Transphobie déguisée ? Ce que révèlent le mégenrage et le deadname

Imaginez : vous êtes au supermarché, chez le·a médecin, ou en réunion de travail. Vous entendez quelqu’un s’adresser à vous en utilisant le mauvais pronom ou votre ancien prénom, celui que vous avez laissé derrière vous, en avançant vers une version plus authentique de vous-même. Ce n’est pas qu’un inconfort personnel : c’est une agression. Pas une gifle visible, mais un coup porté à votre identité de genre. C’est ce que subissent les personnes trans quotidiennement à travers le mégenrage et le deadname. Ce sont des violences transphobes, on vous explique pourquoi.

Mégenrage : une agression bien trop banalisée

Le mégenrage, c’est « l’art » d’utiliser le mauvais pronom ou d’attribuer à quelqu’un un genre qui ne correspond pas à son identité. Ça peut être intentionnel, comme une insulte déguisée, ou non, par ignorance ou maladresse. Mais dans tous les cas, les conséquences sont réelles. Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l’inter-LGBT, le rappelle : « Il s’agit de nier expressément l’identité de quelqu’un ». Ce simple acte peut engendrer des mécanismes d’exclusion, un profond mal-être, et même conduire à des troubles comme la dépression.

Imaginez qu’on vous dise, tous les jours et partout : « Ce que tu es n’a pas de valeur, je refuse de le reconnaître ». Voilà ce que ressent une personne trans face au mégenrage. Ce n’est pas juste une erreur innocente. Il s’inscrit dans un contexte où les personnes trans sont déjà confrontées à des discriminations systématiques, du rejet familial aux violences physiques. Il devient alors une porte ouverte vers d’autres violences, et non des moindres.

Le deadname : un fantôme qui hante

Le deadname, ou « morinom » en français, c’est l’ancien prénom d’une personne trans, celui qu’elle portait avant de transitionner. Le deadnaming, c’est l’acte de l’utiliser, intentionnellement ou non. Et c’est une autre violence transphobe, tout aussi insidieuse que le mégenrage.

Utiliser le deadname d’une personne, c’est raviver un passé souvent douloureux. C’est refuser de voir la personne telle qu’elle est aujourd’hui et de respecter son identité. Imaginez qu’à chaque rendez-vous administratif ou interaction professionnelle, on vous ramène à une période de votre vie où vous n’étiez pas vous-même, où vous étiez en lutte contre votre propre image. C’est exactement ce que ressentent les personnes trans face au deadnaming.

Le deadname, souvent encore présent dans les bases de données, dans les dossiers médicaux ou encore les papiers d’identité, devient un instrument de marginalisation. Chaque fois que quelqu’un le prononce, c’est une micro-agression qui rappelle à la personne concernée qu’elle n’a pas le contrôle total sur sa propre narration.

Des erreurs involontaires, vraiment ?

Certaines personnes pourraient objecter : « Je ne savais pas », « Ce n’est pas volontaire », ou encore « C’est compliqué à retenir ». Certes, tout le monde peut se tromper, mais ce qui compte, c’est l’effort pour éviter ces erreurs et, surtout, la réaction quand elles surviennent. Faire preuve d’humilité, s’excuser, et se corriger immédiatement, c’est la moindre des choses. Spoiler alert : respecter les prénoms et pronoms, c’est comme apprendre le nouveau nom d’un·e ami·e qui vient de se marier. On y arrive très bien quand on veut.

Qualifier le mégenrage et le deadnaming de violences n’est ainsi pas exagéré. Ces pratiques participent d’un système plus large de transphobie. Elles contribuent à isoler les personnes trans, à les invisibiliser, et à les faire sentir comme des intruses dans une société qui ne leur laisse que peu de place. Selon plusieurs études, les personnes transgenres qui subissent du mégenrage ou du deadnaming ont un risque accru de développer des troubles de santé mentale, d’être victimes de harcèlement ou d’abandonner des espaces publics et sociaux pour se protéger.

Alors, comment lutter concrètement contre ces violences ? La clé, c’est l’éducation et l’empathie. Informez-vous sur les questions de genre, demandez les pronoms des gens, respectez les prénoms choisis, et n’hésitez pas à corriger les autres en cas de mégenrage. Chacun·e est en mesure de faire des efforts sincères pour reconnaître l’humanité et la dignité de chacun·e.

Margaux L.
Margaux L.
Je suis une personne aux intérêts variés, écrivant sur divers sujets et passionnée par la décoration, la mode et les séries télévisées. Mon amour pour l'écriture me pousse à explorer différents domaines, qu'il s'agisse de partager mes réflexions personnelles, de donner des conseils en matière de style ou de partager des critiques de mes séries préférées.
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