discriminante qui dévalorise les séniors, est même devenu une arme de destruction de carrières. Et visiblement la date de péremption est plus courte chez les femmes que chez les hommes.

Alors qu’elle n’est âgée que de 37 ans, l’actrice Maggie Gyllenhaal s’est vue expliquer qu’elle était « trop vieille pour jouer l’amante d’un homme de 55 ans » d’après le magazine The Wrap. Après 40 ans, les femmes deviennent de vulgaires jokers, cantonnés à des seconds rôles ou des personnages humiliants. L’actrice Meryl Streep, figure incontournable du film « Le diable s’habille en Prada » en a subi les frais.

« L’année de mes 40 ans, j’ai reçu trois scénarios me proposant de jouer… une sorcière. Et dès 35 ans, n’étant plus considérées comme attirantes pour nos co-stars, nous sommes déjà sur la voie de la préretraite… Je pensais que chaque film serait le dernier », déplore Meryl Streep

Côté musique, le constat est aussi décevant. À la sortie de son nouvel album, la chanteuse Sheila brisait la glace. « On n’a pas le droit de vieillir, ni même de penser ou d’exister. À l’heure de la libération de la femme, ça la fout un peu mal !”. D’après une enquête menée par le CNC, de 50 à 59 ans, les femmes ne représentent plus que 31,1 % des interprètes sur les plateaux. Mises sur la touche à cause d’un âgisme banalisé, les stars féminines se soulèvent pour inverser la tendance.

Quand les femmes décident de reprendre le contrôle de leur image

Sur fond de #Metoo et de révolution féministe, actrices, chanteuses, mannequins et autres figures populaires scandent la liberté de l’âge. Les personnes qui pensent que les célébrités féminines jouissent d’un don de Jouvence n’ont qu’à bien se tenir. L’actrice emblématique de « Sex and the City » Sarah Jessica Parker osait ainsi répondre aux réactions des fans qui fustigeaient son « coup de vieux » :

« Je sais à quoi je ressemble. Je n’ai pas le choix. Qu’est-ce que je vais en faire ? Arrêter de vieillir ? Disparaître ? »

Madonna, devenue une figure de lutte contre l’âgisme, elle, compte bien travailler sa réputation de « femme fatale » jusqu’à la fin de ses jours.

« C’est une idée datée, patriarcale qu’une femme doit arrêter d’être drôle, curieuse, aventureuse, belle ou sexy passé 40 ans. Pourquoi seuls les hommes auraient le droit d’être aventureux, sexuels, beaux ou sexy jusqu’au jour de leur mort ? », a-t-elle avancé au média The Cut

La révolution de l’âge passe aussi par les images. Gwyneth Paltrow montrait ses racines aux Golden Globes 2020 tandis que Sophie Fontanel, journaliste, faisait le buzz en comparant ses cheveux blancs à une « pure coquetterie ». Dans un post Instagram sans fards, Salma Hayek clamait haut et fort « sois fière de tes racines ».

Grâce à ces coups de lumière et ces prises de position à impact, l’âgisme fait un joli croche-pied à cette apologie de la beauté éternelle. Cette image de cinquantenaire à la « mamie gâteau » se décroche gentiment des mentalités en partie grâce à des oeuvres comme « Rose ». Action, réaction ! 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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