Vous ignorez souvent les appels ? Les psys ont une théorie (et elle surprend)

Le téléphone sonne et vous voilà dans tous vos états. En entendant ce “dring”, votre cœur tambourine, vos mains deviennent moites et votre corps tout entier se fige. Si vous faites partie de ces personnes qui sursautent dès que ça vibre longtemps dans la poche et qui déclinent chaque appel d’un revers de pouce, ce n’est pas juste un “manque de politesse”.

La téléphonophobie, une peur bien commune

Aujourd’hui, de nombreuses personnes ont le téléphone vissé entre les pouces et les yeux rivés sur les écrans. Si pianoter sur le clavier pour envoyer un message est un exercice bien banal à l’ère numérique, répondre à un appel n’est pas toujours aussi instinctif. Les nouvelles générations préfèrent se conter leur vie à coup de messages vocaux et improviser un podcast à leurs proches plutôt que de le faire en direct, à travers le combiné.

À l’époque des téléphones fixes, cette sonnerie que même les voisins entendaient, se concluait par un “allô”. On dévalait les escaliers de la maison au risque de trébucher pour donner suite à l’appel et papoter avec nos amies. Parfois, on monopolisait la seule ligne du foyer pour débattre sur le dernier épisode de Hannah Montana. On ne prenait pas la peine de chercher dans l’immense annuaire pour percer le mystère de ce numéro inconnu, on décrochait sans réfléchir. Désormais, on trouve mille et une excuses pour justifier notre silence. “Je n’avais pas de réseau”. “J’était en mode avion”. “Je n’ai pas entendu mon téléphone”. Les personnes qui tentent de nous joindre sont sans cesse renvoyées vers notre messagerie, que l’on a d’ailleurs pas mise à jour depuis René la taupe.

Si vous aussi vous ignorez délibérément les appels, sachez que beaucoup d’autres exécutent ce petit stratagème. Selon une enquête menée par le comparateur de prix Uswitch auprès de 2 000 personnes, 25% des jeunes adultes ne décrochent jamais lorsqu’ils reçoivent un appel téléphonique. Le diagnostic est clair : vous souffrez de téléphonophobie, un mal moderne.

Une façon inconsciente de se protéger

La sonnerie du téléphone est un bruit qui suscite désormais autant de panique que la fraise du dentiste, si ce n’est plus. Vous attendez que le numéro disparaisse de votre écran ou vous coupez court à ce vibrato qui vous donne des palpitations et qui vous fait basculer dans l’angoisse. Ignorer un appel n’est pas toujours un signe de désintérêt. C’est plutôt un réflexe de self défense émotionnel surtout à une époque où le téléphone nous suit partout.

Les psys expliquent qu’il peut s’agir d’une forme de protection inconsciente. Un appel arrive sans prévenir et peut être porteur de mauvaises nouvelles, de demandes imprévues ou d’obligations auxquelles on n’est pas prêt à répondre. À la vue d’un numéro masqué, vous imaginez des gens peu scrupuleux essayant de se faire passer pour votre banquier. Quand c’est un proche, vous vous attendez tout de suite au pire et vous retenez votre souffle.

Refuser de décrocher, c’est donc garder à distance ce potentiel inconfort. Le fait de rappeler plus tard ou d’envoyer un message à la place permet de reprendre la main sur la situation, en choisissant le moment et les mots. « Cette mise à distance temporelle est moins fatigante, moins engageante », explique la psychanalyste Elsa Godart dans les colonnes de Madame Figaro.

La volonté de garder le contrôle

Au fond, refuser de décrocher traduit une volonté claire : garder le contrôle. Dans un monde où tout va vite et où les notifications déferlent sur l’écran, les appels sont particulièrement intrusifs et nous mettent dans l’embarras.

Quand on daigne swiper vers la droite, on perd toutes notions linguistiques, on bégaye et on ne parvient pas à aligner deux mots. Même un enfant de 4 ans fait mieux. “Personne n’aime une situation où l’on se sent cueilli à chaud, d’où la nécessité pour certains, d’identifier au préalable l’interlocuteur, l’enjeu de son message, pour réfléchir à la situation donnée et préparer sa réponse”, développe la spécialiste Elsa Godart

Là où les messages laissent le temps de préparer sa réponse, un appel oblige à réagir dans l’instant. Pour les esprits anxieux, ou simplement pour les personnes qui aiment avoir le dernier mot, ça peut sembler insupportable. D’une certaine manière, choisir de ne pas répondre, c’est reconquérir un espace d’autonomie dans une vie saturée de sollicitations.

Un mal propre aux nouvelles générations ?

Si les anciennes générations appellent leurs proches à chaque événement inscrit sur le calendrier papier, les Millenials, eux, se contentent d’un mème bien choisi ou d’un émoji adapté. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple après tout ? Élevés avec les textos, puis les applications de messagerie instantanée, ils privilégient des échanges écrits, rapides et visuels, plutôt qu’une conversation téléphonique jugée trop longue et énergivore.

Ignorer un appel ce n’est pas “se défiler” devant l’inconnu ou fuir ses responsabilités. C’est surtout un acte de bien-être, une façon subtile de dire “stop” quand tout devient trop pesant. C’est faire de vous une priorité absolue. Cependant, le média Psychologie appelle à la modération avec les SMS, qui peuvent, eux aussi, faire du mal à votre santé mentale.

Les psys le confirment : ignorer un appel ne fait pas de vous une personne froide ou distante, mais plutôt quelqu’un qui cherche à gérer ses émotions à son rythme. Après tout, décrocher ou non, c’est aussi une manière de poser ses propres limites.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.

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