À l’aube de leur vie active, les jeunes LGBTQ+ se trouvent à la croisée des chemins. Plein·e·s d’ambition, porteur·euse·s de compétences et de rêves, ces personnes se heurtent pourtant à une réalité bien moins rose que les brochures RH voudraient le laisser croire. L’inclusion, si souvent clamée, tarde encore à se traduire dans les faits. Alors, entre espoirs déçus et volonté de changer les choses, où en est vraiment le monde professionnel ?
Une génération motivée… mais sous pression
Les jeunes LGBTQ+ d’aujourd’hui ne manquent ni de talent, ni d’envie. Ce que ces personnes demandent ? Un environnement où l’on peut exister pleinement, sans avoir à masquer qui l’on est. Et pourtant, selon l’enquête menée par L’Autre Cercle avec BVA People Consulting, l’entrée dans la vie étudiante puis professionnelle ressemble souvent à une course d’obstacles.
Le constat est sans détour : 34 % des jeunes interrogé·e·s considèrent que leur établissement d’enseignement n’est pas LGBTQ-Friendly. Et c’est encore pire chez les plus jeunes ou celles et ceux en filières techniques ou sportives, où l’inclusion semble parfois être un mot étranger. À l’heure où l’on valorise la diversité comme moteur de performance, cela fait tache.
Étudier sous tension
Dans les couloirs des écoles, les insultes et les rires moqueurs persistent. Près de 60 % des jeunes LGBTQ+ ont été victimes ou témoins de comportements LGBTQphobes. Une statistique qui glace. Oui, en 2025. Oui, dans une société qui se veut inclusive. Et malgré cela, les actions concrètes pour y remédier se font rares : 41 % des établissements n’ont mis en place aucune initiative contre les discriminations.
Le résultat ? Un malaise généralisé, surtout chez les plus jeunes. La peur d’être soi. Le besoin de se cacher. Et parfois, l’autocensure qui devient une habitude. Il n’est pas rare de croiser des étudiant·e·s qui préfèrent ne pas faire de vague, de peur d’être mis·es à l’écart. Car même si 75 % des jeunes LGBTQ+ affirment être visibles dans leur cercle d’études, ces jeunes sont encore 42 % à craindre que leur identité ne nuise à leur insertion professionnelle.
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Le grand saut vers l’inconnu : le monde pro
C’est là que les choses se corsent. Dès qu’il s’agit de passer du campus au bureau, la visibilité chute : seul·e·s 48 % des jeunes LGBTQ+ se disent visibles dans leur environnement professionnel. Le changement de décor semble brutal. Les codes sont plus rigides, les non-dits plus épais, et l’envie d’être soi plus difficile à exprimer.
Et pour cause : 17 % ont été victimes de comportements LGBTQphobes en stage ou alternance, et 22 % en ont été témoins. Moqueries, injures, mises à l’écart : des micro-agressions bien réelles, souvent banalisées, mais profondément destructrices. Pourtant, ces jeunes ne demandent pas la lune. Juste de pouvoir travailler dans un environnement sain, où leur identité ne sera ni un obstacle, ni un sujet tabou.
Inclusion recherchée, mais rarement trouvée
Dans ce contexte, 75 % des jeunes considèrent l’engagement contre les discriminations comme un critère déterminant dans le choix d’un employeur. Et cela va au-delà des jolies phrases sur les sites carrières. Les jeunes veulent du concret : des sanctions claires en cas de propos déplacés, une égalité de traitement réelle, la reconnaissance du prénom choisi, des formations, des RH sensibilisé·e·s. Bref, un cadre de travail où l’on peut respirer.
Ce n’est pas une utopie, c’est un besoin fondamental. Et ce besoin est partagé : 45 % des jeunes seraient prêt·e·s à parler de ces sujets en entretien d’embauche. Un chiffre qui montre que les nouvelles générations ne veulent plus attendre passivement que le monde change. Ces jeunes veulent en être les acteur·ice·s.
Des attentes claires, une société en mouvement
Et pourtant, malgré les difficultés, l’envie de faire bouger les lignes est bien là. Dans les écoles, dans les bureaux, sur les réseaux : une jeunesse engagée, lucide, combative. Une jeunesse qui sait que les droits ne sont jamais acquis, surtout quand 68 % se disent inquiet·e·s des reculs observés à l’international. Ce climat global pèse, forcément. Il renforce l’urgence d’agir ici, maintenant.
Toutefois, tout n’est pas sombre. Les associations étudiantes, elles, tirent leur épingle du jeu. 77 % sont jugées inclusives par les jeunes, preuve que l’engagement de terrain, quand il est sincère, porte ses fruits. Et c’est peut-être là que réside la clé : dans les alliances, les initiatives locales, la parole libérée, la bienveillance active.
Alors, le monde pro est-il prêt ? Disons qu’il est… en transition. En chantier. Il y a encore trop d’entreprises où l’on se contente de slogans, où la diversité se limite à un post LinkedIn en juin. Il y en a aussi, heureusement, qui prennent le sujet à bras-le-corps, qui écoutent, qui apprennent, qui agissent. L’inclusion ne peut pas attendre. Elle commence dès les bancs de l’école, se renforce dans les couloirs du recrutement, se vit dans les open spaces. Offrir un environnement réellement inclusif, c’est permettre à chaque jeune LGBTQ+ de déployer pleinement ses talents. Et ça, c’est tout sauf accessoire.