Homophobie ordinaire : 8 termes homophobes à retirer de son vocabulaire

L’homophobie n’est pas seulement frontale et incisive. Parfois, elle s’insinue « l’air de rien » sous des expressions tristement communes et des qualificatifs à double sens. Cette forme de discrimination se calfeutre dans les moindres recoins de notre langage quotidien. L’homophobie s’échappe de nombreuses bouches, même de celles qui se revendiquent pro-LGBT et qui se pensent épurées de toute haine. Du « enculé » scandé dans les gradins pour perturber le camp adverse au « tapette », employé sans préambule pour taper sur la virilité des hommes, voici les termes homophobes à balayer de son vocabulaire.

Pédé

Parmi les termes homophobes à extraire de son vocabulaire, celui-ci trouve une source étymologique odieuse et insultante. « Pédé » est un raccourci de pédéraste. Ce mot ancien ne vous dit peut-être rien, mais il porte une définition lourde. Selon le Robert, dictionnaire de référence, il caractérise un homme ayant des relations sexuelles avec de jeunes garçons.

Dire « pédé », même sous le coup de la plaisanterie, insinue que les personnes homosexuelles ont une tendance pédophile. Une confusion absolument dégradante et fallacieuse, qui relègue les homosexuels à de sombres prédateurs. Le mot « pédé », clamé en choeur dans les stades et devenu le cri fédérateur de certains supporters, est considéré comme une agression verbale comme le rappelle SOS Homophobie.

Tapette

Il ne s’agit bien évidemment pas de l’ustensile voué à exterminer les mouches… Le mot « tapette » est régulièrement employé pour juger un homme sans courage, qui se dégonfle facilement. Aperçu sur les banderoles lors d’un match de Ligue 1 entre Montpellier et Nantes, il ne se limite pas seulement au monde du football.

Il revient sur le devant des lèvres dès qu’un homme refuse la bagarre ou renonce à un challenge stupide de mâle Alpha. « Tapette » est utilisée comme un synonyme de « fragile », au même titre que « femmelette ». C’est un des termes homophobes les plus « normalisés » dans le vocabulaire.

Lopette

Un peu moins prononcé que ses équivalents, le mot « lopette » est clairement rangé dans la catégorie des injures par Le Larousse. D’ailleurs, depuis 2023, il n’est plus possible de le dresser sur le plateau du Scrabble lors des compétitions. Mais au-delà du jeu de société dédié aux dompteurs de lettres, le terme « lopette » fait de la résistance dans la langue de Molière.

Dégainé pour dénoncer la lâcheté d’un homme et défendu sous l’excuse de la taquinerie, il est pourtant bien de nature homophobe. Il désigne un homme qui s’oppose aux normes de masculinité traditionnelles et compare indirectement les homosexuels à des « faibles » ou des « sous-hommes ». C’est donc un des termes homophobes à bannir de son vocabulaire.

Tarlouze

Débusqué par les papas beaufs devant les matchs de foot ou par les cancres de la cour de récré, « tarlouze » est l’insulte ultime pour ces messieurs hétéros. C’est un pic acéré dans leur masculinité. Le mot « tarlouze », dont la connotation péjorative est régulièrement atténuée, s’est frayé une place de choix dans le lexique des célébrités du ballon rond. Karim Benzema n’a pas hésité à s’en servir pour dénigrer son collègue Valbuena.

Beaucoup pensent que le mot « tarlouze » est inoffensif lorsqu’il se destine à un hétéro et qu’il n’a rien de blâmable. Pourtant, il véhicule une idée clairement homophobe. Il insinue que les hommes sensibles, qui affichent leur douleur en public et révèlent leur vulnérabilité, sont des homosexuels.

Enculé

Encore une fois, cette insulte fuse entre les cornes de supporter et les ola improvisées. Proféré à l’encontre d’un arbitre un peu trop sévère avec les cartons ou pour tacler les joueurs du camp adverse, « enculé » est indissociable du milieu footballistique. Pourtant, il n’est pas seulement scotché à la pelouse verte et s’échappe parfois dans un élan de colère. Le terme « enculé » renvoie à la pratique sexuelle attribuée aux hommes gays et fait directement écho à la pénétration anale.

Mais il est souvent détourné à des fins « dégradantes », en vue de pourrir une personne gratuitement. Au-delà d’attribuer une connotation péjorative à un acte sexuel qui ne l’est aucunement, « enculé » brasse aussi des pensées sexistes. Selon les préceptes du patriarcat, la sodomie est un moyen, pour l’homme, de soumettre la femme et de « dominer » les rapports. Lorsque le mot « enculé » est dévié du contexte intime pour prendre la forme d’une insulte, il suppose que les hommes qui se font pénétrer sont indignes de respect. C’est donc un des termes homophobes à bannir du vocabulaire.

Pédale

Voilà un autre dérivé du mot « pédé », qui fait aussi écho à un pédéraste. Mis pour la première fois à l’écrit en 1935, le mot « pédale » s’accroche encore fermement aux langues. Non seulement il évoque un élément du vélo voué à être écrasé par le pied, ce qui est loin d’être flatteur, mais en plus il descend les personnes homosexuelles plus bas que terre. Il entretient les attentes nocives selon lesquelles les hommes doivent être imposants, impassibles et protecteurs.

Fiotte

Les termes homophobes encastrés dans le vocabulaire dégradent souvent les femmes par ricochet. Le mot « fiotte » a longtemps divisé les avis sur son caractère offensant. Mais il n’y a pas à tergiverser ou à trouver des circonstances atténuantes, c’est bel et bien un mot « homophobe ».

À l’origine, « fiotte » est une version réduite du mot « fillotte » qui signifie familièrement « petite fille » dans un dialecte franc-comtois. Mais ce terme, qui ponctue les paroles de rap de bas étage et envahit les stades, s’est converti en attaque incisive. « Fiotte », insulte qui sonne presque « courtoise » à sa sonorité, définit un « homosexuel passif ». En clair, celui qui se fait pénétrer, qui « fait la femme » comme le diraient les homophobes. D’où le fond aussi misogyne du terme « fiotte ».

Tantouse

« Tantouse » est un peu plus rare, mais pas moins répugnant. Ce mot qui prend sa racine au terme « tante » place les homosexuels au même niveau que les femmes. Et pour ceux qui croient en la suprématie du chibre, c’est le pire des déshonneurs, voire l’abaissement ultime. En plus de discréditer toutes les tantes du monde, qui n’ont rien demandé à personne, le mot « tantouse » perpétue l’idée selon laquelle les homosexuels sont forcément maniérés et irrecevables en tant qu’hommes.

Il n’y a pas d’homophobie soft ou hard. Ces termes homophobes inscrits dans le vocabulaire n’ont rien d’innocents ou de « gentillets ». Ils sont aussi condamnables que les actes ouvertement LGBT-phobes. Les paroles ont un poids qu’il convient de peser. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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